Merci pour cet article.
J’ai eu l’insigne privilège d’avoir une mère et une grand-tante qui me faisaient la lecture le soir pour m’endormir, et j’ai eu très tôt le désir de savoir lire par moi-même. Et plus encore, avec une très riche bibliothèque à ma disposition : "Si tu ne comprends pas c’est que tu n’es pas encore en âge de comprendre" disait ma mère.
Et heureusement ! Parce que déjà, à l’époque (années 60) les professeurs de français avaient semble-il un don particulier pour dégoûter de la lecture.
Aujourd’hui, je transcris des carnets personnels de la fin du XIXème siècle, et je songe au nombre incroyable de mots, d’expressions, que je ne connais que par mes lectures et que mes contemporains ne comprennent plus !
Je fus quelques temps traducteur, et pour moi une langue véhicule une manière de penser, il est bien des mots et des expressions intraduisibles d’une langue dans une autre et qui mettent en lumière des différences dans la façon de penser en fonction de ce que les mots peuvent traduire.
Qu’une langue évolue, c’est normal, mais qu’elle se perde et c’est la pensée qui va avec qui se perd : Quand on n’a plus de mots pour exprimer quelquechose, alors on n’a plus le moyen de penser cette chose.