Ce long article aborde deux éléments distincts : le contenu de la dernière réunion du MoDem, et sa couverture médiatique, que je commenterai successivement.
Sur le fond, cette réunion apport effectivement des informations intéressantes sur la réalité de la représentation politique du MoDem à la suite des élections locales de mars dernier. Le chiffre de 2200 élus est intéressant, de même que la couverture géographique élargie. Cela résulte directement de la stratégie de ce parti : en présentant des listes dans de très nombreuses villes, et en passant des accords aussi bien avec la droite qu’avec la gauche modérée, le MoDem s’est implanté dans un nombre supérieur de communes que s’il avait conservé une stratégie classique d’alliance à droite. Le nombre de 300 maires est en revanche sans doute en diminution par rapport à celui de l’UDF précédente, même s’il n’est pas négligeable. Mais il reflète la difficulté de l’emporter seul dans un scrutin majoritaire. Néanmoins, ces résultats démontrent que ce parti demeure assez bien implanté, et dispose d’un réservoir d’élus important qui pourront contribuer à la diffusion de son message politique lors des futures élections.
D’après mes informations, il semble que ce parti ait enfin commencé à se structurer, ce qui était une condition nécessaire à sa survie. Nous verrons dans les prochaines semaines si cette structuration se poursuit et mène vers une organisation efficace, à la fois pour l’élaboration de son projet et pour la diffusion de son message politique.
Plus important, il semble que la leçon des élections municipales et du flou qui a présidé entre les deux tours sur ses alliances ait été retenue. Il est donc probable qu’une stratégie homogène soit élaborée pour le second tour des élections régionales (si le mode de scrutin n’est pas modifié, comme le souhaite l’UMP), ce qui ne pourra que contribuer à la crédibilité de ce parti. On retiendra aussi du discours de François Bayrou la volonté de présenter aux électeurs un projet nouveau sur l’Europe pour les élections européennes, élément essentiel pour obtenir un bon score dans un contexte où l’euroscepticisme a progressé.
En ce qui concerne la couverture médiatique, les éléments que l’auteur rapporte ne sont guère étonnants. J’avais rapporté sur Agoravox des éléments objectifs de la couverture médiatique (radio, presse écrite, télévision, internet) des différents partis politiques, fin 2007-début 2008, qui indiquaient un déséquilibre important en faveur du gouvernement et de la présidence de la république, et une forte sous-représentation du MoDem et du FN par rapport à leur poids électoral. Quant à la façon dont le MoDem est traité par les journalistes, les invités d’une récente émission sur la chaine public-sénat avaient largement confirmés le traitement très négatif de la quasi-totalité de la presse française vis-à-vis du MoDem et de son président. Ce traitement peut bien entendu avoir des conséquences positives pour François Bayrou, en le victimisant, mais il n’en demeure pas moins surprenant et injustifié. Reste que la communauté proche du MoDem est sans doute la plus internet-compatible, et que les informations sur ce parti circulent sans doute de façon plus souterraine et contribuent à la popularité toujours étonnante de son leader.
Pour conclure, ce meeting a permis de montrer que, loin d’avoir disparu après les élections de mars dernier, le Mouvement Démocrate semble avoir passé un cap difficile et dispose des éléments nécessaire pour rebondir. Reste à savoir ce que ses leaders feront de ces atouts dans un environnement politique très favorable (avec l’impopularité du président et la confusion au sein du PS).