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Troll Aklass Troll Aklass 5 novembre 2009 13:33

Le doc en entier (la source n’est peut-être pas communiste ?) :

La guerre secrète des espions atomiques

Depuis 1942, des agents à la solde de l’URSS ont infiltré les milieux scientifiques américains. La course à l’armement atomique débute ainsi, entre les deux blocs Est et Ouest. Au fil des années, plusieurs pays vont lancer les espions « atomiques » dans la mêlée afin de rejoindre le très fermé club nucléaire. Après la France, la Chine et Israël, vient le tour de l’Irak, de l’Inde...

Le 6 septembre 1945, un mois, jour pour jour, après la bombe atomique d’Hiroshima, un chiffreur de l’ambassede d’Union soviétique à Ottawa fait défection dans des circonstances mouvementées. En poste depuis deux ans, Igor GOUZENKO travaillait pour le GRU, le service secret de l’armée rouge. D’où cette manne de feuillet multicolores qu’il vient de subtiliser dans le coffre de l’attaché militaire soviétique et que les deux animateurs de l’Intelligence Division de la Royale Canadian Mounter Police, effarés, dépouillent dans leurs locaux du camp X, au nord du lac Ontario. Ils prouvent l’existence d’un réseau d’espionnage bien implanté au Canada. Ses ramifications internationales, très étendues, comprennent notamment des savants engagés dans la course à l’arme atomique. Sans se faire prier, GOUZENKO donne des détails complémentaire. Il explique ainsi comment son chef à Ottawa, le colonel Nikolaï ZABOTINE, a fait parvenir à Moscou des échantillons d’Uranium enrichi glanés à Port Hope, où le GRU a infiltré la Canadian Radio & Uranium Corporation, ainsi que de nombreux rapports sur létat des recherches atomiques au Canada et ailleurs. Le 4 février 1946, Mackenzie KING, le Premier ministre canadien, informe le cabinet de l’existence de ce réseau. Il confie à haut magistrats le soin de diriger une commission d’enquête sur les arcanes de l’affaire. Le 4mars 1946, Un savant britannique qui bénéficie de l’accès aux secrets de la fabrication de la bombe atomique, le Dr Allan NUNN MAY (pseudonyme Alek), en poste à Montréal, est arrêté pour espionnage.
C’est de cette manière presque fortuite que l’Occident découvre l’existence et l’ampleur des opérations d’espionnage menées par les Soviétiques dans le but de s’appropier les secrets de fabrication de cette arme nouvelle qui vient de prouver sa terrifiante efficacité contre les Japonais.


Une des taupes de Cambrige

Photo de Donald MACLEAN, l’une des célèbres taupes de Cambrige, en contact avec les Russes dès 1941

