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Vilain petit canard Vilain petit canard 19 septembre 2007 16:09

Ah zut post mal placé, je recommence :

@ doc

Ah ben tout s’explique : la première fois que j’ai entendu ces de bizarres, c’était en Franche-Comté ! Mais je te confirme que les Pays de Loire sont gagnés par la fièvre du de.

Wooof, à part ça, depuis le temps que j’entends que l’enseignement du français se dégrade, on devrait ne plus communiquer que par grognements, maintenant... Régulièrement, on intègre des nouvelles tournures, de nouveaux mots, et puis on les abandonne - et on les oublie ! J’adore relire les éditoriaux des journaux des années 70 et 80, c’est édifiant. On se dit « ohlala, c’est vrai ils parlaient comme ça en ce temps, ça fait rétro maintenant »... Eh eh, non : nous parlions comme ça.

D’ailleurs, je me rappelle dans les années, 70, on stigmatisait l’hexagonal, qui est malheureusement devenu la norme du jargon énarquien. C’était l’époque où est survenue la terrifiante locution prépositionnelle « au niveau de », qui peu à peu a remplacé toutes les autres prépositions : de, sur, avec, pour, dans.... Pas seule, la locution, toujours alliée à son vieux copain « ya » (exemple : au niveau du peuple, ya du désaccord).

A la même époque, en Angleterre, où devait certainement sévir un problème comparable, Anthony Burgess avait écrit Orange Mécanique (en anglais), où les personnages parlaient un sabir composé d’anglais et de russe (l’Occident était censé s’être effondré devant la culture soviétéique... eh oui, c’était les années 70). Chose étrange, ce sabir burgessien, je l’ai d’ailleurs retrouvé souvent sous la plume de Demian de l’Ouest, incroyable, non ?

La morale à mon avis, c’est que toute époque a son argot (la France du dessous), ses maniérismes(la France du milieu) et sa langue du pouvoir (la France du dessus). Il y a eu « quelque part » (là où on était interpellés). Et en ce moment, c’est « jeust »... Il y a aussi « ben... voilà, quoi, hèèè... » (bien séparer les mots), qui conclut toute tirade de portée générale, il y a les index et les majeurs (des deux mains, sinon, ça marche pas) brandis devant le visage qui griffent spasmodiquement l’air (pour dire « entre guillemets »), et il y a, depuis peu, les « tabous » (à briser, naturellement). Il y a aussi les épouvantables semi-traductions américaines, relevées plus haut : sanctuaire pour refuge, pas de souci (ou ça va aller) pour tout va bien, supporter quelqu’un (ou une opinion) pour soutenir, conforter pour confirmer, ou renforcer, etc...

Allez, dans vingt ans, on se marrera en disant : « tu te rappelles, quand tout le monde (sauf nous) disait djeust, ahlala ce qu’ils étaient cons, hein... »


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