L’extrême droite et la manipulation de l’information
Vous vous souvenez certainement de ce texte infâme écrit ici il y a un an déjà par un des rédacteurs, " rationnaliste et défenseur acharné de la laïcité" (*) et comme par hasard écrivant également sur le site Riposte Laïque. Il était venu répercuter un ragot invérifié contre lequel je m'étais élevé assez vite, le jugeant sans aucun fondement et dangereux pour la compréhension de ce qui avait pu réellement se passer. Une mise en écho d'une rumeur vaguement entendue sur un quai à Lampedusa, selon un rédacteur du Figaro, et qui, comme toute rumeur avait fait florès, car très vite reprise par des sites d'extrême droite tel FdeSouche. Une information d'autant plus vite reprise chez eux qu'elle était fondamentalement islamophobe, sinon franchement raciste : la reprise de l'information tournant aussitôt chez eux à la vindicte anti-islam, avec le rôle que sont censées jouer les femmes dans cette religion. Selon ces désinformateurs, ces femmes auraient en effet été jetées vivantes en mer car elles auraient ainsi été sacrifiées à la place des hommes...
Or, aujourd'hui, une tout autre version se fait entendre, et elle replace les choses à l'inverse de ce a qui pu être entendu et écrit au départ. Et cette fois cela s 'appuie sur des faits indéniables, contrairement à la vague antienne répandue par une extrême droite avide de scoops de ce genre et reprise par l'auteur. Provenant des témoignages dignes de foi, en particulier, car étant ceux des acteurs eux-mêmes de cette terrible aventure. Qui semblent surtout montrer que la vague rumeur d'origine était tout sauf anodine. Savamment orchestrée, elle permettait en effet avant tout d'éviter d'en arriver à des faits qui sont pour le moins très embarrassants pour certains. Et ceux-ci sont bien pires encore... d'où, sans nul doute, la propagation organisée de son contraire... Envoyée sous forme d'extincteur à ce qui aurait pu provoquer un tout autre brûlot médiatique. Retour sur la mort oubliée d'émigrés qui auraient très bien pu survivre, si les règles les plus élémentaires d'assistance en mer avaient été suivies à leur égard, y compris par les... français.
Rappelons rapidement l'extrait signé Vincent-Xavier Morvan (le correspondant de Elle à Nice, en photo ci-dessous à droite, lié à "Alice Au Pays Des Merveilles" l'agence de com' d'Alice Marouani) dans le Figaro du 6 avril 2011 qui avait mis le feu aux poudres : "tous, exclusivement des hommes jeunes, plutôt pauvres et rarement francophones, racontent la même histoire. Comme Tarek, 20 ans, parti il y a vingt jours de Kairouan. "Nous étions entassés à 150 dans un bateau prévu pour 60, explique le garçon. Au cours du trajet pour Lampedusa, douze filles ont été jetées à la mer. Puis j'ai été transféré en Sicile, je me suis échappé et j'ai pris le train. Mais maintenant je n'ai plus d'argent alors, ce soir, je pars moi aussi par la plage". En fait, le Figaro s'était fait doubler par un témoignage plus récent de la Marseillaise ", en date du 29 avril 2011 , recueilli par Myriam Guillaume dans son article " pas d'accueil pour les 200 tunisiens en exil ", où là c'était un Hamed, cette fois, qui avait déclaré avoir vu "un zodiac virer 17 femmes par-dessus bord pour délester l’embarcation. Un ami a abandonné son frère en pleine mer car le capitaine le menaçait de le jeter à l’eau s’il récupérait ce frère tombé du bateau..." Chez nous, c'est le rédacteur Docdory qui répercutait ses deux informations plutôt vagues, en lui collant tout de suite une connotation complotiste : "une chose est certaine" disait-il , "c'est que personne n'a intérêt à enquêter sur cette affaire (...) les associations de défense des droits de l'homme sont en face d'un conflit d'intérêt : certes, elles sont censées défendre les droits des femmes, mais dans une affaire comme celle-ci, cette défense rentrerait en conflit avec une des raisons d'existence principales de ces associations, qui est de défendre l'immigration sans restrictions, et la régularisation de tous les clandestins. Ce principe " généreux " risquerait fort de se voir remis en question au cas où l'affaire se confirmerait." On imagine tout de suite le voir utiliser le vocable "droitdel'hommisme" . En fait, Docdory parlait d'une affaire "étouffée", sans se rendre compte qu'il s'agissait d'une toute autre, que l'on vient juste de découvrir. Il venait nous dire qu'une enquête serait préjudiciable à certains : il avait raison, au détail près que c'est lui qui se retrouve visé aujourd'hui !
