Hélène, je suis entièrement d’accord avec vous ! Vous soulevez un problème réel et très important. L’école maternelle a hélas bien changé depuis mes débuts. Et je pense qu’il faudrait faire des choix. La pédagogie qu’on nous impose est nulle en efficacité. Les évaluations sont destructrices pour les enfants et d’autant plus quand ils sont très jeunes. Les méthodes dites constructivistes imposées par les pédagogistes produisent l’effet opposé à celui qui en était attendu. Mais si les Etats-Unis - que nous copions pour tout et n’importe quoi - les ont laissé tomber, la France a elle pris des années de retard avant de réagir. Nous sommes assez peu nombreux à nous opposer à ces théories fumeuses car les injonctions pleuvent sur nos têtes, surtout à l’école primaire. Les formateurs des IUFM, décideurs de la pédagogie en France, ont acquis de hauts postes sans diplômes. Sur le plan universitaire, « Les Sciences de l’Education » sont la seule filière où les profs n’ont pas le même niveau que dans les autres orientations. C’est aberrant, mais ça tient ! L’on est en train de rattacher les IUFM à l’Université. Vaste arnaque sur le dos des enfants ! Mais je le répète, c’est trop facile de dire que les instituteurs sont responsables.Si, à mes débuts, la situation avait été telle qu’aujourd’hui, je n’aurais jamais exercé cette profession.
J’ai aussi eu le regret de constater que les syndicats enseignants ne militent que pour des causes très politisées. Jamais il n’y a d’action en faveur des RASED (Réseaux d’Aide Spécialisée pour les Elèves en Difficulté)qui sont pourtant en net manque de personnel. De même, lorsque les « Enseignants Itinérants » ont été supprimés (l’an dernier), les actions ont été engagées par les personnes directement concernées ( bien sûr soutenues par les collègues avec lesquelles elles travaillaient) mais sans atteindre l’ampleur d’un mouvement qu’on aurait pu espérer s’il avait été repris par les syndicats. Chacun reste cloisonné dans un rôle dont il déborde rarement car les contraintes administratives sont de plus en plus lourdes. J’ai d’ailleurs remarqué que les parents n’avaient même pas dû savoir ce qui se passait. Quand l’Académie prend des décisions, elle ne demande l’avis de personne.Le personnel compétent et normalement rémunéré est actuellement utilisé pour le travail de paperasserie qui a beaucoup augmenté depuis la création des super MDPH ! Voilà la différence entre ce qu’on raconte dans les médias et ce qu’on vit sur le terrain.
Merci FJB d’avoir compris tous les paramètres... Si j’ai un moyen de m’unir à tous ces combats, je suis prête à me rendre à une manifestation ou à m’engager d’une façon ou d’une autre... Envoyez-moi des infos par le biais d’A-V. Bien à vous.
à Myriam,
J’ai là encore l’impression que vous avez mal lu mon article. Je n’ai jamais vu dans le milieu où je travaille d’enfant autiste accompagné d’une personne compétente et encore moins rémunérée par les parents . Durant deux ans, il n’y a eu aucun autre adulte dans ma classe et durant deux ans une AVS Education Nationale, non formée, à mi-temps.POUR 30 ELEVES en milieu banal et 25 en ZEP.
Quant à parler de train -train, on voit bien que vous n’êtes pas souvent restée une journée entière dans une classe maternelle.
Il se trouve que j’étais une bonne ou très bonne enseignante selon les Inspecteurs avant d’avoir à gérer des élèves atteints de TED.Je ne suis ni formée ni assez solide pour assumer un travail loin de celui que j’exerçais. Ces situations m’ont mise en grande souffrance...et je ne suis pas la seule. Le nombre d’enseignants en arrêt de maladie à cause des conditions de travail va en augmentant. Puisque vous parlez de vos impôts, je vais insister : vous oubliez ce que nous coûtons à la Sécurité Sociale. Mais ce n’est pas la même caisse que l’Education Nationale, alors l’équilibre serait trop difficile à calculer. Je ne dis pas qu’il ne faut pas scolariser ces enfants différents . Mais je suis convaincue qu’il est nécessaire de le faire DANS DES CONDITIONS ADAPTEES, ce qui était théoriquement un engagement gouvernemental.
Si je reste anonyme pour le moment, c’est parce que je n’ai pas en plus besoin d’être ennuyée par ma hiérarchie. Ce que je dis haut et fort ne plaît pas plus aux sous-fifres de l’état qu’aux parents concernés.
Je pense que ce n’est pas une question de morale, comme il plaît à dire à certains, mais une question d’équilibre pour tous et dans tous les sens du terme.
