Du nouveau autour du niqab.
Ainsi donc, à peine 400 femmes – 367 exactement - porteraient le voile
intégral en France, selon une enquête de la Direction centrale du
renseignement intérieur (DCRI), qu’Isabelle Mandraud du Monde vient de
révéler.
Très intéressante enquête, qui éclaire d’un jour nouveau le débat
sur le port du niqab ou de la burqa, car elle tord le cou à certaines
idées reçues.
D’abord, on nous apprend que ces filles ne sont pas contraintes de
porter le voile, comme on l’entend trop souvent ici ou là de la bouche
de nos doctes commentateurs. Mais lorsqu’elles le font, c’est d’abord
pour « provoquer la société, voire leur famille ». Ce constat ne
surprendra pas ceux qui ont vécu dans le monde arabe, où le voile est
aussi un signe de révolte familiale ou personnelle.
En conséquence, face à un phénomène aussi « marginal », il est à
craindre que s’il était décidé de légiferer - en interdisant le port du
voile intégral par la loi - on ne ferait qu’aggraver le problème. En
signe de protestation, d’autres femmes se mettraient alors a porter le
niqab. Il faut noter qu’un quart de celles qui l’ont adopte sont des
converties.
C’est pourquoi, même si on peut tout à fait regretter que des femmes
masquent intégralement leur visage en France, une loi ne résoudrait en
rien le problème. Au contraire, elle ne ferait qu’ajouter d’autres
difficultés. Celles-ci sont connues. Déjà, à travers la condamnation du
niqab, on voit poindre des tentatives de stigmatisation de l’islam.
C’est la dernière chose dont nous avons besoin en ce moment.
Cette étude nous apprend également que la plupart des musulmans en
France considèrent le niqab comme « un signe d’un autre âge ». On ne
peut que s’en féliciter. Mais si demain, on l’interdit par la loi, il
n’est pas sûr que la communauté musulmane, dans sa majorité, se place
du côté du législateur. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’un
tel débat rallumera de vieilles et nauséabondes querelles.
Certes, il n’est pas très agréable de cotoyer des femmes
littéralement en cage derrière cette longue tunique noire, qui rabaisse
la femme. Certes, il serait tout à fait légitime d’interdire le port du
voile intégral dans les lieux publics (les administrations par
exemple), et surtout de veiller à ce que la sécurité de notre pays ne
soit pas ainsi mise en danger. Mais au nom de quoi le bannirait-on dans
la rue ? Y-a-t-il trouble à l’ordre public lorsque une femme se déplace
revêtue d’une burqa ? Non.
On peut comprendre que 65 députés de droite comme de gauche aient
voulu alerter sur cette question en réclamant la création d’une
commission d’enquête sur cette question. Mais le sujet est trop
sensible pour être polué par la démagogie.
Il y a d’autres réponses qu’une loi à « un phénomène aussi
ultraminoritaire ». Il faut être vigilant face au terrorisme. Soucieux
de faire respecter la laïcité. Mais alors que notre allié Barack Obama
tend la main au monde musulman, nous ne devons surtout pas rallumer
d’inutile guerre de religion.