Extrait :
La Chine aussi succombe à la tentation de se doter de l’arme atomique. Dès la naissance du nouveau régime, Mao ZEDONG charge Kang SHENG, le chef des services secrets officiellement en disgrâce, et le président de l’Académie des sciences Guo Moro, de cette tâche difficile. Piliers de l’opération, deux anciens élèves du grand savant français Frédéric JOLIOT-CURIE (le gendre de Pierre et Marie CURIE), Qian SANQIANG et sa femme He CEHUI. Bien sûr, il faut ménager l’allié soviétique. Ainsi convient-on de l’exploitation commune des gisements d’uranium du Xinjiang, vaste région désertique occupée jusqu’en 1950 par l’armée Rouge. En 1955, le directeur administratif du ministère de la Sécurité publique, le Gonganbu, Zhuo XIONG, est nommé vice-ministre de la Géologie. Il supervisera les camps de travail forcé où les condamnés du Laogai, le Goulag chinois, extraient l’uranium ou bâtissent l’usine atomique destinée à produire du plutonium 239. Pendant ce temps, Kang SHENG mobilise ses réseaux pour rapatrier tous les scientifiques procommunistes disponibles. La Chine populaire récupère ainsi le physicien Wang GANSHANG, qui vivait aux USA, ou Qian XUESEN, l’un des plus grands spécialistes mondiaux de l’aérodynamique (intercepté par le FBI à Honolulu alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays avec huit grosses valises de documents, Qian XUESEN sera échangé contre neuf citoyens américains en 1955 et deviendra le bras droit de Qian SANQIANG). Un deuxième physicien, Zhao ZHONGYAO, est rapatrié en 1951 après d’obscures négociations avec les Américains et les Taiwanais. Plus la date fatidique approche, plus les services chinois s’activent. Au début des années soixante, un millier de leur agents opère en Europe dont le plus important est sans doute le troisième secrétaire d’ambassade à Berne, Lin SHUHUA. Pour un résultat payant : le 16 octobre 1964, la Chine fait exploser sa première bombe atomique.