Comment définir la Nation ? Depuis le XVIIIe siècle, c’est effectivement une définition universaliste qui prévaut : quand Rousseau écrit le « Contrat social », il entend par là non pas une communauté d’origine, mais une association politique ayant un projet commun. A partir de ce constat, juste deux ou trois remarques en passant.
Un intégriste catholique, un témoin de Jéhovah ou un scientologue peut tout autant endoctriner ses enfants qu’un islamiste. La mise en cause du « vivre ensemble » dans la République n’est donc pas forcément liée à l’islam où à un « élément étranger ». Et justement, la plupart des musulmans de France sont Français (et ne sont pas islamistes, d’ailleurs).
Ensuite, pour peu qu’on se débarasse de certains a priori, je pense qu’on observe en réalité au fil des générations exactement le contraire du manque d’intégration que certains s’obstinent à voir. Le fils ou le petit-fils du marocain qui va au lycée, par exemple dans ma bonne ville d’Ajaccio, n’a pas ses repères à Marrakech, mais dans le quartier où il réside et construit son avenir : Pietralba, Finosello, Diamant (exemples ajacciens, mais qui vaut je pense pour n’importe quelle ville). J’ai du reste enseigné en banlieue parisienne. Les fils et petit-fils de l’immigration maghrébine étaient souvent professeurs (mes propres collègues) ou tenaient les entreprises (agences immobilières par exemple) dans lesquelles nos élèves allaient en stages. Par conséquent, le cliché selon lequel l’immigration maghrébine ne serait pas passée me semble reposer sur des critères irréels.