L’auteur réfléchit un peu plus que ceux qui se bornent à brailler pour protester contre l’économie de marché, le libéralisme, etc. et à insulter ceux qui ne se joignent pas à leurs vociférations.
Toutefois, il « saute » une étape importante au début de son raisonnement ; identifier le « on » de « déterminer ce que l’on considère comme souhaitable pour une société ». Son invocation de Amartya Sen souhaitant maximiser les libertés positives des individus est heureuse. La conclusion de sa première étape de raisonnement est pertinente et semble identifier le « on » : « toute politique devrait avant tout se préoccuper de réunir les conditions nécessaires à l’augmentation de la liberté du plus grand nombre … » sauf à remplacer « le plus grand nombre » par « tous ».
Puis le voilà verser dans l’ornière de la répartition et des inégalités. Il n’y a plus de véritable raisonnement, seulement l’affirmation qu’elles sont néfastes pour l’économie, sans établir si elles vont croissantes. Il ne recherche pas si combler d’autorité les inégalités ne serait pas encore plus néfaste pour l’économie.
Et de là, il fait le constat de maux qui accablent le pays. Implicitement, il les dit causés par le marché, par le jeu de l’exercice par les individus de leur liberté. Il omet de démêler la responsabilité de ces actions individuelles et de celles venues polluer le fonctionnement normal de l’économie. Il ne voit pas que l’économie de marché n’est plus qu’un mirage. Il se précipite sur le remède, accroître la soumission de l’économie à « la politique ».
A l’aboutissement de son cheminement intellectuel, comment ne pas relever sa contradiction entre le souhait avalisé par lui de maximiser les libertés positives de l’individu, et celui de l’action publique (c’est-à-dire celle de qui ?) visant à combler les inégalités résultant de l’exercice de ces libertés, au lieu de se borner à préserver la liberté et la possibilité pour les individus de déterminer eux-mêmes leur sort.