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Alexeï 21 mars 2008 23:37

Psychiatriser l’opposant : un moyen efficace de combat.

Durant la colonisation, les autorités avaient recours au système des protectorats intérieurs, quitte à se débarasser des « protégés » lorsqu’ils devenaient encombrants. Pour appuyer sa décision de déposer un sultan tchadien en 1911, le lieutenant-colonel Largeau qui commande le territoire a besoin du talent du médecin-chef

<< Quelles peuvent être au point de vue psychique les conséquences de cet état morbide ? Je ne puis répondre d’une façon précise à cette question. Les réactions mentales sont variables selon les individus et les individus selon les races ou les civilisations. Le mode de société au Ouadaï (région frontalière du Darfour), le caractère du sultan en ce qu’il a de préacquis par atavisme, la notion du bien et du mal en ce milieu ne paraissent point correspondre à notre conception morale. D’autre part, je fais mon examen à travers un interprète bambara qui parle peut-être l’arabe mais fort mal le français. Que deviennent mes demandes ou les réponses du sultan traduites par le brave et honnête tirailleur qui me sert d’interprète et qui met tout son zéle à faire comprendre...ce que lui a compris. Enfin, mon examen ne portant que sur quelques jours, est beaucoup trop rapide pour me permettre de formuler des conclusions sur un point aussi difficile à étudier que l’esprit d’un homme. Mais, en général, les affections chroniques intestinales dans les races que nous connaissons ont une action déprimante sur la volonté, donnent fréquemment lieu à de la tristesse habituelle, elles conduisent à de la neurasthénie : certains vont jusqu’au suicide, tous les malades sont des inconstants, des capricieux, autoritaires immédiatement beaucoup plus que volontaires prolongés. Les affections cardiaques de leur côté déterminent fréquemment des troubles de l’émotivité : passions plus violentes ou continues, chagrins ou joies sans proportion avec les causes qui les ont provoquées. Le sultan, par son faciès et son crâne très différent de ceux de sa race, semble devoir être classé, au moins au point de vue physique, dans l’anormal. (...). Il est vraisemblable qu’à anomalie faciale et cranienne doit correspondre anomalie psychique.

Rapport sur l’état de santé du sultan Acyl par le médecin-major de 2ème classe Faucheraud, Abéché, le 16 décembre 1911, Centre des Archives d’Outre-Mer, Aix-en-Provence, A.E.F., 5D30.


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