Tout en appelant de mes voeux une réforme de l’orthographe grammaticale, principalement sur les accords des participes passés, inutilement alambiqués, plusieurs choses me gênent dans votre article.
Tout d’abord, l’aspect inutilement masochiste : « Peut-être la plus difficile au monde. » Je doute que vous ayez des sources pour appuyer cette affirmation, car il faudrait comparer les langues entre elles, sujet très difficile, d’autant que peu de gens en connaissent plusieurs suffisamment bien pour réaliser une telle étude, moi inclus, mais je me permets quand même de renvoyer à mon article sur le sujet, paru sur AV (ici, sur mon blog).
Ensuite, cette façon de mettre en avant l’immense difficulté de la langue française fait le lit du cliché parallèle, la soi-disant facilité de l’anglais, cliché absent de votre article, mais à mon avis présent en filigrane. Or, français et anglais sont aussi difficiles l’un que l’autre, mais pour des raisons différentes. Celles du français, vous en avez parlé, quant à l’anglais, il a une phonétique totalement irrationnelle, qui rend indispensable une immersion régulière et intense, sans parler des verbes irréguliers, des prépositions qui changent le sens des verbes, et des tournures idiomatiques très nombreuses.
J’apprécie le chapitre sur la régularité phonétique de l’espagnol, mais il eût été pertinent de rappeler que l’anglais est de ce point de vue la pire des langues, je crois, ce qui explique son fort taux de dyslexie (très faible en italien et espagnol), et l’espéranto celle qui a la plus grande correspondance phonétique écrit-oral, 100%.
Je trouve que François de Closets a été mieux inspiré dans son classique « Toujours plus ».
Le correcteur orthographique rend de grands services, mais il ne remplacera pas de sitôt l’apprentissage régulier de la langue, ils sont déficients sur le sens, la polysémie, les niveaux de langue,etc.
Ce qui ne veut pas dire plaider pour une langue rigide, figée et stérile : rien ne nous empêche d’adopter les jolis et logiques septante, octante et nonante de nos voisins, mieux adaptés au calcul mental (régularité). Idem pour essencerie, « l’africanisme » de station-service, de même que « votation », le « suissisme » pour une consultation citoyenne régulière. De nombreuses tournures acceptent des variantes, comme l’un et l’autre se dit ou se disent. Il y a davantage de souplesse qu’on ne le croit généralement.
Pourquoi ne pas généraliser la réforme de 1990, pas encore systématique, ni dans les écoles ni ailleurs. les instits n’osent pas l’enseigner, de peur de nuire à l’enfant ? A nous, adultes, de l’appliquer au quotidien ! Pourquoi ne pas déjà travailler chacun le sujet, sans attendre une simplification massive d’en haut, des autorités, une réforme hautement improbable.