Je m'étais élevé aussitôt contre cette annonce orientée dans laquelle tombera notre regretté Paul en le mettant en garde, lui et les autres lecteurs : "Paul, pourquoi donc tombez vous aussi facilement dans ce ragot MANIPULATEUR ? Ecrit par un islamophobe patenté" en ajoutant un peu plus loin que "la RUMEUR étant le fondement des pratiques fascistes"... et ça, ça en est une", en rappelant au passage que le ragot venait d'InfoPresse, fausse agence extrémiste de droite, qui le tenait elle-même du site du "Parti de la France", celui de Karl Lang, transfuge du Front National. Ce dernier avait titré "vive la condition féminine", et n'avait pas hésité à commenter de cette manière l'événement : "nous apprenons que de jeunes clandestines tunisiennes seraient en priorité jetées par dessus bord par les hommes pour éviter de chavirer au large de Lampedusa… Cette pratique pourrait en partie expliquer l’absence quasi totale de femmes parmi les jeunes Tunisiens débarquant chaque jour à Lampedusa." Il s'agissait déjà d'une interprétation, sinon d'une falsification manifeste de la réalité.
Heureusement, d'autres veillaient. Un très bon article de Laure Daussy dans Arrêt sur images fera le 5 mai suivant le point sur ces désinformations manifestes, nées de ragots colportés de port en port par les prétendants au départ pour Lampedusa. Son enquête révélera qu'aucun de ses témoignages balancés à la sauvette n'avait en fait été vérifié : "quant à Arnaud Dingreville, rédacteur en chef du Figaro, qui a relu l'article avant de le publier, il reconnait que cette phrase a fait débat au sein de la rédaction en chef. "On a souhaité vérifier cette information, mais c'était impossible",explique-t-il. "On n'allait pas la retirer sous prétexte qu'elle était impossible à vérifier. On l'a gardée en tant que témoignage". Du coup, il n'a pas souhaité non plus trop la mettre en valeur. "Si on l'avait davantage mise en valeur, cela revenait à donner comme acquis des faits invérifiables". D'où cet étrange entre-deux : une affirmation choquante, mais presque cachée, sans jamais préciser qu'elle n'a pu être vérifiée". L'autre journaliste avouant au téléphone que ce qu'elle avait décrit ne s'était pas passé comme ça et qu'elle "plaidait le manque de temps... Et ajoutait qu'elle ne souhaitait pas, au départ, conserver ce témoignage dans son papier, le trouvant trop sujet à caution. C'est son rédacteur en chef qui avait insisté pour le laisser". Bref, rien de ce qui avait été écrit ne tenait debout, et personne, surtout, ne l'avait vérifié. Et surtout pas Arnaud Dingreville, un homme issu de l'ESJ de Lille, ancien rédacteur en chef de France-Soir, passé par VSD et venu du Courrier Picard, où son arrivée avait laissé de vilains souvenirs aux journaliste du crû, comme l'avait raconté avec verve François Ruffin, fondateur du journal alternatif Le Fakir (**)
Bref, le flou complet était devenu dans plusieurs sites d'extrême droite une information sérieuse et la preuve de jusqu'où allait l'islamisme, qui jetait selon eux en priorité les femmes à la mer. Il s'agissait donc bien d'une rumeur, entretenue de site en site d'extrême-droite, chacun rajoutant au passage un supplément dans l'horreur. Tous s'étaient fait le relais de ce qui n'était en réalité qu'un simple ragot, mais un mensonge fort pratique pour alimenter leur islamophobie maladive. Ainsi feront Poste de Veille, ou Bivouac-ID, dans le forum suivant les émeutes à Lampedusa, ou encore le "fameux" Parti de l'innocence ("Le Parti de l'In-nocence est constitué autour des valeurs de civisme, de civilité, de civilisation, d'urbanité, de respect de la parole et d"in-nocence") de l'ineffable Renaud Camus, toujours prompt à se montrer lui aussi islamophobe. Même son de cloche dans le forum Euro-Reconquista, qui y allait avec un titre d'un goût plus que douteux ("les mouquères à la mer !!"), où viendra poster une dénommée "Angelle" pour affirmer que "quand je vois les images j'ai la nausée.... j'aurais aimé que aucun n'en sorte".... d'un cynisme sidérant. On assistait à une véritable surenchère. Avec également L'Observatoire du Parlement, avec un pas beaucoup plus élégant "cette pratique de « délestage » qui ne semble pas émouvoir plus que cela la presse française…".
N'oublions pas non plus le site où sévit également l'auteur cité, Riposte Laïque, dans un texte signé Chantal Crabère (et sa "fan" la célèbre "Ariane"), "poétesse" passée de Mitterrand à l'extrême droite, partisane de la thèse islamiste à AZF (bien sûr chez elle, tous les maux viennent de là, pas vraiment un conte de fées chez elle) qui fera dans le grandiose, question racisme même plus caché avec une déclaration surréaliste remettant en cause les fondements même du trafic, connu de tout le monde pourtant, et abondamment décrit dans la presse : "ces jeunes hommes qui arrivent à Paris sans argent, ont-ils réellement payé la somme de 1.000 € aux passeurs ? Si la chose est avérée, nous en sommes à 29 femmes noyés et un homme soit 30.000 euros gagnés pour une si odieuse besogne ! Y en a-t-il eu d’autres ? Quelle a été l’attitude des hommes sur les bateaux ? Se sont-ils interposés ou ont-ils aidé le capitaine à alléger la charge des zodiacs ?" ... Chez Info presse, ça ira crescendo, avec un abject "Les immigrés de Lampedusa : des tueurs de femmes" signé "Loic Baudoin", qui allait descendre encore plus bas dans le délire avec ce commentaire immonde : "c’est à dire, pour qui sait lire, que de jeunes clandestines tunisiennes ont servi de « lest humain ». Cette pratique pourrait expliquer, en partie, l’absence quasi totale de femmes parmi les jeunes Tunisiens débarquant chaque jour à Lampedusa… Par pudeur sans doute, le témoin ne précise pas si les jeunes filles qui sont offertes offrande à Neptune ont fait l’objet d’une tournante ou non avant." Ecœurant de bassesse ! Tout le monde ayant remarqué sauf lui que sur les clichés des bateaux PLEINS, les femmes ont toujours été quasi absentes... dès le départ, les migrants étant des ouvriers cherchant de quoi nourrir en Europe leur famille restée sur place.
