Pompompom, alors, étant moi-même jeune, en école de commerce, et adepte des soirées alcoolisées (4 la semaine dernière mais c’était exceptionnel), je suis généralement assez amusé par ces commentaires de personnes totalement extérieurs, ayant l’air totalement dépassées par un phénomène de société « nouveau » (j’y reviendrais). Comme tout phénomène social, il est avant tout complexe et en peut être expliqué par un seul facteur.
« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », ce que recherche avant tout quelqu’un qui boit, c’est l’ivresse, et franchement, je préfère être bourré en ayant bu deux bières que 10, d’une part parce que ça coute moins cher, d’autre part parce que je tiens à mon foie.
Pourquoi rechercher l’ivresse me direz vous ? Bah c’est quand même bien d’être ivre/bourré non ? On se sent bien, plus de soucis, on est libéré de toutes les pressions qu’on peut avoir... Bref on s’amuse, on profite, et j’aimerais beaucoup voir en soirée toutes ces personnes qui affirment qu’on peut autant s’amuser sans alcool, c’est faux c’est tout, il faut vraiment ne jamais avoir bu ou l’avoir très mal vécu pour sortir des trucs comme ça sans être un hypocrite de première. Le but des bitures-express n’est pas de boire pour boire, il est de boire pour se déshiniber parce qu’on s’amuse bien plus bourré que sobre.
Que ça ne soit pas le cas de tout le monde, pourquoi pas, chacun à ses affects, son histoire, ses appréhensions, ses passions, mais ça marche dans les deux sens il ne faut pas l’oublier.
Bon, finit les généralités, je vais plutot parler de mon cas d’étudiant en école de commerce parce qu’après c’est moi qui suis le mieux placé pour en parler. Il y a un deal tacite pour la plupart des élèves dans ce cursus particulier (où j’englobe école de commerce et école d’ingénieur, lieux les plus « connus » pour leur consommation d’alcool) et qui peut se résumer à ceci :
1)on fait prépa deux ans, on bosse, on en chie, on fait que ça (ou presque), et ça quand on est jeune, on a quand même l’impression de sacrifié deux ans (même si si c’était à refaire je le referais sans hésiter) 2)on arrive en école, on fait la fête pendant 2-3 ans 3)on entre dans le monde du travail, on bosse, on devient des darons
Donc oui, on boit, on fume, (je suis pas au courant de tout mais me semble pas avoir vu passer des drogues dures) on fait des excès, faut bien dire que pour la majorité, nous n’avons accepté de faire prépa qu’en sachant qu’après nous aurions 2-3 années beaucoup plus cools pour profiter. Parce que la fête et les excès, si on les fait pas ici, on les fera quand ? Jusqu’à preuve du contraire, on ne vit qu’une seule fois, autant en profiter, et les soirées étudiantes c’est quand même bien plus amusant qu’un cours de finance de marché ou autre. (et vous noterez que je trouve ça passionant quand même) Et croyez moi qu’au moment de choisir l’école, le critère de l’ambiance et des soirées reste très important pour un étudiant. (devant celui du classement même parfois).
Alors tous alcooliques ? Je ne suis pas sur qu’il y ait une réelle dépendance, les étudiants ne boivent qu’en soirée, le problème en école, c’est qu’il y a des soirées un peu tout le temps :) mais il suffit que nous partions pour de longues périodes de stage et nous arretons complétement de consommer de l’alcool sans avoir aucun manque. Nous sommes conscients des problèmes et des risques, comme je disais plus haut, le but est d’être ivre/bourré parce que c’est amusant (comptez combien de fois j’ai écris le mot amusant, ça prouve bien qu’on en a besoin de s’amuser:p), le but n’est pas du tout de finir par terre ou en coma éthylique, ça c’est pour des cons qui n’arrivent pas à gérer leur consommation. (et ça c’est justement pas dans les écoles où les soirées sont encadrées que ça arrive le plus souvent)
Nous savons de même très bien qu’une fois arrivés sur le marché du travail, nous arreterons completement ce genre de comportement qui sont totalement incompatibles avec les postes que nous allons avoir.
Ce qui est amusant, pour avoir parlé avec pas mal d’anciens de l’école, c’est que ceci n’a rien de nouveau, au temps de nos parents c’était déjà la même chose, il a 10-15 ans c’était peut-être même pire qu’aujourd’hui, sauf qu’à la différence d’aujourd’hui personne n’en parlait. Les écoles ont toujours été des lieux où l’alcool coule à flot (un open bar par semaine à HEC). En gros, si nous ommes alcooliques, ça fait bien longtemps qu’une grande partie des dirigeants politiques, managers, pdg français le sont aussi parce qu’une grande partie d’entre eux est passé par ce système.
Puis avec un peu de recul, la génération de nos parents c’est quoi ? C’est mai 68, les hippies, bref au final on est bien gentils et bien sages à coté d’eux, on fait chier personne, on s’intègre au système avec bonheur, alors laissez nous vivre pleinement notre jeunesse étudiante.
Ceci simplement pour illustrer ce que je vais dire (un peu plus succintement maintenant). C’est qu’il est vain de vouloir amalgmer ce phénomène de société à un ensemble « les jeunes » qui n’existent pas vraiment. Je suis désolé mais comparez des étudiants d’école de commerce, majeur, au courant des risques (souvent plus que vous d’ailleurs), instruits, à des jeunes de lycée voir de collège me parait totalement injustifié.
L’année dernière est passé un reportage dans Envoyé Spécial : biture-express, où les soirées étudiantes ont fait beaucoup parler.
Pourtant dans ce reportage, on voit aussi des jeunes de 12 à 15 ans qui se mettent des mines tous les week-ends dans un local que leur prete la mairie. Et je tiens à dire que ça c’est autrement plus grave !! Parce que ces jeunes là, eux ils ont un vrai risque de dépendance, eux ils ne savent pas à quoi ils se risquent, ce qu’ils font et ça c’est choquant.
En faisant un sujet global de l’alcool chez les jeunes on finit par oublier ce qu’il y a de plus important, c’est que le vrai phénomène dangereux qui se passe, c’est la consommation d’alcool qui se développe chez les adolescents (qu’on peut opposer à nous, adulescents). Et c’est autrement plus grave, eux ils ne boivent pas dans des bars, des boites, des soirées organisées, ils boivent sans controle, des boissons pourtant interdites à la vente pour mineur.
C’est vers chez jeunes, paumés, qui trouvent dans l’alcool un moyen d’oublier, qu’il faut se tourner, d’une part en controlant cette consommation (je suis désolé mais ça reste quand même anormal la facilité pour un mineur de se procurer de l’alcool), et d’autre part en agissant sur les causes de ce refuge dans l’alcool. Et là c’est un problème autrement plus complexe où les parents sont supposés avoir le role central.
Ce que j’aimerais, c’est qu’on arrete enfin de parler de l’alcool chez les étudiants d’école ou de facs, et qu’on se concentre sur la consommation d’alcool chez les ado, c’est là que se situe le risque. Et ça c’est un sujet que je maitrise beaucoup moins parce que ça ne concerne plus ma génération.
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