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sisyphe sisyphe 17 février 2010 22:55

Il est vrai que les « héros » de bd dépendent avant tout du talent de leurs dessinateurs et scénaristes.
On l’a vu avec la chute libre de la qualité des albums d’Asterix après la mort de Goscinny, et celle, parallèle, de Lucky Luke.

Pour Blake et Mortimer, certains des successeurs de Jacobs ont su conserver un esprit et une qualité relativement fidèle (surtout Benoit et Van Hamme), quand d’autres ont carrément ridiculisé la série.
 Encore faut-il prendre en compte que le travail de succession est plus facile quand la série est « réaliste », que quand il s’agit de séries « humoristiques » (n’est pas Goscinny qui veut).

Pour Spirou et Fantasio, comme signalé plus haut, Franquin n’en était pas dépositaire, n’ayant pas été le créateur des personnages ; aussi, pour les véritables amateurs, les seuls albums de la série sont, évidemment ceux dûs au génie de Franquin (et au talent de ses scénaristes occasionnels ; Greg, surtout) ; le reste n’étant que tentatives d’exploitation commerciale des héros popularisés par le maître (créateur, en revanche, de Gaston, disparu avec lui, et du marsupilami, dont les aventures, inégales, mais dont certains albums d’une certaine qualité (excellent travail graphique de Batem, dans l’esprit du maître) continuent à entretenir la légende).
Pour souligner encore l’exceptionnel talent créatif de Franquin, il est à noter que le marsupilami est LE SEUL exemple, dans toute la BD (et la littérature) d’un animal totalement imaginaire, passé dans l’imagerie collective mondiale, à tel point que beaucoup d’enfants (et d’adultes mêmes), dans le monde entier, sont, (comme ma mère l’était), persuadés qu’il existe réellement.

Pour Spirou et Fantasio, reste à signaler, indépendamment des continuateurs de la série classique, sans grand intérêt, , quelques exemples très intéressants et réussis de one-shot ; tel celui, signalé plus haut par Gasty du « Groom vert de gris » de Yann et Schwartz, ainsi que l’album d’Emile Bravo « Le journal d’un ingénu » ; excellent album également, parce qu’abordant les héros sous un angle totalement inhabituel (du genre la jeunesse de... comme ça a été fait pour Blueberry, avec un bonheur inégal, d’une qualité très inférieure à la série « originale » : là encore, n’est pas Charlier et surtout Giraud qui veut)

De même, dans un registre différent, la série « Le petit Spirou » de Tome et Janry, ne manque pas de qualité, se démarquant totalement de l’esprit de la série rendue célèbre grâce à Franquin.

Pour ce qui est de Tintin, je comprends Hergé ; parce que si certains de ses collaborateurs ; tels Bob de Moor, Jacques Martin (lui aussi décédé récemment) et d’autres, avaient largement le talent (et l’habitude) de poursuivre GRAPHIQUEMENT la série, sans que personne n’y ait pu déceler le moindre changement, l’esprit de son héros disparaissait forcément avec son créateur.

On pourrait aussi parler d’Alix, justement, après la mort récente de son créateur ; Jacques Martin, dont la série va continuer, mais Martin avait pris le soin, depuis longtemps déjà, de former des collaborateurs qui effectuaient déjà l’essentiel du travail.

Pour résumer et donner ma position sur la question posée par l’article ; les héros doivent-ils mourir avec leurs créateurs, je reviendrai à ma réflexion postée plus haut ; à savoir la distinction entre les héros « réalistes » (Blake et Mortimer, Blueberry, Alix, Buck Danny, etc..), dont la continuation peut se faire sans trop de dégâts, pour peu que les successeurs soient choisis parmi les dessinateurs et scénaristes de talent (et ça ne manque pas dans la BD), et qu’ils respectent l’esprit de la série originale ; en revanche, pour les séries beaucoup plus humoristiques (Spirou et Fantasio, Tintin, Lucky Luke, Asterix, etc...) le challenge relève de l’impossible, ou de la pure opération commerciale, tant on ne remplace pas des hommes de génie comme Goscinny, Franquin, ou Hergé.

Autant les laisser, donc, disparaitre avec leurs créateurs (ou principaux animateurs, comme Franquin, qui, pour moi, reste le vrai créateur de la série, ayant « inventé » le marsupilami, le Comte de Champignac, etc...), pour un ensemble d’albums dont la qualité et le talent ne seront jamais égalés.

Autant, également, se tourner vers d’autres héros, plus récents, de nouveaux créateurs de talent ; ce n’est pas ce qui manque ;( je n’en ferai pas la liste ici ; elle serait trop longue), et retourner retrouver intacts nos plaisirs et joies d’enfant et d’adolescent en relisant pour la enième fois des albums et des héros qui ne vieilliront jamais.


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