Mais la manipulation se faisait jour, avec lui, car l'auteur de ce torchon n'est pas vraiment une surprise : Loic Baudoin est en effet un pseudo, celui de Christian Bouchet, (ici avec Soral) auteur avec Pierre-Olivier Sabalot d'un livre pro-Terreblanche, le petit hitler de l'Afrique du Sud blanche. Sabalot, exclu du FN après la découverte par la police d'images pédophiles dans son disque dur et détenteur d'explosif chez lui (et condamné pour l'ensemble à 2 ans fermes)... Bouchet, ses amours catholiques (pas de pédophilie chez les prêtres, ou si peu...selon lui !) et ses amitiés douteuses, qui "a été l’un des nombreux invités de la dictature syrienne au mois d’août 2011 ; comme Alain Soral à la même période, et 200 autres personalités étrangères invitées par l’organisation “Syria is Fine“. Boucher, celui qui a fait circuler un texte, en France en 2010, un brûlot manipulateur comme l'extrême-droite en produit hélas régulièrement. "Cyniquement, ce texte véhiculé par les sites d’extrême droite française et encourage les musulmans à se consacrer au terrorisme : aux attaques à l’explosif dans les zones civiles [urbaines] sur le modèle irakien… Les sites de propagande info-libye.com, le site mariniste francaisdefrance.worpress.com “La toile bleu Marine : regroupement des blogs soutenant Marine [Le Pen]“... le blog conspirationniste très populaire L.I.E.S.I. (le blog le plus consulté de WordPress), Egalité & Réconciliation (“Fan club” d’Alain Soral), mecanopolis.orgle 3 mai [2], nationspresse.info (voir plus bas), le blog de Jacques Tourteaux le 11 mai, etc. Ces sites reproduisent le texte de zebrastationpolaire.info".
Un texte qui poussait à tuer ouvertement des militaires français, voilà qui devient encore plus grave au vu des événements récents que la France a vécu : "une cible particulièrement vulnérable serait les étudiants des écoles militaires , élèves-officiers , ” tout homme en uniforme de l’ennemi doit être détruit ”. Et tout cela sans oublier de poser tranquillement aux côtés de... Marine le Pen ! Des pro-hassadf, dont le profil est bien connu ici... Enfin, avant qu'elle ne lui demande de se calmer nous apprend le site Droites Extrêmes : "autre "fusible" de leur camp que les marinistes font sauter : Christian Bouchet. Lui ne risque pas l'exclusion mais cette figure des nationalistes-révolutionnaires n'est plus secrétaire départemental adjoint de Loire-Atlantique. La raison officielle : le site VoxNR, clairement nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-Iranien, qu'anime M. Bouchet." VoxNr, celui qui avait répandu l'idée des "sacrifices" de femmes à bord des bateaux... dans lesquels il n'y en avait pas, au départ, de femmes !
Le sommet peut-être provenant de la tête de pont de tous ces sites, le fameux Gates Of Vienna, site fascisant dont les serveurs sont installés aux USA et chez qui s'alimentent tous les extrémistes de droite dans le monde, y compris Pamella Geller, la fêlée islamophobe amie de Karsenty, en France, mais aussi... Anders Breivik, qui devra bien citer un jour dans son procès qui l'a aidé intellectuellement... mais aussi financièrement à monter une opération élaborée pendant des années, avec des échanges mails avec les personnes citées. Dont des français, comme par hasard affiliés au FN ou à Riposte Laïque....
