Je pense qu’il est très exagéré de dire que le pouvoir de « définition » du Président rendrait impossible une nouvelle cohabitation. On connaît la liberté que prend la pratique de la Vème République avec sa lettre. Si le Président se retrouvait face à une majorité parlementaire hostile, il n’aurait pas d’autre choix que d’accepter un Premier Ministre du camp opposé et sa maîtrise de la politique nationale se verrait réduite à peu de chose.
Je ne vois pas bien pourquoi tant de gens affirment que laisser le Président s’exprimer devant le Parlement serait mauvais pour l’équilibre des pouvoirs (qui n’a pas besoin de ça pour se porter mal). Le Président n’a de toute façon pas besoin de ça pour dominer le Parlement. Nicolas Sarkozy ferait certainement de ces discours de grandes occasions médiatiques, mais il n’y a pas là de quoi grimper aux rideaux. Il est au fond logique que celui qui est - la plupart du temps - le principal inspirateur de la politique nationale puisse en rendre compte devant le Parlement (c’est ce que fait chaque année le Président américain, qui n’exerce pas sur les parlementaires le même contrôle que son homologue français).
L’argument selon lequel détenir un mandat local permettrait aux parlementaires de garder contact avec les réalités quotidienne est régulièrement avancé... par les parlementaires eux-mêmes, pour des raisons d’intérêt personnel bien comprises. Il me semble personnellement que les parlementaires ont les moyens de garder contact avec les citoyens de base sans pour autant être maire de telle ou telle commune. Il me semble aussi que le travail parlementaire est suffisamment important pour qu’on s’y consacre exclusivement. Citons un exemple voyant : comment un député (et qui plus est un président de groupe parlementaire) comme Jean-François Copé pourrait-il exercer convenablement sa fonction alors qu’il est également maire, président de communauté d’agglomération et avocat d’affaires ?
Enfin, comme le souligne Candidat 007, le pouvoir d’initiative populaire est soumis à des conditions telles que son usage sera extrêmement rare. Une telle procédure ne peut aboutir qu’avec le soutien du parti majoritaire (qui n’a aucune raison d’agir ainsi) ou du principal parti d’opposition, lequel ne soutiendra que les propositions proches de ses idées. Il faut de plus mobiliser et recueillir les signatures d’un dixième du corps électoral, ce qui est absolument énorme.