Ayant, comme très nombreux d’entre nous, effectué mes obligations militaires je dois mettre en parallèle mon point de vu de l’époque avec ma vision d’aujourd’hui.
Evidemment cette période je l’ai vécue comme une perte de temps et j’ai été confronté à ce que je pensais être le plus bas niveau de connerie humaine (ce, de la part des militaires mais aussi de la part de certains appellés, il faut être juste). Le tout accompagné de l’absence de liberté et de la privation d’intimité.
Quand j’enrageais mon père disait : "nous sommes tous passés par là et l’on en meurt pas".
Il n’avait pas tort.
De cette expérience, plus ou moins désagréable fut-elle pour chacun d’entre nous, me reste certains éléments positifs.
Un apprentissage vrai de la communauté. C’est à dire vivre avec des individus que vous n’avez pas choisis. Cet état de fait oblige chacun à transiger, concéder, mettre de côté la part la plus égoïste de lui même et s’accomoder des différences propres à l’autre. Pas de prosélytisme, pas de communautarisme.
La mise en application du principe d’égalité, pratiquée par le bas : un même uniforme, une même discipline, de mêmes repas, de mêmes heures de sommeil (ou de non sommeil), de mêmes vexations (il y en a), les mêmes frustrations.
Cette expérience partagée, autant par des jeunes d’une même génération que par les générations entre elles, créé un ciment, une unité et une unicité non pas individuelle mais collective et génère ou renforce (si ce sentiment existait déjà) le sentiment d’appartenance : je suis Français et citoyen.
Quoi que d’aucuns en pensent ce sont les valeurs acquises lors de telle expériences de vie qui forgent une société. Combien de fois avez vous entendus ces derniers mois les mots "Nation" et "Citoyens" ? La Nation n’est pas une entité administrative. C’est l’ensemble d’un peuple avec une vision, des valeurs morales et des objectifs communs. Les citoyens en sont la force vive, les politiques n’en sont que leurs représentants.
La forme d’un service obligatoire reste évidemment à moderniser (durée, contraintes géographiques, instruction civique) mais l’institution militaire me semble être la seule capable d’offrir les moyens de le mettre en oeuvre, sans en oublier le formidable (cela à déjà été souligné) aspect statistique (population, niveau scolaire général).
Tant que j’y suis je serai assez pour le retour des blouses dans les écoles ...