Ou encore FdeSouche bien sûr, qui lui titrait sans vergogne le 5 août à propos semble-t-il d'une autre embarcation qu' "une centaine d’immigrés, « surtout des femmes », n’auraient pas survécu et auraient été jetés par dessus bord", ce qui déjà était un glissement sémantique : elles étaient donc bien mortes, celles-là, selon le site islmamophobe : le 11 mai précédent, le même site avait titré : "Au cours du trajet pour Lampedusa, douze filles ont été jetées à la mer"... laissant entendre plein de choses.. un "addendum" étonnant sur-ajoutant sans plus de honte que pas tout à fait, "qu'elles avaient été "sacrifiées" vivantes" et "qu'une enquête avait été ouverte mercredi pour vérifier des allégations d’un réfugié venu de Libye, qui a raconté que certains passagers du bateau à bord duquel il se trouvait avaient été victimes d’un sacrifice humain et jetés à la mer dans l’espoir de calmer une tempête"... En fait, la reprise mot à mot de la désinformation lancée par VoxNr... orchestrée par Bouchet. Après la religion, voici que déboulait l'obscurantisme : tout a vraiment été fait pendant des mois pour diaboliser les émigrés, décidément ! Le site n'avait pas dû trouver son titre assez accrocheur avait visiblement rajouté l'extrait de 20 Minutes, cette fois, repris de l'Afp... à partir de la déposition d'un jeune ghanéen faite à l'ONG « Save the Children ». Qui avait même ajouté "il a aussi déclaré que des femmes avaient été violées sur le bateau", comme si les charges précédentes n"étaient pas suffisantes pour provoquer l'indignation. Cette surcharge de condamnation, à partir à chaque fois de ragots et non d'enquêtes sérieuses, à force, finissait par laisser planer un autre doute : et si ces tableaux apocalyptiques manipulés dans un but islamophobe avaient servi une autre cause encore : celle de paravent ou de contrefeu à une affaire véridique, celle-là, mais hautement embarassante pour certiains. C'est ce que je vous propose maintenant de découvrir. Des corps ont bien été jetés à la mer, sur une embarcation, et parmi ces corps figuraient des femmes en effet. Mais cela ne s'était pas passé comme on a pu le raconter, ou le fantasmer chez l'extrême droite et ses manipulations d'opinion.
Glissé au milieu d'un reportage sur les émigrés arrivés en masse à Vintimille, c'était donc parfait : de quoi emballer aussitôt la fachosphère, ce qui s'était effectivement produit, les islamophobes sautant sur l'occasion, à tort. Mais ces rumeurs avaient un fondement : celui d'une histoire vraie, celle-là, mais qui ne s'est pas passée du tout comme on vient de le lire. Au départ, c'est une histoire comme il y en a eu des centaines ces derniers mois. Celle de ceux qui fuient une Libye où quoiqu'ils fassent, désormais, ils seront pourchassés par un racisme bien ordinaire dû au choix de mercenaires étrangers de Kadhafi. Avec une organisation de passeurs, qui utilise cette fois-là une embarcation plutôt de bonne facture, extérieurement (avec les tarifs pratiqués ils ont de quoi investir dans ce sinistre trafic), contrairement aux rafiots habituels, ce qui rend l'événement assez unique. "Le navire, un Zodiac de sept mètres de long, quitte le rivage libyen dans la nuit du 26 au 27 mars en destination de Lampedusa, avec à son bord 70 adultes, dont 20 femmes, enceintes pour certaines, et deux bébés. Serrés côte à côte, une majorité d’Éthiopiens, mais aussi des Ghanéens, des Soudanais, des Érythréens et des Nigérians. Venus travailler en Libye, ces migrants fuient un pays dans lequel ils se retrouvent pris au piège. Beaucoup vivent terrés, rassemblés à plusieurs dans des maisons, car, originaires d’Afrique subsaharienne, ils sont la cible d’agressions de la part d’opposants au régime en place qui les soupçonnent d’appartenir à des milices pro-Kadhafi. Ceux qui viennent de pays en guerre n’ont d’autres solutions que d’embarquer pour l’Europe." Embarquer, en payant des sommes exorbitantes aux passeurs, qui vivent de leur malheur, cela on le sait, hélas. En très forte majorité, à bord, des hommes, partis... chercher un travail en Europe.
L'embarcation à beau être en bon état elle est surchargée, ne dispose qued'un seul moteur, et le passeur un fort mauvais naviguant, dans une mer Méditerranée dont on connaît la traîtrise météorologique. À peine quelques heures de navigation, une tempête annoncée par la météo arrive au dessus de la tête, et les ennuis sont déjà là. Le passeur a visiblement du mal à tenir le bon cap. Bizarrement, un avion français présent en raison des opérations militaires en cours en Libye est le premier à découvrir l'embarcation, qui lui signale alors ses difficultés.
– Dès 16h55 le 27 mars, l’embarcation est survolée par un avion de patrouille français qui prend une photo des migrants transmise aux garde-côtes italiens avec son positionnement, 33° 45 mn de latitude nord et 13° 05 mn de longitude est". L'avion n'est pas suffisamment décrit pour savoir s'il s'agît d'un Bréguet Atlantic II ou pas, mais on peut largement supposer qu'il s'agît bien de ce modèle d'appareil. "À la 43e semaine d'opération, entre le 8 septembre 2011, 6 h 0, et le 15 septembre 2011, 6 h 0, les forces françaises ont réalisé 96 sorties d'attaques au sol (Rafale Air, Mirage 2000-D, Mirage 2000-N et Mirage F1 ), 30 sorties de reconnaissance (Mirage F1 CR, Atlantique 2, drone), 7 sorties de contrôle aérien (E3F) et 9 sorties de ravitaillement (C135)" note Wikipedia (***).
À bord, le passeur, passablement affolé par la tournure catastrophique des évènements, muni de son indispensable Thuraya (le même équipement que celui dont disposait la famille Kadhafi, comme on pu le découvrir plus tard) lance en fin d'après midi un SOS à son correspondant libyen resté à terre.
