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beubeuh 7 février 2008 13:04

Le postulat de cet article est la distinction entre structures "nationales" et "supranationales"... Or à la base, cette distinction est purement contemporaine, et interdit toute comparaison historique avec l’empire de Charlemagne. Pour la bonne raison qu’à l’époque de Charlemagne les nations n’existaient pas ! D’ailleurs vous faites beaucoup de raccourcis dans votre explication historique. Dire que l’histoire de France et l’histoire de l’Empire se séparent après Verdun est faux, tout simplement parce que dans les sources de l’époque, la France n’existe pas ! On parle simplement de regnum francorum (le royaume des francs), quand à l’entité géographique, elle est désignée sous l’ancien nom : la Gaule. On y parle 2 grandes familles de langues, la langue d’oc, au sud et la langue d’oïl, au nord. La langue administrative, celle de l’élite, est le latin. D’autres langues comme le celte et le basque sont très vivaces et ne connaîtront de véritable déclin que sous...la IIIe République, qui impose à tous l’école obligatoire en Français. L’Etat Carolingien connaît ensuite un lent morcellement, dû en partie à l’incapacité des successeurs de Charlemagne à maintenir une gestion centralisée. Le roi des Francs, pour administrer son Empire s’était notamment appuyé sur la noblesse militaire, à qui il confait la gestion des territoires. Celle-ci en ressortit plus puissante et échappa en partie à l’autorité des successeurs de l’Empereur. Le morcellement de l’Etat Carolingien prendra 2 siècles et laissera place au système féodal, qui n’a rien à voir avec la nation. Quand au frontières que vous évoquez, elles sont toutes théoriques et ne correspondent pas à la notion de frontière de l’époque. En 987,Hugues Capet règne sur un territoire équivalent grosso modo à l’île de France actuelle, ainsi que la région d’Orléans (les deux parties ne communiquent pas entre elles). Loin de l’Escaut ou du Rhône...

D’une manière générale, "la France" est restée pendant des siècles un concept sur lequel ne dissertaient que quelques moines cultivés. Ceux qui portaient le titre de roi commencèrent ensuite à en saisir l’intérêt et à utiliser le concept pour assoir leur légitimité, particulièrement à partir de Louis VI le Gros et surtout Philippe II, dit "Auguste". Le commun du peuple, lui, n’a commencé à avoir conscience de faire partie du Royaume de France qu’à la fin de la guerre de 100 ans, soit 7 siècles après Charlemagne. Quand au français, il est devenu la langue officielle du pays en 1539 (Ordonnance de villers-Cotterêts).

La nation au sens moderne n’a guère plus de 250 ans d’existence, peut-être même moins (la définition "française" en sera donnée par Renan en 1882), et sa structure est en elle-même fragile. Rien ne prouve que les Nations soient plus solides que les structures que vous appelez "supranationales". Avancer comme argument que l’hétérogénéité linguistique de l’Europe causera sa perte, par exemple, fait fi du fait que des pays comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce...ne sont toujours pas unifiés linguistiquement. Sans parler des Etats-Unis, ou l’Espagnol devient une quasi deuxième langue officielle, ou l’Inde ou la Chine, qui comptent une infinie variété de langues ou dialectes

Enfin, vous dîtes que la France est la 5e puissance économique du monde, elle aurait donc la capacité à s’affranchir de l’Europe. A cela, il est facile de répondre : sans l’Europe, la France ne serait jamais au niveau ou elle est actuellement !

1) Sans l’Europe, plus d’agriculture en France. Celle-ci survit grâce à la PAC. La libéralisation du marché agricole date de Napoléon III.

2) Si on revient au Franc, celui-ci ne vaudrait plus rien, dévoré par une inflation galopante. L’Euro, adossé à la puissance du mark, a été fondé sur des bases bien plus stables.

3) Au niveau industriel, l’Europe c’est aussi Airbus, c’est à dire une des industries qui marche le mieux en France. C’est aussi le TGV vendu à l’Espagne et à l’Italie, qui se sont développées économiquement grâce aux fonds structurels Européens. C’est le secteur automobile français qui peut s’exporter sans frein partout en Europe.

4) Sans l’Europe, plus de recherche en France, une fuite des cerveaux encore pire que celle que nous connaissons (le Programme-Cadre pour la recherche est un énorme succès dont on ne parle jamais).

Alors soyons sérieux, je ne dit pas que tout est formidable en Europe, loin de là, mais il faut faire la part des choses.


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