Merci Mango de votre témoignage « sur le terrain » et de votre soutien. J’ai d’ailleurs été, l’an dernier, essentiellement soutenue par des collègues de CLIS sur le Net et je vous en remercie toutes.D’ailleurs en écrivant ce dernier mot au féminin, je constate que les seules réponses encourageantes que j’ai reçues émanent de collègues femmes...
Je ne « quitte » pas le métier mais je vais prendre une retraite anticipée. A l’époque où l’on parle de « régimes spéciaux de retraite », je me demande,au niveau de l’Education Nationale, si leur « spécialité » ne serait pas d’user les profs des écoles pour qu’ils coûtent encore moins cher. Quand on fait tout au rabais, on augmente les difficultés, on attise les haines ...et on règne encore. Mais combien de citoyens militent actuellemnt pour reconnaître légalement le vote blanc ?
C’est exactement ce que je disais ! La question qui concerne les enseignants n’est pas le POURQUOI mais le COMMENT.
Mme Monica Zilbovicius est médecin psychiatre et elle parle de rééducation. Je ne suis ni rééducatrice ni infirmière psychiatrique, pas plus que mes collègues de classes banales. Et les 29 autres ELEVES, qu’en faites -vous ???
Par ailleurs Mme Monica Zilbovicius n’a rien découvert de nouveau puisque Temple Grandin disait déjà mieux comprendre le langage des vaches que celui des humains.
Une année, j’avais dans ma classe un autiste pour lequel les parents me demandaient de parler moins fort et une mal- entendante dont les parents me demandaient de parler plus fort. Quel choix aurais-je dû faire, vous qui parlez beaucoup de devoir ?
Je vois bien que le point de vue d’UN parent se préoccupant de son enfant ne peut être identique à celui d’un professeur chargé de l’INSTRUCTION d’un groupe de 30 enfants. Je trouve qu’on fait facilement porter aux enseignants une responsabilité qui ne leur incombe pas. Je pense que démolir les acteurs de terrain fait reculer l’évolution et ne touche même pas les « décideurs ».
Avec tout mes regrets pour votre devoir de papa, nous ne pouvons, nous, les enseignantes en maternelle, continuer à porter le poids du monde sur nos épaules...
Bonjour Stephen !
Je n’ai pas l’impression que vous avez bien lu tout mon article.
Et si je vous réponds que je suis noire et lesbienne, que j’ai 30% d’enfants au teint foncé dans ma classe mais, à 4-5 ans, ne situe pas encore leur orientation sexuelle,pourrons-nous alors entamer un dialogue qui ne tourne pas exclusivement autour de la discrimination négative ?
Vous me parlez de recherches affirmant que l’autisme serait un trouble sensoriel. Tout d’abord, seriez-vous assez aimable pour m’envoyer quelques références ? D’après ce que j’ai lu, rien n’est prouvé et les paramètres sont nombreux. Ensuite, l’étiquette, comme je l’ai précisé plus haut, ne me semble pas d’une importance extrême. Ce qui m’interroge aujourd’hui n’est plus le POURQUOI mais le COMMENT.
Enfin, j’ai entendu un certain nombre d’expériences d’immersion en classe banale d’enfants sourds ou aveugles - maintenant devenus adultes - qui en ont beaucoup souffert et qui s’enfuyaient de leur école. Ce n’est pas de la complaisance, mais une observation pointue du réel. Une de ces personnes, aveugle, avait un haut poste au gouvernement précédent. Malheureusement, comme on en a très peu parlé car ce n’est pas « tendance », j’en ai oublié le nom.
Je n’ai jamais non plus prétendu qu’il fallait placer les enfants souffrant de TED dans un HOPITAL PSYCHIATRIQUE. De toutes façons, il n’y a pas de place ! J’affirme que si le gouvernement voulait honnêtement s’engager dans une politique en faveur des handicapés, il pourrait créer pour ces enfants des structures SPECIALISEES en internat comme en externat. Mais cela coûterait tellement plus cher que l’école publique qui demeure le moyen le plus économique de faire semblant de résoudre un problème beaucoup plus complexe qu’une égalité de droits.
In fine, puisque vous semblez trouver évident le droit à la même école pour tous, je vous invite à passer une journée dans ma classe... Car les parents de ces enfants comme ceux qui pondent des textes démagogiques, ne semblent pas être conscients des problèmes que certaines ILLUSIONS impliquent.
La langue de bois est un moyen facile de continuer faire une politique qui n’engage paersonne.
Veuillez, Stephen, recevoir l’expression de toute ma compréhension.