– Vers 18h00, les migrants munis d’un téléphone satellitaire contactent un prêtre érythréen vivant en Italie, Mussie Zerai, dont le numéro circule parmi les exilés puisqu’il est connu pour être une personne à appeler en cas de problème. L’homme d’église prévient à 18h28 le Centre romain de coordination des secours en mer. Les coups de téléphone via l’opérateur Thuraya permettent une localisation précise : 33° 58,2 mn de latitude nord et 12° 55,8 mn de longitude est. Mussie Zerai, celui qui est interviewé ici à la tête du site Migrants at Sea, et qui se révèle être un prêtre catholique erythréen, car un bon nombre d'émigrés à bord de ses embarcations le son aussi, catholiques, et non... musulmans ! Mussie Zeraï et son organisation Agenzia Habeshia, qui va être le premier à fournir les éléments d'enquête sur ce qui s'est réellement passé sur le gonflable, aidé par William Nicholas Gomes, qui va interpeller le ministre de la défense canadien sur le manque de réaction des forces militaires présentes à proximité du zodiac en perdition.
Le coup de fil et le passage de l'avion français sont relayés deux heures après par les gardes côtes italiens qui annoncent que le bateau d'émigrés est sinon en train de sombrer du moins en grande difficulté, de moteurs notamment semble-t-il.
– "À 20h54, un appel de détresse est lancé par les garde-côtes italiens à l’ensemble des navires circulant dans le canal de Sicile. Le niveau de priorité “détresse” est le plus élevé prévu par la Convention internationale de 1979 sur la recherche et le sauvetage maritimes. L’information est relayée auprès des garde-côtes maltais et du quartier général de l’Otan basé à Naples. Les navires français, présents dans la zone, ne réagissent pas".
Les français alertés, tous militaires, ne sont pas restés entre temps totalement à ne rien faire. Ils enverront à deux reprises un hélicoptère qui va porter secours à sa façon aux personnes en difficulté :
– "Dans la soirée, les survivants déclarent avoir été survolés par un hélicoptère militaire. En réponse à leurs cris et gestes pour signifier leur détresse, il leur fait signe d’attendre et repart. Les exilés pensent alors qu’ils vont être sauvés. Dans la crainte d’être poursuivi comme “passeur , le pilote du bateau jette par-dessus bord les moyens de communication et de navigation (téléphone, GPS et boussole). Le dernier signal est émis à 21h08. Aucun secours ne vient". Selon Mussie Zeraï, sur les flancs de l'hélicoptère il était spécifié “ARMY” ou “RESCUE ARMY” ce qui laisse entendre qu'il aurait s'agit plutôt d'un hélicoptère anglais de type Lynx ou Sykorsky (mais le texte est en anglais, et ce serait aussi ARMEE, traduit).
– "Des heures plus tard, au milieu de la nuit, ils demandent de l’aide à des bateaux de pêcheurs qui refusent de les secourir. Peu après, un hélicoptère surgit, sans savoir s’il s’agit du même. Il largue des bouteilles d’eau et des biscuits, mais repart".
Deux interventions, que l'ont peut supposer fortement du même appareil sinon du même envoyeur marin : un bâtiment de surface de la marine française, qui doit quelque part, dans son carnet de route, avoir noté ses deux interventions successives. Les marins français étaient bien au courant de la situation et de la localisation de l'embarcation. On peut raisonnablement penser que le second appareil est de la même provenance, les italiens n'ayant pas déclaré de mouvements de leurs appareils à ce moment là.
– "Le 28 mars, en début de matinée, l’essence vient à manquer. À 6h06, les garde-côtes italiens lancent une deuxième alerte. Voici ce que dit le message : « Sud Mer Méditerranée. Bateau, 68 personnes à bord, besoin d’assistance à 33–58,8 N 012-55,8 E (…). Navires à proximité priés de rester très vigilants, d’aider si possible. » Selon les règles internationales, la signalétique (“Hydrolant 52, 53 et 56”) montre que l’appel est destiné à une large zone de navigation dans laquelle se trouvent des forces militaires, notamment françaises. Celles-ci, selon les ONG, n’ont pas pu ignorer le message, d’autant que ce dernier a été diffusé pendant dix jours toutes les quatre heures."
Le radeau pneumatique des émigrés va pourtant continuer son périple infernal pendant 16 longs jours, désormais dépourvu de moyen de communications et de navigation. Il navigue à l'aveuglette, presque sans carburant désormais. Toujours sans aucune aide extérueure, à court de pétrole, il est alors en complète perdition. On dénombrera au final 33 morts, sur 72 occupants au départ. Le zodiac devenu radeau a été décimé.