De leur côté, cela fait déjà quatre ans que les Soviétiques savent que les Occidentaux sont engagés dans la construction de la bombe. Donald MACLEAN, l’une des célèbres « taupes de Cambrige », avertisait dès la fin de l’été 1941 son officier traitant londonien du NKVD, Anatoli GORSKI, de la décision britannique de lancer le programme de fabrication d’une bombe à l’uranium. Quelques mois plus tard, le président du NKVD à San Francisco, Grigori HEIFETZ, informait à son tour Moscou que les Etats-Unis venaient d’unir leurs efforts à ceux des Anglais (futur projet Manhattan) et que pour des raisons matérielles, les expérimentations se dérouleraient sur le sol américain. De prime abord, ni STALINE ni BERIA, le tout-puissant chef des services spéciaux, le NKVD, ne croient au bien fondé des informations de leurs agents. Ils pensent d’abord à une manoeuvre de désinformation. Mais les détails s’accumulant grâce à l’activité intense des réseaux anglais et américains du GRU et du NKVD, ils finissent par changer d’avis. En février 1943, un comité spécial chargé aux fins militaires est créé par STALINE. Il sera présidé par Molotov, le ministre des affaires étrangères, qu’assiste Béria.
L’état-major du NKVD et tout spécialement l’homme de confiance de BERIA, Pavel SOUDOPLATOV, est chargé de collecter prioritairement toutes les informations disponibles sur les travaux des savants occidentaux. Ces éléments sont immédiatement transmis à l’équipe qu’anime Igor KOURTCHATOV, le jeune scientifique en charge côté russe du programme nucléaire militaire. Lequel, dès mars 1943, fait savoir au Kremlin que la qualité des renseignements fournis permettra aux savants soviétiques de réaliser la fission de l’atome "dans un temps beaucoup plus court" que si l’URSS n’avait dû compter que sur ses seuls moyens. Les meilleurs agents russes sont affectés à cette tâches. On comprend alors que STALINE n’ait guère été surpris quand TRUMAN l’a prévenu que les Etats-Unis disposaient d’une « force de destruction sans précédent ». Le tout est de rattraper le retard sur les Américains. C’est pourquoi la guerre finie, les réseaux continuent de s’activer bien qu’ils n’aient plus d’excuse de la nécessaire solidarité contre l’ennemi hitlérien. Ainsi FUCHS fournit-il aux Russes de nouvelles informations sur la production américaine d’Uranium 235. Facteur-clé dans cette période troublée : elles permettrons à STALINE de connaître les limites de la supériorité occidentale en matière nucléaire.
En août 1949, l’URSS fait éclater sa première bombe A. En 1950, l’arrestation par le FBI d’Harry GOLD conduit à celle de David GREENGLASS, de Morton SOBELL et des époux ROSENBERG. D’autres suspects parviennent à prendre la fuite ou sont « exfiltrés » par le NKVD. Dans un contexte marqué par la guerre de Corée et les sévères pertes de l’US Army face aux communistes, les révélations sur l’espionnage soviétique traumatisent l’opinion publique américaine. Persuadée que les réseaux d’espionnage ont ouvert à l’URSS les portes de la puissance nucléaire, ce n’est pas inexact, elle voit en eux la cause possible d’un holocauste atomique qui heureusement n’aura pas lieu.
Le FBI, lui, cherche avant tout à prouver son efficacité. Faute de pouvoir remonter toutes les filières pour raison d’Etat, peut-être, J. Edgar HOOVER et ses G-Men nourrissent de leur mieux les dossiers d’accusation de ces agents de liaison au rôle important mais pas essentiel. Ainsi exploitent-ils habilement les aveux de David GREENGLASSS qui mettent en cause son propre beau-frère, Julius ROSENBERG. Agent soviétique, ce dernier a agi pour des motifs idéologiques. Comme il re fuse de parleer, le FBI imagine, afin qu’il « craque », d’impliquer dans le dossier espionnage atomique sa femme, Ethel, qui vient d’accoucher. Dramatique faux pas. Ethel a peut-être aidé Julius mais aucune preuve matérielle ne l’établit. Or, courageusement, elle refuse de se désolidariser de son mari. De jeune femme un peu falote qu’elle était, voilà qu’elle se transforme en véritable héroïne communiste. Pour avoir trop voulu en faire, le FBI est dans l’impasse. Mais il est trop tard pour stopper l’engrenage mortel. L’enjeu grossit avec la surrenchère soviétique. Pour "sauver les ROSENBERG" (en fait, gagner la bataille de la propagande), Moscou mobilise les gros bataillons au travers du COnseil mondial pour la paix. Pétitions, manifestations, appels contribuen à présenter les Etats-Unis comme en proie à l’antisémitisme, thème évidemment sensible quelques années seulement après la chute d’HITLER. Condamné à mort, le couple ROSENBERG meurt sur la chaise électrique le 19 juin 1953.

