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Ronny Ronny 25 juin 2009 15:35

Pour info : nouvelle de Reuters de 14h45.

Le financement en 1995 de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, que soutenait alors Nicolas Sarkozy, est au coeur de l’enquete sur l’attentat anti-français de Karachi de 2002, confirme un document. 

Ce courrier de 2007 du parquet de Paris, que Reuters s’est procure, mentionne la societe Heine, creee au Luxembourg en 1994 par la Direction des constructions navales (DCN) et destinee au versement de commissions officiellement legales àl’epoque pour faciliter la conclusion des marches d’armement.

Citant des elements de l’enquete, le courrier du procureur envisage un lien avec le financement de la campagne electorale du Premier ministre de l’epoque, Edouard Balladur, que dirigeait Nicolas Sarkozy, ministre du Budget de 1993 à1995.

Les juges d’instruction Yves Jannier et Marc Trevidic pensent que c’est l’arret en 1996 puis en 2000 de paiements de commissions au Pakistan en partie par cette structure luxembourgeoise de la DCN, qui aurait amene des militaires pakistanais àcommanditer l’attentat du 8 mai 2002.

Precipitant un vehicule bourre d’explosifs sur un bus, un kamikaze avait tue à Karachi 14 personnes, dont 11 ingenieurs et techniciens français de la DCN, qui travaillaient sur place àla construction de sous-marins Agosta.

Le versement de « commissions » - souvent un alibi pour des operations de corruption, officiellement declare illegal par la France en 2000 - avait bien ete convenu dans ce contrat de sous-marins signe en septembre 1994, verse au dossier judiciaire et dont une reproduction est publiee jeudi par Liberation.

LE PS VEUT UNE COMMISSION D’ENQUETE

Le courrier du procureur Jean-Claude Marin consulte par Reuters detaille les faits decouverts sur la societe Heine.

"Plusieurs documents viennent interroger sur la nature exacte de cette activite en lien avec les pouvoirs publics", ecrit le procureur, qui fait reference àun document chronologique (1994-2004) d’une page, non date ni signe, racontant les circonstances de la creation de la societe Heine.

Ce document saisi àla DCN mentionne "l’aval du directeur de cabinet du Premier ministre (Edouard Balladur - NDLR) et celui du ministre du Budget (Nicolas Sarkozy-NDLR) et laisse supposer des relations ambigues avec les autorites politiques en faisant reference au financement de la campagne electorale de M. Balladur pour la presidentielle de 1995", explique-t-il.

Le magistrat ajoute qu’a l’appui des soupsons pesant sur la societe Heine, il peut aussi citer les menaces profereees par ses dirigeants, dans le cadre de querelles internes, de "reveler la nature des missions qui leur avaient ete confiees".

Edouard Balladur ne beneficiait pas en 1995 des financements de son parti, le RPR, reserves àJ. Chirac.

L’ancien Premier ministre a nie toute irregularite dans une declaration àFrance 3 le 18 juin. Nicolas Sarkozy a qualifie le 19 juin de « fable » l’ensemble du scenario faisant etat de commissions donnant lieu àdes « retrocommissions » en France.

Cependant, l’arret du paiement de commissions au Pakistan et àd’autres pays, apres la victoire de Jacques Chirac sur Edouard Balladur en 1995, a ete confirme àParis Match mercredi par Charles Millon, ministre de la Defense entre 1995 et 1997.

"Peu apres ma nomination en 1995, Jacques Chirac m’a demande de passer en revue les differents contrats de ventes d’armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des retrocommissions. C’est ce qui a ete fait", dit-il.

Des auditions deja menees au sein de la DCN laissent penser que les commissions promises au Pakistan prenaient aussi d’autres circuits que la societe Heine et s’elevaient àplusieurs dizaines de millions d’euros au total.

Le collectif des familles de victimes entend demander les auditions d’Edouard Balladur et Jacques Chirac, a dit Magali Drouet, porte-parole du collectif des familles de victimes.

"On espere aujourd’hui que l’affaire ne sera pas etouffee. D’autres dossiers de ce genre l’ont ete mais là, il y a des familles avec des morts derriere, les politiques sont pas tout seul", a-t-elle declare à Reuters.

Le Parti socialiste a demande une commission d’enquete parlementaire. "Nous demandons la verite sur tout ce qui s’est passe. J’ai l’impression qu’on veut cacher quelque chose", a dit le president du groupe PS Jean-Marc Ayrault sur RTL.


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