Parmi ceux-ci on obtiendra un témoignage d'un survivant, Dan Heile Gebre, enregistré par les journalistes Lorenzo Pezzani et Charles Heller, dans leur émouvant documentaire, qui racontera l'horreur vécue : "Au bout du cinquième ou sixième jour, les premiers décès se produisent. Après dix jours en mer, plus de la moitié des personnes à bord avaient péri », indique la plainte. « La soif, la faim, l’odeur des cadavres ont jeté ces migrants dans un désarroi qui a poussé certains d’entre eux à se jeter à l’eau, précise-t-elle. Les cadavres sur le navire devenant insupportable, les survivants ont été contraints de les mettre à l’eau." On comprend mieux maintenant ce qui a pu être raconté en faux dès qu'on s'est aperçu du danger que pouvait représenter la divulgation de ce désastre mettant en cause un cas patent de non assistance en danger, mettant en cause en particulier la Marine française. Et le pire c'est que d'aucuns, ici même, ont sombré eux aussi, mais dans une propagande éhontée servant des intérêts racistes, dont ils sont hélas coutumiers, au prétexte de rendre compte des faits sur lesquels ils n'avaient en rien enquêter.
Car la comparaison avec une affaire similaire et un bateau-passeur fort ressemblant à celui de notre affaire joue en défaveur de l'armée française. Un cas étrangement similaire s'était en effet produit au large de Malte le 15 janvier qui avait précédé, dans lequel un bateau similaire emportant 68 personnes avait été repéré par un Lockheed Orion du Patrol Squadron 47, parti de la base navale de Sigonella (l'équivalent quadrimoteur du Bréguet français), et ayant repéré le gonflable à l'infra-rouge, en pleine nuit. L'avion fera des cercles au dessus de l'embarcation en difficulté en attendant l'arrivée sur zone du cargo Panaméen M/V Verona, à bord duquel les migrants, cette fois sauvés, monteront. Ce qui avait été réussi en janvier par les américains n'aurait pu être fait par les français deux mois plus tard ? Terrible témoignage, que celui de ce sauvetage réussi dans des conditions totalement similaires, au nombre de passagers du zodiac près ! Le sauvetage, bien documenté par la Navy US, fière de montrer ses capacités humanitaires, montrait des photos des différentes phases de la recherche. La parfaite réussite de l'opération du 15 janvier rend d'autant plus rageante l'échec complet de celle du mois de mars : l'état de guerre ne peut pas tout aussi facilement expliquer !
Aujourd'hui, on songe donc sérieusement à demander des comptes aux autorités, et notamment aux autorités françaises (****). Qui, à ce moment là, était en pleine opération Harmattan, rappellons-le : celle de l'attaque de la Libye, à partir notamment des Rafale du Charles de Gaulle, un bâtiment, qui, on le sait, ne navigue jamais seul. "D'après les données du ministère français de la défense et des anciens combattants, vingt-sept bâtiments de la marine ont été mobilisés. Dans les airs, plus de 27.000 heures de vol et environ 5.600 sorties ont été comptabilisées" pour l'opération Harmattan, du 22 mars au 4 août. Le navire amiral le Charles-de-Gaulle, était dans les environs, ainsi que ses ravitailleurs, le Marne et le Meuse, mais aussi les BPC Mistral et Tonnerre, les frégates de défense aérienne Forbin, Chevalier Paul, Cassard et Jean-Bart, les frégates anti-sous-marines Georges Leygues, Dupleix, Montcalm et Jean-de-Vienne, les frégates furtives Courbet, Guépratte et Aconit, les avisos Lieutenant de Vaisseau Le Hénaff, Lieutenant de Vaisseau Lavallée et Commandant Birot, et même plusieurs sous-marins nucléaires d'attaque. Plusieurs, c'est évident, auraient pu porter secours aux naufragés. Dès le début du conflit, la chasse libyenne avait été clouée au sol et était incapable d'une attaque en mer. Le détournement d'un navire n'aurait affaibli en rien la "Task Force" française. Le passage a deux reprises au dessous du radeau d'un hélicoptère français démontre bien que la Marine avait consicience des difficultés de l'embarcation libyenne : c'est un élément à charge du dossier. Les BPC étant des porte-hélicoptères pour Tigre, Cougars, Pumas, Caracal, Gazelle, Dauphins (comme celui qui atterrira sur le Mount Whitney navire admiral US). Le plus gros "Caiman", cet hélicoptère performant remplaçant des gros "Frelon", n'étant testé que le 9 mars dernier manquant à l'appel lors de l'opération. On penche pour un Puma, siglé "armée de l'air", celui de sauvetage sur le Charles de Gaulle. En prime, le couple Frégate/Bréguet Atlantic fonctionne plutôt bien, puisqu'en 2008 c'est la combinaison des deux forces qui avait permis au sauvetage du Carré d'As pris en otage le 2 septembre 2008 par des pirates somaliens (et libérés par des commandos français les 15 et 16 septembre). Des commandos venus de la frégate furtive Courbet.
Ce qui, aujourd'hui pose un problème juridique évident, L'article 92 de la Convention des Nations unies de 1982 sur le droit de la mer, prévoit en effet qu’en haute mer, les bateaux sont soumis à la juridiction exclusive des États dont ils battent pavillon. L'appell lancé par les italiens ayant bien été reçu par les français constituait quasiment un ordre universel de sauvetage à effectuer au plus vite. Il y a un an en mer Méditerranée, un naufrage dans lequel trouvèrent la mort 33 migrants dont deux bébés et des femmes enceintes a eu lieu". "Ils fuyaient la Libye en guerre et bombardée par l’Otan. Aucun navire, de pêche ou militaire, n’est venu à leur rescousse. La traversée en direction de l’Italie devait durer 24 heures tout au plus, l’errance ne cessera qu’au bout de seize jours, sur les mêmes côtes hostiles qu’ils avaient voulu quitter. Les quelques rescapés ont aussitôt été enfermés dans les prisons libyennes". Seize jours d'horreur à la place d'un seul, sans que personne ne leur porte secours (des cargos au voisinage de leur trajet ont refusé aussi de se détourner ) ? Mais c'est l'horreur !
