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W.Best fonzibrain 23 novembre 2008 19:05

La crise mondiale des CDO synthétiques samedi 22 novembre 2008 Business Spectator, le blog australien de référence en matière de finances, vient de poster un article détonant à propos des CDO synthétiques. Au point qu’on en offre ci-dessous l’intégralité, traduction par nous-mêmes. Source : [Business Spectator : Alan Kohler : "A tsunami of hope or terror ?"] http://www.businessspectator.com.au/bs.nsf/Article/A-tsunami-of-hope-or-terror-LHRJP?OpenDocument&src=sph Note : pour en savoir plus sur les CDO et les CDS, notre article pédagogique [La Crise pour les Nuls : "Adieu Ambac, bonjour la crise !"] http://lacrisepourlesnuls.blogspot.com/2008/07/ambac-disparat-le-monde-retient-son.html "A présent que la récession s’étend au monde entier, les CDO synthétiques sont à deux doigt d’un cataclysme qui pourrait en fait sauver le système financier mondial. C’est vraiment très ironique : les banques du monde entier pourraient finalement se retrouver sauvées non pas par les gouvernements, mais bien par la bombe à retardement des CDO qu’elles ont mise à feu, durant le boom du crédit, en usant de procédés pour le moins spécieux. Ou alors, l’irruption de défauts de paiement, sur les CDO d’une valeur de milliers de milliards de dollars, qui ont été vendus avant 2007, pourrait entraîner un désastre capable de faire basculer l’économie mondiale de la récession dans la dépression. Personne n’en sait rien. Mais l’événement ne risque pas de passer inaperçu. Un CDO synthétique est un CDO (’Collaterized Debt Obligation’) qui est basé sur des CDS (’Credit Default Swaps’) plutôt que sur des actifs liés à de réelles créances. Les CDO, ou obligations garanties par des créances multiples, ont été inventés à la fin des années 80 par Drexel Burnham Lambert de chez Michael Milken, comme moyen de conditionner des titres liés à des créances bénéficiant de la même notation [ndt : notation des agences comme Moody’s et Fitch : AAA, AA, etc.], de telle sorte que les investisseurs puissent se concentrer uniquement sur cette notation et plus sur la solvabilité de l’émetteur du CDO. [ndt : on suppose que le risque réparti sur 100 créances de même notation équivaut au risque défini par cette notation, puisque le risque lié à l’émetteur est globalement effacé par la provenance éparse des créances d’origines multiples] Environs dix ans après, une équipe employée chez JP Morgan Chase inventa les Credit Default Swaps (CDS), qui sont des paris pris entre deux parties sous forme d’un contrat, et portant sur la possibilité de défauts de paiement de la part d’une partie tierce. En 2000 on rendit les CDS légaux, et on les préserva en même temps de toute forme de régulation, par le biais du Commodity Futures Modernization Act, qui spécifie que les produits offerts par les institutions bancaires ne peuvent pas être soumis aux règles qui s’appliquent par ailleurs aux contrats d’options. [ndt : contrat d’options, au sens de ’stock-options’, options sur actions en bourse] Cette ordonnance, soit dit en passant, faisait quelques 11.000 pages de long, n’a jamais été débattue au Congrès, et a été signée par le Président Clinton une semaine après avoir été promulguée. Elle est à la racine de l’incapacité des Etats-Unis à réguler les dérivés du crédit qui aujourd’hui menancent l’économie mondiale. Quoi qu’il en soit, continuant sur cette lancée, quelque temps après, dans l’une des grandes banques d’investissements, un esprit éclairé et méconnu avança l’idée d’accoupler CDS et CDO pour créer le CDO synthétique. Voici comment ça marche : une banque crée, aux îles Cayman ou ailleurs, une société écran avec 2$ de capital et des actionnaires en dehors de la banque. Ces actionnaires sont en général l’une ou l’autre des sociétés de bienfaisance auxquelle la banque verse habituellement un peu de cash, et quand un banquier dans son beau costume se présente et leur offre de l’argent pour signer l’un ou l’autre document, elles s’éxécutent. Dès lors, la société ainsi créée, appelée pour la circonstance ’Special Purpose Vehicle’ (SPV), est ’déniable’, on peut dire ’on n’a rien à voir là-dedans’ - un concept que les banques auraient tout aussi bien pu trouver en regardant "Le Parrain". La banque crée alors entre elle et le SPV un CDS [ndt : portant sur la dette d’une partie tierce]. En général les CDS référencent une seule partie tierce, mais le principe des CDO synthétiques, c’est qu’ils référencent au moins 100 sociétés différentes. Les contrats CDS avec les SPV peuvent aller de 500 milllions à 1 milliard de dollars, ou parfois plus. Ils ont une grande gamme de variantes et de subtilités, mais en général, ca se passe comme ceci : en cas de défauts de paiement de la part de sept des 100 parties référencées, le SPV doit payer à la banque un tiers du montant du contrat ; si huit parties sont en défaut, c’est deux tiers ; et si neuf font défaut, le montant entier doit être remboursé. En échange de cela, la banque accepte de payer au SPV 1 ou 2 pour cent par an du montant total du contrat. Enfin, le SPV est trimballé chez Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch’s, et les agences de notation le saupoudrent de leur perlimpinpin AAA, les transformant de citrouille en carosse. Les vendeurs de la banque se mettent alors en route pour vendre aux investisseurs [des CDO émis par] le SPV. C’est présenté comme un produit de la banque, et les équipes de vente déclarent que la banque est à fond derrière, mais bien sûr il y a juste une boîte aux îles Cayman avec juste une ou deux sociétés de bienfaisance comme actionnaires. Le