Le caoutchouc fut une
vague qui amena l’étranger au plus profond de l’Amazonie : on estime le
nombre de nordestins brésiliens ayant rejoint la forêt, entre 1850 et
1900, à 300.000. Dès la signature de leur contrat, ils rentraient dans
le système de l’endettement perpétuel : les concessionnaires, eux-mêmes
dépendants de prêts et des maîtres des fleuves, avançaient à l’ouvrier
la nourriture et les outils dont il aura besoin pour saigner ses arbres
(la seule introduction technique de cette époque, préférée à celle trop
destructrice de l’abattage des arbres) et pour fabriquer des balles de
caoutchouc. ...
Les transporteurs fluviaux et les Grandes Maisons directement financés par Londres s’enrichissaient fortement.
Le seringueros, lui, presque jamais ne parvenait à rembourser son
endettement initial (Voir “Tristes tropiques” de Caude Lévi-Stauss). Bien au contraire, le surcoût des marchandises lié à leur
approvisionnement obligatoire auprès de leurs “patrons” gonflait le
plus souvent leur dettes par ailleurs transmissibles à leur famille ou
à leurs pairs en cas de décès ou de fuite."