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JC. Moreau JC. Moreau 26 octobre 2009 13:05

@ Wesson,

Le problème avec votre définition très hospitalière de la résistance - puisque vous qualifier de « résistance » tout ce qui consiste à braver une "interdiction officielle basée sur les loi existantes"- est qu’elle peut tout aussi bien inclure des luttes politiques que des actes de pure délinquance ou de criminalité.

Ceci étant précisé, je reviens sur ce que vous m’avez répondu dans un langage particulièrement fleuri  : "Évidement, la rhétorique de tout gouvernement cataloguera les résistants en terroristes, ce qui est une constante d’ailleurs dans le discours de Vichy. Et la rhétorique des gens de droite est de transformer un authentique résistant doté d’une capacité de réflexion et d’analyse en un jouet imbécile d’un mouvement politique, ça c’est effectivement le but de cette controverse née en 2007 et reprise par vous.
(...)
C’est pourquoi votre polémique - même enrobée de toutes les justifications tendant à prouver la duplicité des dirigeants communistes - continue encore et toujours à sentir un peu la merde."

Que je sache, la controverse au sujet de la duplicité des dirigeants communistes et du statut de Guy Moquet devant l’histoire n’a pas attendu Sarkozy. Pour ce qui est du statut de résistant, si j’ai bonne mémoire, cette question a posé problème même en droit administratif eu égard aux critères d’attribution des pensions militaires.

Vous appelez Guy Môquet une résistant. Fort bien. Pour ma part, j’emploierai le terme de martyr.

Enfin pour ce qui est de la rhétorique politicienne... il suffit à mon sens de voir comment le PCF a traité Paul Nizan pour comprendre que l’on puisse, moi parmi tant d’autres, relativiser le qualificatif de résistant aujourd’hui accolé au nom de Guy Môquet.

Dès août 1939, Nizan dénonçait la signature du pacte germano-soviétique et quittait le PCF. Après s’être engagé dans l’armée quand les dirigeants du Parti en était encore à suivre aveuglément les directives de Moscou, il mourrait au combat en mai 1940 sous les balles allemandes.

Et comment le PCF a-t-il traité Nizan, en particulier Aragon, celui-là même à qui l’on doit l’hommage à Guy Môquet dans « Le témoin des martyrs » ? Il fait courir la rumeur selon laquelle Nizan était un indic de la police, entretenant cette campagne de calomnie jusque dans les années 1970 !
Vous me permettrez donc de considérer que les hommages très sélectifs du PCF, lorsqu’il s’est agi d’honorer la mémoire de la Résistance, procédait surtout d’une volonté de servir les intérêts politiques du Parti, en dressant une manière de veto moral à toute critique du Parti grâce au martyr des 27 de Chateaubriant.

Et pour tout dire, du point de vue de la technique de propagande, il ne fait aucun doute que si le PCF a précisément élu Guy Môquet comme sa caution morale et s’il a dénoncé Paul Nizan à la vindicte des communistes, c’est parce qu’il existait bel et bien une différence notable entre les deux : le premier était « le jouet imbécile d’un mouvement politique » et donc un martyr communiste idéal ; tandis que le second était « un authentique résistant doté d’une capacité de réflexion et d’analyse » et qui avait par conséquent refusé de suivre le Parti dans sa compromission des années 39-40.

A mon sens, on comprend mieux à travers cette comparaison l’intérêt idéologique du PCF (et de bon nombre de ses légataires contemporains) à dénoncer toute polémique au sujet de Guy Môquet en jouant l’air bien connu de la mémoire outragée. Peut-être continuerez-vous à ignorer le cas Nizan pour mieux répéter votre formule : « si en 39-45 vous vouliez être communiste, alors il fallait être résistant ».

Mais dans ce cas, il ne faudra pas vous étonner de l’odeur incommodante ni être surpris par le fait qu’elle vous soit portée par vent d’est...

PS : A titre d’information, s’agissant du Betar, je suis pour l’interdiction de ce mouvement au même titre que pour le GUD et la Tribu KA.


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