SPV offre des produits d’excellente notation et de risque minime, à intérêts fixes, avec une prime de un ou deux pour cent. Ceux des investisseurs qui se mettent en peine de lire les paragraphes en petits caractères découvrent qu’ils perdront en partie ou en totalité leur argent si au moins sept, huit ou neuf noms font faillite, sur une longue liste de sociétés multinationales apparemment en excellente santé. Les sociétés sur la liste ne pouvaient pas faire faillite, cétait impensable. Voici quelques-unes des sociétés qui se trouvent sur toutes les listes de référence des CDO synthétiques : les trois banques Islandaises, Lehman Brothers, Bear Stearns, Freddie Mac, Fannie Mae, American Insurance Group (AIG), Ambac, MBIA, Countrywide Financial, Countrywide Home Loans, PMI, General Motors, Ford et une jolie tripotée de constructeurs immobiliers US. En d’autres mots, les banquiers qui ont créé les CDO synthétiques savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Ce n’étaient pas uniquement des produits d’investissement créés ex nihilo et conçus pour donner à leurs forces de vente de quoi se faire des commissions - quoique, effectivement, ça l’était également. Les CDO synthétiques ont été conçus par les banques pour se protéger contre les sociétés les plus endettées du monde. Et, évidemment, les banques savaient mieux que quiconque qui étaient ces sociétés. Chaque banque, tandis qu’elle prêtait de l’argent à tour de bras à ces mêmes sociétés par devant, vendait par derrière à tour de bras des contrats d’assurance contre leur risque de défaut de paiement, à des investisseurs confiants qui en fait jouaient un peu le rôle des “Lloyds Names” – ces plus ou moins 1500 personnes qui soutiennent le géant londonien de la réassurance. Excepté que dans ce cas-ci très peu de "noms" savaient ce qu’ils achetaient. Et personne n’a la moindre idée de combien ont été vendus, ni pour quel montant. On sait que quelque deux milliards de dollars ont été vendus aux oeuvres de bienfaisance et aux administrations municipales en Australie, mais c’est juste la pointe de l’iceberg dans notre pays. Et l’Australie, bien sûr, est la plus petite des pointe de l’iceberg global des CDO synthétiques. Le total sans aucun doute se chiffre en milliers de milliards de dollars. Toutes les banques [d’investissements] ont trempé dans la combine, pas juste Lehman Brothers, qui avait la plus grande part de marché, et beaucoup d’entre elles ont également investi dans ces produits (un peu comme un chien qui mange son propre vomi). C’est là que ça devient très intéressant. Les défauts de paiement sont bel et bien survenus dans les trois banques islandaises, tout comme chez Countrywide, Lehman and Bear Stearns. AIG a été reprise par le gouvernement US, ce qui est considéré comme un défaut partiel, et Freddie Mac et Fannie Mae sont sous “conservatorship”, ce qui constitue aussi un défaut partiel – un ’défaut partiel’ ne comptant pas autant qu’un ’défaut complet’ dans le calcul des neuf qui déclencheraient le remboursement des CDS. Ambac, MBIA, PMI, General Motors, Ford et un grand nombre de constructeurs immobilier US sont en train de vaciller. Si la liste des défauts - partiels et complets - arrive à neuf, alors on assistera à un transfert massif d’argent vers le système financier, de la part d’investisseurs du monde entier, qui ne s’attendent à rien. Combien ? Personne n’en sait rien, mais c’est beaucoup de milliers de milliards de dollars. Ce sera la plus colossale libération de capital de l’histoire, en une seule levée, et non-révocable. En fait, on peut parler de souscription obligatoire. La détresse de ceux qui perdront leur argent sera immense. Ca sera une perte réelle, pas une perte théorique sur papier. Le cash sera transféré depuis leurs comptes en banque vers celui de la banque émettrice, via ces ’Special Purpose Vehicles’ des îles Cayman. Les répercussions sur les perdants et sur les économies où ils prospèraient, sont imprévisibles, mais seront dans tous les cas énormes. Les taux d’intérêts et les taxes vont devoir augmenter. Les sociétés de bienfaisance vont aller dans le mur et seront incapables d’aider ceux qui en ont besoin. Les particuliers qui ont investi auront tout perdu. Ce sera aussi un tsunami de poursuites légales, quand les investisseurs sidérés essaieront de récupérer leur argent, clamant qu’ils ont été manipulés par ceux qui leur ont vendu ces produits. En Australie, certaines municipalités poursuivent déjà feu Lehman Brothers, et le bailleur de fonds pour les poursuites, IMF Australia, a étudié les CDOs synthétiques pendant 9 mois en prévision de l’ouragan. Mais pour les banques, c’est le retour des beaux jours. Tout d’un coup, quand la neuvième institution de référence basculera, elles seront inondées de capital. Il est possible qu’elles aient des capitaux frais à ne savoir qu’en faire. Tout ceci ne connaît aucun précédent, de telle sorte qu’il est impossible de savoir ce qui arrivera. Mais il est possible que la crise du crédit prenne soudainement fin de manière définitive, comme une tornade qui s’évanouit d’un coup, abandonnant dans un silence de mort le monde dévasté par son passage." Ouf ! voilà le tout. Merci Alan Kohler ! C’est du joli... Question pour les plus aguerris de nos lecteurs : quel rapport avec les manoeuvres récentes de Yves Leterme, Dexia, Fortis, Henry Paulson, Barack Obama, Citibank, General Motors, RBS ? A vous les commentaires... . Publié par Michelange Baudoux à l’adresse 11:54 PM http://lacrisepourlesnuls.blogspot.com/ De : Michelange Baudoux dimanche 23 novembre 2008


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