L’aide US est tout, sauf désintéressée..
Il y a 1 million de Haïtiens en Floride
Haïti est depuis plus d’un siècle considérée comme une arrière-cour américaine. Un 51e Etat américain, disent certains, pour mieux dénoncer les agissements intéressés de Washington.
Il y a quelques mois, un diplomate européen en poste à Port-au-Prince, résumait ainsi l’action américaine en Haïti : « Les
Etats-Unis ont un objectif, un seul, et qui ne varie pas au fil des
années. Ils doivent être capables de prendre le contrôle total de l’île
en deux heures en cas de nouvelle déflagration. » A
deux heures d’avion de Miami, à moins de mille kilomètres des côtes de
Floride, Haïti est une bombe de misère et de violence qui menace la
calme prospérité US. Bill Clinton l’avait compris quand il fut
confronté à la crise des boat people provoquée par les dizaines de
milliers d’Haïtiens qui décidèrent de fuir le chaos des années
1990.Depuis 2004, et l’« exfiltration » du président Jean-Bertrand
Aristide largement encouragée par les Etats-Unis et la France, rien
d’important ne se fait sans l’appui ou sans l’accord de Washington. La
puissance de l’aide américaine l’explique : pas seulement l’aide de
l’Etat fédéral mais celles versées par des myriades d’associations, où
l’on trouve le pire et le meilleur....
_______________L’autre élément de la relation est bien évidemment l’ingérence américaine dans les affaires d’Haïti.
L’île, située dans l’orbite caraïbéenne des États-Unis, n’a jamais eu
véritablement les coudées franches, jusqu’à subir une véritable occupation américaine entre 1915 et 1934, puis une succession de dictateurs pro-américains
.__En 1994, l’administration Clinton décida de réinstaller Jean-Bertrand Aristide, le président légalement élu en 1990 et destitué un an plus tard par un coup d’Etat militaire. Coup
d’Etat largement organisé par la CIA qui fournit tous les moyens au
général Cédras pour installer un régime de terreur qui déclencha
l’exode des boat people mais aussi le déplacement de 100.000 à 400.000
personnes à l’intérieur du pays
.__Le scandale fut tel qu’il explique le retour d’Aristide appuyé par Clinton. Pour ce faire, Washington envoya 20.000 soldats et plusieurs bâtiments de guerre dans le cadre de l’opération « Uphold Democracy ». Exilé aux Etats-Unis de 1991 à 1994, Jean-Bertrand Aristide avait su convaincre le puissant Black Caucus
et explorer les labyrinthes du parti démocrate pour convaincre le
nouveau président de le rétablir au pouvoir à Port-au-Prince. Ce qui
fut fait mais sous condition : Aristide a pu achever son mandat jusqu’en
2005 mais n’a pas pu se représenter alors : il laissa le pouvoir à son
homme lige de l’époque, René Préval (actuel président), avant de se faire réélire en 2000
.__Au
début des années 2000, alors que l’objectif de l’administration Bush
était soi-disant la promotion de la démocratie dans le monde, Washington a encore une fois joué un double jeu. Alors
que la ligne officielle était le soutien au président Aristide,
officiellement élu, un groupuscule conservateur financé par de l’argent
public, le Republican International Institute,
se présentant comme la voix officieuse des États-Unis, a tout fait pour
le déstabiliser et soutenir ses adversaires, précipitant Haïti dans le
chaos après le coup d’État de 2004 (un article du New York Times
a très bien raconté cela).__Dans cette situation poisseuse, et en
raison du fait qu’Haïti ne peut simplement pas ignorer son voisin
encombrant, Aristide a joué le seul jeu que Washington respecte, celui de l’argent. Entre 1997 et 2002, son gouvernement a dépensé près d’un million de dollars par an
pour s’assurer les services de lobbyistes chargés de faire entendre sa
voix dans les allées du pouvoir américain. Cela n’a rien changé au
désastre final de sa présidence et aux révoltes populaires qu’elle
provoqua. Contraint à quitter le pouvoir, emmené avec sa famille par
une équipe des forces spéciales de l’ambassade américaine à l’aéroport
de Port-au-Prince, il s’envola pour l’Afrique du Sud..." (Mediapart)
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