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Forest Ent Forest Ent 17 octobre 2007 22:01

Une opinion personnelle : le « malaise du travail » est une conséquence directe de la création monétaire. Dit comme ça, ça fait un peu bizarre, mais je vais essayer de m’expliquer.

Entre 1945 et 1970, il y a eu une période de reconstruction. L’enjeu était de produire. Cela valorisait les compétences tournées vers le concret, qui tenaient les rênes.

Entre 1970 et 1990, l’occident a été reconstruit. L’enjeu n’était plus de produire, mais de vendre. On a vu une émergence du commercial, du « lien client », et le marketing a commencé à compter et a renverser les castes techniques. Le but était de prendre des parts de marché aux concurrents.

Depuis 10/15 ans, tout le monde sait produire, tout le monde sait vendre, et il n’y a plus de croissance réelle en occident, parce qu’il vieillit et parce qu’il a beaucoup fabriqué dans les 50 années précédentes. Les Etats-Unis ont trouvé la solution en créant de la monnaie pour relancer la demande, en quantité astronomique.

Cette monnaie étant créée par les établissements financiers, ils se sont naturellement organisés pour en tirer l’essentiel du profit. Qu’en faire ? Ils n’ont pas eu d’autre solution que d’acheter progressivement toutes ces entreprises.

Cela n’a choqué personne à propos de Suez-GDF de constater que BNP et CréditAgricole étaient deux des plus gros actionnaires de Suez ? Comment une banque devient-elle un gros actionnaire d’un de ses clients ? Et surtout comment peut-on trouver au conseil d’administration de Suez les présidents de ces deux banques sans créer un énorme biais dans le système ? C’est pareil pour toutes les autres grosses boites : elles appartiennent à BNP, SocGen, MorganStanley, Fidelity, etc ...

Donc les financiers ont pris le pouvoir, parce que le but des entreprises est devenu de faire de la création monétaire. D’où viennent les profits ? Les ventes viennent de l’endettement croissant des occidentaux et la baisse des coûts d’une fuite en avant vers la mondialisation.

Les financiers dirigent l’économie. D’organe secondaire mais utile, l’ingénierie financière est devenue une tumeur maligne.

Comment un financier voit-il une entreprise ? De l’extérieur. C’est un objet, et pas un univers. C’est un ensemble de chiffres, et pas un ensemble d’êtres humains. Leur monde est irréconciliable avec celui des individus qui ont les doigts dans le réel, qu’ils soient producteurs, vendeurs, ...

Pour un financier, l’être humain est une contrainte éludable. Il est plus simple de sous-traiter en Asie, parce que c’est moins cher, parce que ça externalise le souci de gérer des humains et leurs bizarreries, mais surtout parce qu’au fond la compétence n’est plus la vraie source de richesse.

Il me semble qu’un des principaux symptômes du problème a été une déclaration il y a 6 ou 8 ans du patron d’Alcatel disant qu’il voulait vendre ses usines parce que l’entreprise se porterait au fond bien mieux sans.

La promotion interne n’existe plus. On ne devient pas patron en ayant bien dirigé une usine. On le devient en en ayant vendu et acheté chez Lazard ou Mac Kinsey.

Nous, les salariés du privé, avons maintenant bien compris que nos actionnaires nous tolèrent encore vaguement pour l’instant pour certains, mais n’attendent au fond plus rien de nous. Il y a mieux et moins cher ailleurs.

Ceci n’est pas un post aigri. Ma condition me suffit. Je suis juste un peu inquiet pour mes enfants.


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