Au bilan final, les chiffres en attestent sans aucune ambiguité : selon l’organisation des Nations unies pour les réfugiés, 1500 personnes sont mortes en 2011 en traversant la Méditerranée. Parmi eux, 33 personnes que l'on a abandonnées... en lançant juste après pour se disculper les pires rumeurs, histoire de rejeter sur les migrants eux-mêmes l'horreur de la non assistance à personne en danger flagrante dans ce cas. L'extrême droite a bel et bien servi a camoufler cette horreur : en spécialiste de la manipulation d'opinion, en colpotrice habituelle de ragots infondés. Ces agissements, notamment sur le net, doivent être dénoncés, et c'est ce que constitue cette mise au point à propos d'un texte infâme paru ici-même.
DOCUMENTATION : lire ici "Boat people d’aujourd’hui", par Daniel Rondeau, ambassadeur de France à Malte d’avril 2008 à novembre 2011, publié dans l’édition daté du 26 mars 2009 du journal Le Monde.
http://www.nsae.fr/2009/03/26/boat-people-daujourdhui-par-daniel-rondeau/`
extrait : "un hélicoptère des forces maltaises a hélitreuillé des sauveteurs pour récupérer en pleine mer des survivants et notamment deux enfants déjà brûlés par le sel, transportés d’urgence à l’hôpital. Le bateau en perdition avait été signalé aux autorités maltaises par les observateurs d’un Falcon français surveillant la zone dans le cadre de l’opération “Frontex”. Les sauveteurs sont arrivés trop tard pour sauver une femme, sans doute la mère des enfants, qui avait déjà perdu connaissance. Elle est morte avant l’arrivée d’un autre hélicoptère. Cette chronique quasi quotidienne de la souffrance et de l’exil ne trouble guère les touristes et les lycéens venus de toute l’Europe améliorer leur anglais sur l’île de Calypso."
le dossier de la LDH est ici :
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4948
regarder le superbe documentaire italien :
http://la1.rsi.ch/_dossiers/player.cfm?uuid=7e867bda-549b-4d7c-8082-800f6eea8a7a
lire le texte "la guerre aux migrants" d'Emmanuel Blanchard, Olivier Clochard, Claire Rodier (Réseau Migreurop)
http://www.planete-urgence.org/association/article_4665_.htm?L=FR
le reportage de Jonah Hull d' AlJazeeraEnglish
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=T1TzR1kiGmw# !
montrant le survol de navires de migrants par un hélicoptère (qui semble être un Lynx, car doté de 4 pales alors que les hélicoptères italiens de type Huey n'en possèdent que 2) et un Bréguet Atlantic, davantage reconnaissable.
-regarder le très bon reportage de Canal Plus sur le FN et ses conseillers... pro-syriens, donc Frédéric Chatillon, homme du GUD, mussolinien gominé en puissance, à 37'30 du début du reportage et Philippe Peninque, conseiller du père LePen.
http://presidentielle2012.canalplus.fr/candidats/marine_le_pen?video=562753encore
(*) parmi ces "grands" textes, l'un des derniers à propos du 11 septembre, occasion pour lui de nous montrer une nouvelle fois ses tendances d'extrême droite patentes : "des gens d’une certaine gauche, post soixante-huitarde, déçue par le prolétariat qui ne vote plus pour elle, et qui s’est cherché chez les musulmans un prolétariat de substitution. Cette gauche est adepte d’un antiracisme tellement dénaturé que, pour nombreux de ces idéologues, prétendre que ces attentats étaient le fait de terroristes musulmans est déjà du racisme ! ( C’est le genre de « gauche » qui a protesté contre les lois sur les signes religieux à l’école et sur le voile intégral, qui subventionne l’édification de mosquées au mépris de la loi de 1905, qui présente une candidate voilée aux élections, ou qui traite Charlie-Hebdo de » raciste » pour avoir publié les caricatures de Mahomet…). Dans cette mouvance , il y a aussi des antiaméricains extrémistes de principe, qui trouvent dans la thèse complotiste un argument supplémentaire contre leur cible favorite ( comme s’il était besoin de ce genre d’arguments foireux pour critiquer les USA ! ). A cette « gauche » on peut rajouter la mouvance la mouvance islamo-gauchiste bien connue"... (que voulez-vous rajouter à pareilles idioties et pareille vindicte sur la gauche française ?).