En prolongement de mon article, vous pouvez écouter une interview en Podcast publiée et réalisée par Philippe Steinier, webmaster du site http://www.handimobility.org/
Suivez le lien direct : http://cdn.libsyn.com/handimobility/Handimobility314.mp3
Il est triste de constater comment certaines personnes ne voient que par le petit bout de la lorgnette. Cet article ne fait pas seulement référence à l’affrontement traditionnel gauche-droite. Le fond des questionnements évoqués par M.B.Dugué semble éludé par une pulsion animale à rejeter avec violence celui qui pense différemment de soi. Ensuite, il faudrait voir quel est le sens attribué au terme « pensée ». Quel manichéisme chez ceux qui se targuent de faire de la politique ! Cela dit, il y avait longtemps que je le savais.
J’ai trouvé votre article très intéressant et bien écrit. Il résume fort justement l’état général d’une société malade qui ne semble pas déranger grand monde. Je suis surprise que le vote négatif soit si important. Mais les vrais questions sont-elles entendues ? Cordialement.
Bonjour Walter ! J’ai répondu à votre dernier commentaire dans un article dont j’attends l’éventuelle validation. Cordialement.
« Il n’est plus envisageable, aujourd’hui, de faire de la politique comme par le passé : le citoyen a évolué et souhaite être acteur des décisions concernant son avenir. Le chemin est ouvert et, même s’il faudra sans doute beaucoup de volonté, voire de fermeté... »
Je trouve votre point de vue sur l’individu très intéressant, mais je me demande si vous ne faites pas preuve d’un optimisme débordant en ce qui concerne l’évolution du citoyen. Je pense que les citoyens convaincus de pouvoir agir sont très minoritaires et que le peuple se fait avoir en toute conscience. Comment expliqueriez-vous le nombre d’heures consacrées à « la parole » des candidats au pouvoir dans les médias, si ce n’est pour embrouiller la compréhension des électeurs qui vont tranquillement aux urnes déposer leur bulletin. Ils disent ensuite : « Que voulez-vous, on n’a pas le choix ». En tous cas, c’est ce qu’ils me répondent quand je les questionne de vive voix sur la place publique. Quand on échange sur le web, on peut avoir une autre impression.
Pour ceux qui souhaitent plus de détails sur la connaissance des troubles autistiques.
http://www.ccne-ethique.fr/francais/pdf/avis047.pdf
Nous pouvons constater que les classements et les étiquettes sont différents entre les Etats-Unis et la France. Mais comme dans de nombreux domaines, nous importons dans notre pays tout ce qui vient des E-U. Le meilleur comme le pire. D’après tout ce que j’ai lu, les troubles autistiques sont très loin d’entrer dans le chemin de la connaissance...comme de nombreuses pathologies psychiatriques. Maintenant, il faut bien reconnaître que la France est en retard sur tous les plans : diagnostic, thérapies, formation et centres spécialisés.
Une autre forme de handicap, un autre témoignage...
Veuillez me pardonner de me répéter.J’ai toujours différencié mon élève atteint de psychose infantile des trois autres enfants souffrant de troubles autistiques. J’ai d’ailleurs beaucoup mieux communiqué avec celui-là. J’ai étudié la psychiatrie pendant des années. J’ai essayé d’enseigner en classe spécialisée, ce qui m’a permis de reconnaître objectivement que je n’étais pas assez forte pour assumer UN ENSEIGNEMENT DE QUALITE avec des élèves à profil trop sensible. Je ne souhaite pas entrer dans une diatribe stérile. Là n’était pas mon propos. Il est certain qu’entre deux maux, il est souhaitable de choisir le moindre. Mais devons-nous cautionner cette politique de l’insuffisance ? C’est en acceptant qu’on laissera faire n’importe quoi sinon rien.
Mon dernier commentaire a été chronologiquement mal placé. Il faut le lire APRES celui d’Emmanuël.
Pour Maurice,
A vous lire, j’ai l’impression que vous vivez dans un paradis doré. Il me semblait avoir bien expliqué toute l’aide que j’ai reçue. Les informations, je les ai trouvées dans des livres ou sur des sites internet. Pour la quatrième année où j’ai en charge des élèves « handicapés », vous devez bien vous douter que j’ai remué ciel et terre pour obtenir de l’aide. Sur le plan pratique, dans la première école, je me suis débrouillée seule. Dans la deuxième, j’ai obtenu quelque soutien de la directrice et de certaines collègues, sur la base du volontariat ! De toute façon, quand vous êtes dans la classe, vous êtes seule ! En ce qui concerne les syndicats, je préfère ne rien dire tant j’ai été dégoûtée par leur magouilles... Quant aux parents, il me semblait avoir été claire sur ce qu’on pouvait en attendre. Pour le premier élève, j’ai DU faire un bilan présenté lors de l’Equipe de Suivi. Quand les résultats ont montré que l’élève avait à peu près deux ans de retard dans ses apprentissages, les parents m’ont promis de « me pourrir la vie ».Ils voyaient leur fils comme un « Asperger ». Au sein de l’équipe pédagogique, nous n’avons jamais remarqué ses compétences supérieures. L’école ne serait-elle pas le meilleur milieu d’épanouissement pour ces enfants ? Il faudrait savoir quels sont les buts du gouvernement dans ces intégrations sans prix et à tout prix.
