Le problème n’est pas seulement français, il touche toute l’Europe. Les dix dernières années les USA ont connu une croissance de la productivité du travail de 22% quand l’Europe se limitait à 5% (la France voit même sa productivité diminuer). La zone Euro dont le PIB dépassait au moment de sa création celui des USA est maintenant loin derrière et l’écart s’accroît d’année en année. La France et l’Europe sont carrément en voie d’arriération technologique face aux USA et à la Chine. L’Europe est quasiment absente des nouvelles technologies et continue de prendre du retard ; la faute à un investissement en recherche et développement bien trop faible qui limite l’innovation et la compétitivité des entreprises, lesquelles misent sur les coûts et les délocalisations. La richesse européenne repose aujourd’hui sur ses succès du siècle passé, de vieilles industries du 20ème siècle comme l’automobile, qui peinent à se renouveler et prennent maintenant du retard face à la concurrence chinoise. Il en va ainsi dans tous les domaines et c’est grave.
On pointe souvent le risque démographique pour l’Europe, mais je crois qu’on minimise trop le grave problème de l’arriération technologique dans laquelle sombre de plus en plus ce continent et qui ne se vaincra pas avec l’entrée d’un surplus d’immigrés. C’est la mentalité même des Européens qui est ici en cause. Trop de gens voient l’état comme la solution (et inversement le responsable) de tous leurs problèmes. Ils méconnaissent le fait que c’est d’eux seuls que peut venir l’innovation et la richesse. D’ailleurs, quand les jeunes Américains pensent à s’enrichir, les Européens s’inquiètent de leur qualité de vie et que leur travail n’empiète pas sur leurs loisirs. Les jeunes Européens ont perdu l’esprit de conquête et d’entreprise de leurs aïeux et finissent par percevoir la richesse comme une ressource naturelle dont il faudrait simplement faire le partage équitable. Dans un tel milieu si peu propice à l’épanouissement de ceux qui rêvent de succès, dans un monde ou les investisseurs pour les projets innovants sont rares et frileux, il est normal que les quelques jeunes Européens qui échappent à cette décadence morale se dirigent tous les USA, participant ainsi à accroître le déclin de l’Europe. Une plante a besoin d’un terreau fertile pour pousser et l’Europe devient d’année en année plus aride à l’innovation.