Celui qui oublie son passé est condamné à le répéter...
Il y a une logique et un plan ancien qui continue son oeuvre , au gré des circonstances et des rapports de force
"...Si on veut comprendre quelque chose, il faut rechercher les causes. Formellement, la cause immédiate de l’opération en cours est la reprise des tirs de roquette lancés par le Hamas sur les villes israéliennes proches. Longtemps financé par l’Arabie Saoudite, propulsé par la diplomatie et les services secrets israéliens pour lutter contre le Fatah et l’OLP laïque, le Hamas (sunnite) a échappé à ceux qui pensaient le manipuler et s’est allié au Hezbollah (chiite) et conserve un contrôle serré sur la bande de Gaza en dépit de la faible résistance du Fatah.
Mais à son tour l’évolution du Hamas et ses succès dans les territoires occupés découlent de ce qu’il est convenu d’appeler « échec du processus de paix ». En vérité, il n’y aucun échec du processus de paix. Ce « processus » mis en route sous autorité américaine vise à disloquer la résistance palestinienne (unie jadis dans l’OLP) et y pas plutôt réussi : « l’autorité palestinienne » de Ramallah devenue un représentant fantoche des puissances occidentales est minée par la corruption. Dans le même temps, la colonisation israélienne n’a aucun répit. Le soi-disant processus de paix ressemble à s’y méprendre à la stratégie des colons blancs face à aux Indiens en Amérique du Nord : les traités avec les nations indiennes ne servaient qu’à organiser la division, gagner un peu de temps avant la prochaine violation des traités, pour finalement réduire les survivants des peuples indigènes dans des réserves aussi inhospitalières que possible. Le but du « processus de paix » n’est rien d’autre que la colonisation complète de toute la Palestine et l’enfermement des Palestiniens dans des « bantoustans » selon les méthodes de l’Afrique du Sud raciste du temps de l’apartheid (*), ce territoire « léopard » soumis à l’auto-administration d’une autorité palestinienne bidon chargée surtout de servir de gardiens aux ilotes dont l’économie israélienne pourrait avoir besoin.
Cette situation elle-même n’est pas tombée du ciel. Elle découle directement de la colonisation sioniste en Palestine et de la proclamation de l’État d’Israël en 1948. Les Occidentaux ont pu se dédouaner à bas prix des crimes commis contre les Juifs en payant leur dette sur le dos des Arabes. Le mensonge inventé par la propagande sioniste (la Palestine : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ») s’est vite heurté à la réalité et la création de l’État juif s’est faite par le massacre des populations civiles (par exemple le massacre de Deir Yassin perpétré par l’Irgoun de l’ancien premier ministre Menahem Begin) et la déportation en masse – ce qu’on n’appelait pas encore « épuration ethnique » nécessaire pour confisquer les terres et les biens des Palestiniens. Bref, une guerre de conquête coloniale typique, dont la nouvelle génération d’historiens israéliens commence à révéler la réalité.
Parce que les Palestiniens sont d’abord les victimes d’une injustice terrible, il n’y aura pas de paix juste et durable sans la reconnaissance de cette injustice fondamentale, c’est-à-dire sans que soit reconnu le droit au retour pour tous les Palestiniens chassés de chez eux et qui continuent de vivre dans des camps, notamment au Liban.
Sur cette base, rêvons une minute, pourrait être construit un nouvel État laïque et démocratique qui traite sur un pied d’égalité citoyens israéliens et citoyens arabes palestiniens, musulmans, chrétiens, juifs et mécréants ! Cette solution, seule conforme aux idées révolutionnaires de 1789 et aux diverses déclarations des droits de l’homme a malheureusement peu de chance de s’imposer, d’autant que tous qui dominent l’opinion ici et n’ont que les mots « démocratie » et « droits de l’homme » à la bouche pensent visiblement que cela ne peut pas s’appliquer aux Palestiniens – une manière propre à nos tartuffes démocratiques de dire que tous ces Arabes ne sont pas vraiment des hommes – tout comme les colons américains proclament en 1783 la liberté et l’égalité de tous les hommes en oubliant les esclaves noirs.
Si l’application de nos propres principes est utopique, on pourrait proposer aux grandes puissances de respecter au moins la légalité internationale dont elles se réclament. Par exemple en appliquant la résolution de l’ONU qui institue le partage de la Palestine en 1948. Cela demanderait l’évacuation de tous les territoires occupés de Cisjordanie, de Gaza, du Golan et de Jérusalem-Est et de démantèlement de toutes les colonies juives dans les territoires occupés. Cela créerait la possibilité de construire un État palestinien à peu près viable à côté de l’État israélien et avec le temps les blessures pourraient cicatriser et peut-être même une confédération israélo-palestinienne pourrait-elle voir le jour.
Malheureusement on ne semble pas s’engager dans les voies de la paix et du simple bon sens. Les Israéliens se conduisent comme les « pieds noirs » en Algérie et ils y sont excités par tous les fauteurs de guerre (Américains et Européens principalement) qui préfèrent laisser un abcès de fixation au Proche-Orient car le désordre les sert, notamment pour garder le contrôle de toute la région si importante du point de vue géostratégique impérialiste. Les États arabes, pour l’essentiel, marchent la main dans la main avec Israël – c’est le cas en particulier de ces deux relais importants de la politique US que sont l’Égypte et l’Arabie Saoudite, sans oublier la monarchie jordanienne, grande massacreuse de Palestiniens lors des événements de 1970 (« septembre noir »). La puissance militaire israélienne, avec plusieurs centaines de têtes nucléaires suffit à dissuader les autres. Une fois de plus, les Palestiniens peuvent vérifier que l’unité et la solidarité du monde arabe n’est qu’un slogan qui sert surtout à protéger les monarchies pétrolières et les diverses tyrannies amies des USA.... (D.Collin)
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