Pour préserver le secret nucléaire, une véritable chasse à l’espion atomique se déchaîne dans un climat extrêmement tendu. Le symbole de cette chasse aux sorcières fut incarné par le couple ROSENBERG. Après le rejet de sept recours en grâce, malgré une opinion internationale divisée, les ROSENBERG furent exécutés sur la chaise électrique dans la prison de Sing-Sing en 1953

Un mois plus tard, l’armistice est signé en Corée. L’équilibre de la terreur Est-Ouest instauré, chaque camp recrute ses informateurs en arguant du fait qu’il ne doit en aucun cas être rompu en faveur de l’adversaire sous peine de disparition de l’humanité tout entière. Ainsi, Georges PAQUES, haut-fonctionnaire français au service du KGB, restera-t-il persuadé jusqu’à sa mort, en décembre 1993, qu’il a préservé le monde de la vitrification nucléaire. En sens inverse, et avec une efficacité bien plus grande en ce qui concerne l’arme atomique et son utilisation, le recrutement ddu colonel PENKOVSKY s’effectue pour des raisons un peu similaires. Officier du GRU, membre du Comité d’Etat pour la coordination de la recherche scientifique (en charge de l’espionnage technologique), Oleg PENKOVSKY est un proche du maréchal VARENTSOV, futur patron de l’artillerie et de la force balistique. C’est de son propre chef qu’il entre en contact avec le MI6 britannique par l’intermédiaire de Greville WYNNE, officiellement un simple homme d’affaires en visite à Moscou. En avril 1961, PENKOVSKY est à Londres tout à fait officiellement dans le cadre d’une délégation scientifique et commerciale. Là, il rencontre les officiers de la CIA et du MI6 qui superviseront désormais son travail. Et quel travail ! Une fantastique navette commence entre l’officier soviétique et ses traitants. PENKOVSKY (nom de code Arnika) fournira aux Occidentaux sous forme de micro-films la bagatelle de 5000 pièces à conviction. Beaucoup d’entre elles concernent l’état réel d’avancement des recherches soviétiques en matière de missiles. Démasqué par le KGB, il sera condamné à mort et exécuté le 16 mai 1963. Sa mort ne provoquera pas la même vague d’indignation que celle des ROSENBERG dix ans plus tôt. Ce n’est pas PENKOVSKY, mais des vols d’avions espion Loockeed U-2 qui ont appris aux dirigeants américains la nature exacte des « remorques de camion » ou des véhicules transportant « de très longs tubes » que plusieurs agents de la CIA, soupçonnés dans un premier temps d’hallucination, ont répéré à Cuba. Il s’agit bien entendu des missiles balistiques à moyenne portée que KHROUCHTCHEV a accepté d’installer chez son allié CASTRO tout en les gardant sous contrôle soviétique.



A l’heure de l’espionnage

Posées sur le bureau de John F. KENNEDY, les photos prises par les U-2 pousseront le président américain à décider le blocus maritime de Cuba, bras de fer dont les Etats-Unis sortiront victorieux. Les avions espions ne servent pas seulement à surveiller les progrès bucléaires du bloc de l’est. Les sites d’expérimentation française qui sont installés en Polynésie inquiètent Washington et, dès 1964, photographie sur photographie sont prises des atolls de Mururoa ou de Fangataufa. L’année suivante, en juillet, un RF-101 basé en Allemagne survole à trois reprisses sans autorisation la zone interdite de Pierrelatte, dans la Drôme, et prend la bagatelle de 175 photographies avant d’être intercepté. D’autres moyens seront utilisés pour percer les secrets nucléaires français, par exemple l’écoute des téléphones de l’ambassade française à Londres par le contre-espionnage britannique dont les procès-verbaux sont transmis à la CIA.

Le Canadien Mackenzie KING. En 1946, il est le premier à mesurer l’ampleur des opérations d’espionnage menées par les SSoviétiques durant la Deuxième Guerre Mondiale dans le but de s’approprier l’arme nucléaire.