Pour Emmanuel,
Si j’ai parlé d’enfants autistes et psychotiques, c’est parce que j’ai eu en charge trois TED et un psychotique. De toute façon,la terminologie ne change pas grand chose au problème. Ce n’est surtout pas ce qui fait avancer les thérapies ! On est en France encore sous le règne de Freud et si les sciences cognitives ont apporté un changement, la question sur les causes de ces troubles est loin d’être tranchée.Que ceux qui détiennent LA solution se montrent. Si ces troubles sont clairement identifiés dans le DSM IV, c’est qu’ils sont bien des pathologies . Cette classification émane de l’American Psychiatric Association, donc... La pratique de la langue de bois est très en vogue chez les responsables de l’état.Dire qu’un aveugle est non-voyant change-t-il quelque chose au problème ? C’est un moyen gratuit de montrer toute le respect et l’importance qu’on attache à la différence. Que signifie l’expression personne de couleur ? Nous sommes tous d’une certaine couleur. Sauf, effectivement quelques politiques très transparents, hélas pour notre société.Si c’est tout ce que l’on fait pour réduire le racisme... On a donc englobé sous le terme de handicap des pathologies psychiatriques graves afin de gérer la situation à peu de frais.Certaines fluctuations du vocabulaire sont le reflet d’une manipulation, voire d’une ignorance sémantique. Je dirais que tous ces blas-blas-blas occupent, pendant qu’il n’y rien de fait. Ou avez-vous lu que je propose l’hôpital à la place de l’école ? Je déplore qu’il n’y ait pas de structures spécialisées, de moyens matériels et humains. L’hôpital n’est d’ailleurs pas non plus le milieu le plus favorable à l’épanouissement de n’importe quel enfant. Si vous vous en êtes bien sorti, bravo à vous-mêmes et à tous ceux qui vous ont accompagné ! Je comprends votre point de vue, mais chaque cas est différent. Cordialement.
Merci anny paule de comprendre ce qui risque d’être mal interprété par des parents d’enfants handicapés. Tout d’abord, ayant travaillé en ZEP, je suis offusquée par le manque de moyens donnés aux enfants issus de milieux sociaux défavorisés et par l’obligation d’utiliser des méthodes pédagogiques qui vont à l’encontre de leurs besoins. Je résumerais en parlant de dispersion des savoirs et d’animation plus que de véritable pédagogie. Par exemple, qu’en est-il de l’apprentissage d’un langage correct quand vous êtes censés favoriser la communication verbale entre pairs issus à 90% de familles non-francophones ? Quant à l’économie réalisée sur le dos des enfants et des enseignants, je suis bien certaine qu’elle est la seule raison de ces nouvelles lois. J’ai visité un IMP recevant des enfants atteints d’épilepsie avec troubles associés. J’ai pu constater que dans ce lieu, les conditions d’accueil étaient réellement adaptées : petits effectifs, personnel spécialisé dans tous les domaines et en grand nombre... Coût de la journée pour un enfant : 150€ en externat, 230€ internat. Les chiffres sont parlants d’eux-mêmes. Comment peut-on leurrer les parents et profiter de leur détresse et leurs difficultés à accepter la réalité ? Certains mettent des dizaines d’années avant d’envisager la situation d’une façon concrète. J’ai même lu l’expérience d’une mère qui avait été soupçonnée d’avoir une attitude d’abandon car elle avait très rapidement souhaité placer son enfant dans un établissement spécialisé. Ce sujet demeure tabou car l’on attend des personnes concernées qu’elles aient un comportement conforme à la majorité générée par un discours démagogique utilisé par tous les hommes politiques. Je reste convaincue que ces nouvelles lois vont avoir des répercussions très négatives. Pour l’instant, on n’a pas encore chiffré la somme que représente le nombre d’enseignants qui en deviennent malades. Mais le budget de la Sécurité Sociale est différent de celui de l’Education Nationale. Quand la gestion est morcelée, chaque ministère se renvoie la balle.
Vous avez tout-à-fait raison ! Ce sont des CEA et des CA (Contrats Avenir).
Quels que soient les sigles de ces « Contrats », leur dénominateur commun reste, derrière les termes, la notion de précarité. Excusez-moi pour cette erreur.
Et pour tous ceux qui souhaite un changement, n’oubliez pas de signer l’appel pour la refondation de l’école. http://www.refondation-ecole.net/index.php
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