@ Wesson,
Le problème avec votre définition très
hospitalière de la résistance - puisque vous qualifier de « résistance »
tout ce qui consiste à braver une "interdiction officielle basée sur
les loi existantes"- est qu’elle peut tout aussi bien inclure des
luttes politiques que des actes de pure délinquance ou de criminalité.
Ceci étant précisé, je reviens sur ce que vous m’avez répondu dans un langage particulièrement fleuri : "Évidement,
la rhétorique de tout gouvernement cataloguera les résistants en
terroristes, ce qui est une constante d’ailleurs dans le discours de
Vichy. Et la rhétorique des gens de droite est de transformer un
authentique résistant doté d’une capacité de réflexion et d’analyse en
un jouet imbécile d’un mouvement politique, ça c’est effectivement le
but de cette controverse née en 2007 et reprise par vous.
(...)
C’est
pourquoi votre polémique - même enrobée de toutes les justifications
tendant à prouver la duplicité des dirigeants communistes - continue
encore et toujours à sentir un peu la merde."
Que je
sache, la controverse au sujet de la duplicité des dirigeants
communistes et du statut de Guy Moquet devant l’histoire n’a pas
attendu Sarkozy. Pour ce qui est du statut de résistant, si j’ai bonne
mémoire, cette question a posé problème même en droit administratif eu
égard aux critères d’attribution des pensions militaires.
Vous appelez Guy Môquet une résistant. Fort bien. Pour ma part, j’emploierai le terme de martyr.
Enfin
pour ce qui est de la rhétorique politicienne... il suffit à mon sens
de voir comment le PCF a traité Paul Nizan pour comprendre que l’on
puisse, moi parmi tant d’autres, relativiser le qualificatif de
résistant aujourd’hui accolé au nom de Guy Môquet.
Dès août 1939, Nizan dénonçait la signature du pacte
germano-soviétique et quittait le PCF. Après s’être engagé dans l’armée
quand les dirigeants du Parti en était encore à suivre aveuglément les
directives de Moscou, il mourrait au combat en mai 1940 sous les balles
allemandes.
Et comment le PCF a-t-il traité Nizan, en particulier Aragon,
celui-là même à qui l’on doit l’hommage à Guy Môquet dans « Le témoin
des martyrs » ? Il fait courir la rumeur selon laquelle Nizan était
un indic de la police, entretenant cette campagne de calomnie jusque
dans les années 1970 !
Vous me permettrez donc de considérer que les
hommages très sélectifs du PCF, lorsqu’il s’est agi d’honorer la
mémoire de la Résistance, procédait surtout d’une volonté de servir les
intérêts politiques du Parti, en dressant une manière de veto moral à
toute critique du Parti grâce au martyr des 27 de Chateaubriant.
Et pour tout dire, du point de vue de la technique de propagande,
il ne fait aucun doute que si le PCF a précisément élu Guy Môquet comme
sa caution morale et s’il a dénoncé Paul Nizan à la vindicte des
communistes, c’est parce qu’il existait bel et bien une différence
notable entre les deux : le premier était « le jouet imbécile d’un
mouvement politique » et donc un martyr communiste idéal ; tandis que le
second était « un authentique résistant doté d’une capacité de
réflexion et d’analyse » et qui avait par conséquent refusé de suivre
le Parti dans sa compromission des années 39-40.
A mon sens, on
comprend mieux à travers cette comparaison l’intérêt idéologique du PCF (et de bon nombre de ses légataires contemporains) à dénoncer toute
polémique au sujet de Guy Môquet en jouant l’air bien connu de la
mémoire outragée. Peut-être continuerez-vous à ignorer le cas Nizan
pour mieux répéter votre formule : « si en 39-45 vous vouliez être
communiste, alors il fallait être résistant ».
Mais dans ce cas, il ne faudra pas vous étonner de l’odeur incommodante
ni être surpris par le fait qu’elle vous soit portée par vent d’est...
PS :
A titre d’information, s’agissant du Betar, je suis pour l’interdiction
de ce mouvement au même titre que pour le GUD et la Tribu KA.