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laurent m 24 juin 2007 15:37

Le problème avec vous Stradivarius, c’est que vous esquivez les points précis abordés par les intervenants. Pour revenir toujours sur les mêmes commodités adoptées par les antis. On vous cite des faits en les appuyant par des exemples rapportés par la presse ou des auteurs ayant un minimum de crédit et vous nous reprochez de ne pas penser par nous-même.

« Ranger A Hitler à côté de Rousseau et Montaigne est un peu gonflé , mais ont-ils seulement lu ou compris les œuvres des lumières pour faire ce curieux mélange ? Je ne crois pas ... » Dans cette phrase, ce n’est pas sa structure qui m’embête, c’est qu’elle n’a rien à avoir avec ce que j’ai dit. Elle veut dire, je crois, que ceux qui lisent mein kampf lisent aussi Voltaire, etc...

Apparemment vous êtes d’origine arménienne, je comprends mieux votre irritation sur l’entrée de la Turquie dans l’UE. En tant que franco-turc je me sens proche de vous, beaucoup plus que ce que vous ne le pensez (mes parents habitaient à Ferikoy Istanbul, où se trouve beaucoup d’arméniens turcs et des églises, la moitié de nos voisins étaient de culture arménienne), avec l’avantage de comprendre cette langue et donc d’être plus à même de comprendre ce pays. Mais en même temps, de ressentir les mêmes types d’irritations que vous quand j’entends des choses injustes sur ce peuple. D’ailleurs, je n’ai pas parlé du génocide arménien, c’est vous qui l’avez évoqué.

On essaye de vous montrer des aspects de la société turque qui vont dans le bon sens des valeurs défendues par les européens, vous les ignorez. Ma position sur les évènements de 1915 n’est pas du tout arrêtée, je reste fidèle au scepticisme de Montaigne tout en essayant de garder les idées claires. J’ai tendance à croire plutôt le reste du monde que la position officielle turque, faute de plus d’éléments. Mais je suis irrité par les dérives verbales et idéologiques adoptés par certains assesseurs de la cause arménienne qui occultent et refusent de voir certains éléments de la réalité turque d’aujourd’hui. Sans parler de mon irritation quand j’entends certains turcs parler du terrorisme intellectuel arménien. Heureusement, il y a dans la communauté arménienne mondiale des esprits éclairés qui arrivent à sortir du carcan idéologique de ceux qui adoptent une position de haine, au mépris de toutes raisons. Cette affaire est une question générationnelle, et je ne m’étonnerais pas d’entendre un jour le gouvernement turc faire des excuses et reconnaitre ces faits historiques et d’assister à des joutes verbales entre les anciens, soutenant la position actuelle et les jeunes, plus critiques et débarrassés de la couverture idéologique. Il faut laisser le temps aux peuples de digérer leur passé. L’avenir de l’Europe est une question de priorité des aspirations démocratiques.

Ce qui inquiète les décideurs turcs, c’est les demandes des communautés arméniennes en cas de reconnaissance, et là il y a effectivement de quoi s’inquiéter. Car cela va du simple dédommagement financier à l’occupation pure et simple de toute la partie orientale du pays, avec transfert de population. Certains arméniens vont jusqu’à soutenir les islamistes des pays voisins pour essayer d’apporter le chaos sur le territoire turc. Alors qu’en regardant de plus près, il est dans l’intérêt de l’Arménie que la Turquie entre dans l’UE, comme dans celle des populations de culture kurde pour leur émancipation.

La diaspora arménienne est à la tête de file des principaux opposants de la Turquie, et il n’ont pas conscience de nuire aux intérêts de leur propre pays d’origine (qui est aussi la Turquie). Certains arméniens de la diaspora entretiennent cette position de victimisation à l’extrème et refusent même d’entendre la moindre reconnaissance de génocide estimant qu’ils perdraient leur identité, si le gouvernement turc reconnaissait les faits.

Alors qu’un projet commun de paix est possible. Les deux peuples sont capables de s’entendre et même de sceller leur destin ensemble, car ils ont une grande partie de leur histoire en commun. Ouvrons les frontières pour commencer, discutons, échangeons, l’élévation du niveau de vie, l’éducation et le temps joueront pour ces deux frères.

Pourquoi ne pas imaginer une future Turquie avec le retour d’une importante population arménienne vivant en paix, comme dans le passé, où l’évocation du génocide deviendrait un sujet de blagues ou de moqueries plutôt que de status quo, les deux communautés s’étant débarrassées de tout le poids emmotionnel. Une Arménie débarrassées de cette souffrance diluvienne, qui aurait enfin de nouveaux horizons et la fin de l’isolement qui grignote sa population en la menaçant même de disparition ?

Ce scénario est possible pour la Turquie, un élément nous montre que certains verrous idéologiques turcs ne sont pas aussi emprunts de fatalité. Lorsque les chypriotes turcs ont massivement voté pour l’unification de l’île et la création d’un état biculturel, la Turquie a encouragé cette position au grand damne des nationalistes et au risque de perdre le contrôle des richesses de cette « colonie ».


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