(**) dans un texte au vitriol évocant la collusion avec le pouvoir local, notamment celui de Gilles de Robien : La " nouvelle formule ", lancée en septembre 2000, brosse les notables dans le même sens du poil. Outre une maquette rafraîchie, l'organisation fut " rationalisée " : " Il n'y a plus de service enquête-reportage, explique un journaliste. Plus personne ne suit le palais de justice, l'agriculture, l'urbanisme, les logements... Ils ont complètement cassé les rubricards pour renforcer les locales, pour mieux couvrir les fêtes en maison de retraite et les concours de dominos. " Ne suivant plus aucun dossier, les rédacteurs perdent leur capacité d'initiative, et collent donc à l'agenda des institutions : offices de tourisme, missions locales, conseil général, sociétés d'économie mixte, etc. Sautant d'un sujet à l'autre, ignorant l'historique des projets, ils ne risquent pas de gêner leurs interlocuteurs, de nuancer l'optimisme de ces " responsables ". Un rubricard " enseignement " avait donné des sueurs froides à la nomenklatura amiénoise. Un article décapant sur l'école de commerce (financée par la CCI et, à l'époque, dirigée par un adjoint à la ville d'Amiens), bloqué, en dernière minute, par le rédacteur en chef. Un voyage d' " affaires " du même adjoint vers des îles lointaines et chaudes... qui vaudra au journaliste une condamnation pour diffamation [7] et le courageux " soutien " de sa direction, enclenchant une procédure de licenciement. Ca lui apprendra à exercer son métier ! A " casser les rubricards " et à tout miser sur " la pro-xi-mi-té " (inlassable rengaine), on évite de semblables désagréments.
Place aux dociles
Cette " nouvelle formule " s'est accompagnée, également, d'une redistribution des places. Le rédacteur en chef, Arnauld Dingreville, débarqué de France-Soir, ne présentait un profil ni trop insolent ni trop gauchiste. Il n'arrivait avec, dans ses mallettes, aucun projet de cellule investigation (comme il en existe, par exemple, à L'Est républicain). Aucune ambition de réveiller la démocratie locale ou autres fadaises. Au contraire : " Vous savez que, ici, c'était tendu entre la mairie et le journal. Un de mes objectifs, c'est de faire vraiment de mon mieux pour que ça s'arrange. " Ce contrat-là, au moins, est rempli, jusqu'à combler d'aise un Gilles de Robien : " Le Courrier picards'est beaucoup beaucoup amélioré. " C'est dire si cet édile est photographié sous toutes les coutures… Malgré la lassitude ambiante, une nomination souleva un mini-tollé : celle du chef de la locale Amiens. Poste clé, au coeur des réseaux. La direction choisit le rédacteur le plus " rampant ", - et à ce titre guère estimé de ses collègues. Aussitôt, c'est le branle bas de combat, menaces de grève, etc, et la commission paritaire des rédacteurs, consultative, désigne Philippe Fluckiger. Un cégétiste notoire, jolie plume, proche du PCF... dont la Ville avait, dans les années 90, demandé en vain le renvoi. Découvrant ce choix, la hiérarchie faille s'étouffer : voilà qui ruinerait ses agapes avec employeurs et élus. Elle retoque donc le trouble-fête. A défaut de pouvoir imposer un " couché ", elle se contentera d'un journaliste " courbé " : Michel Maïenfisch. Un fait-diversier - " doué " dans ce domaine. Bien avec les Renseignements Généraux, bien avec la police, bien avec les gendarmes, bien avec tout le monde. Des accointances de bonne augure. Depuis, ce professionnel n'a déçu personne. En tout cas, pas les maîtres de la ville, qui peuvent gérer en paix - avec le silence du " contre-pouvoir ".
(***) "Les avions de patrouille maritime Atlantique 2 arrivent deux heures avant le début des opérations et en repartent deux heures après en ayant tout observé, enregistré, photographié. Avec sa tourelle infrarouge installée dans le nez, l’Atlantique se révèle une pièce maîtresse car il repère à plusieurs dizaines de km toute activité thermique. Il contribue donc à affiner le ciblage des hélicoptères et à détecter les « sonnettes », c'est-à-dire les observateurs kadhafistes placés sur la côte – sous une bâche ou dans un paisible chalutier – et chargés de prévenir les troupes à l’intérieur des terres, voire de tirer sur les hélicoptères avec des armes légères ou des missiles antiaériens portables SA-7".
(****) "Soutenue par plusieurs ONG (Agenzia Habeshia, Arci, Boat4People, Coordination et initiatives pour réfugiés et immigrés, FIDH, Gisti, LDH, Migreurop, Progress Law Network et Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme), la plainte vise, cette fois-ci, explicitement l’armée française, qui ne pouvait pas ne pas savoir, et qui aurait dû intervenir, selon les requérants. Elle retrace dans le détail la chronologie des faits pour corroborer ses dires" (....) "Les survivants ne sont plus détenus en Libye, mais leur sort est loin d'être enviable. Quatre d’entre eux, de nationalité éthiopienne, signent la plainte : Elias Mohamad Kadi, 24 ans, Mohamad Ahmad Ibrahim, 24 ans aussi, Kebede Asfaw Dadhi, 20 ans, et Abu Kurke Kabeto, 25 ans. L’un est sans résidence, les autres ont temporairement trouvé refuge dans le camp du HCR de Choucha, en Tunisie."
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