La Chine aussi succombe à la tentation de se doter de l’arme atomique. Dès la naissance du nouveau régime, Mao ZEDONG charge Kang SHENG, le chef des services secrets officiellement en disgrâce, et le président de l’Académie des sciences Guo Moro, de cette tâche difficile. Piliers de l’opération, deux anciens élèves du grand savant français Frédéric JOLIOT-CURIE (le gendre de Pierre et Marie CURIE), Qian SANQIANG et sa femme He CEHUI. Bien sûr, il faut ménager l’allié soviétique. Ainsi convient-on de l’exploitation commune des gisements d’uranium du Xinjiang, vaste région désertique occupée jusqu’en 1950 par l’armée Rouge. En 1955, le directeur administratif du ministère de la Sécurité publique, le Gonganbu, Zhuo XIONG, est nommé vice-ministre de la Géologie. Il supervisera les camps de travail forcé où les condamnés du Laogai, le Goulag chinois, extraient l’uranium ou bâtissent l’usine atomique destinée à produire du plutonium 239. Pendant ce temps, Kang SHENG mobilise ses réseaux pour rapatrier tous les scientifiques procommunistes disponibles. La Chine populaire récupère ainsi le physicien Wang GANSHANG, qui vivait aux USA, ou Qian XUESEN, l’un des plus grands spécialistes mondiaux de l’aérodynamique (intercepté par le FBI à Honolulu alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays avec huit grosses valises de documents, Qian XUESEN sera écgangé contre neuf citoyens américains en 1955 et deviendra le bras droit de Qian SANQIANG). Un deuxième physicien, Zhao ZHONGYAO, est rapatrié en 1951 après d’obscures négociations avec les Américains et les Taiwanais. Plus la date fatidique approche, plus les services chinois s’activent. Au début des années soixante, un millier de leur agents opère en Europe dont le plus important est sans doute le troisième secrétaire d’ambassade à Berne, Lin SHUHUA. Pour un résultat payant : le 16 octobre 1964, la Chine fait exploser sa première bombe atomique. D’autres pays s’apprêtent déjà à faire leur entrée dans le club nucléaire. C’est le cas d’Israël, que les Français ont beaucoup aidé en matière atomique sous la IVème République. Son centre de recherches ultra-secret de Dimona attire bien des convoitises. Celles de Mahmoud KHALIL, chargé par Nasser des « Projets spéciaux de défense » (fabrication d’armes modernes). Celles des Soviétiques qui, jusqu’en 1961, disposeront d’un agent particulièrement bien placé à cet égard, Israël BEER, ami personnel du Premier ministre Ben GOURION. Celles des Américains enfin. Dès le milieu des années soixante, la CIA informe la Maison Blanche que l’Etat hébreu a la capacité de fabriquer la bombe. C’est chose faite en 1966. Impitoyables pour préserver leurs secrets nucléaires (kidnapping le 30 septembre 1986 à Rome de Mordechai VANUNU, un technicien de Dimona qui a donné à la presse britannique des détails sur le programme atomique israélien), les Israéliens le font aussi pour retarder le programme des Irakiens : sabotage en avril 1979 à la Seyne-sur-Mer des cuves de centrales nucléaires Tamuz 1 et 2, bombardement le 7 juin 1981 du réacteur de recherches Osirak, fabriqué en France. Le 22 mars 1990 à Bruxelles, le Mossad assassine l’ingénieur Gerald BULL, qui travaillait Sur le projet de « super-canon » pour le compte de Hussein MAJID, l’un des patrons des services spéciaux de Saddam HUSSEIN en charge de l’espionnage technologique. BULL opérait auparavant pour le compte des Sud-Africains, eux aussi dotés de la bombe atomique. Recherche nucléaire et guerre secrète sont en effet mitoynnes. Ainsi celle qui, à partir des années soixante-dix, oppose dans l’ombre la Research & Analysis Wing indienne à l’Inter-Service Intelligence pakistanaise, toutes deux acharnées à procurer l’arme atomique à leurs pays respectifs. A cette époque, l’espionnage nucléaire se répand de plus en plus hors du camp traditionnel d’affrontement est-ouest même s’il en reste encore une donnée importante (c’est en septembre 1992 qu’à été inculpé en France le dernier en date des espions atomiques au service du KGB puis du SVR de Boris ELTSINE découvert, un chercheur à la direction des applications militaires du CEA). De ce fait l’effondrement du mur de Berlin et la décomposition du bloc communiste marquent non pas la fin d’un demi- siècle de guerre atomique secrète mais bel et bien son approfondissement. La dissémination nucléaire, en particulier à partir des pays de l’Est, multiplie les dangers qui menacent la planète en même temps qu’elle complique la tâche des services de contre-espionnage. Bref, pas question à l’approche du XXIème siècle de rayer des tablettes le vocable « espions atomiques ».


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