Parler de tout cela est extrêmement sensible, c’est un truisme que de le dire. Chaque mot compte, c’est vrai. Chaque mot est important. Vous parlez d’« islamisation » de Jérusalem entre 1948 et 1967. Il y aurait certainement un papier intéressant à faire sur le sujet. Quant à la « judaïsation » de la ville, c’est un terme assez largement admis, usité y compris dans la presse israélienne. Je pense qu’il traduit une réalité et c’est à ce titre que je l’ai repris à mon compte.
Pour revenir une dernière fois sur ce qui vous gêne, l’équivalence, il me semblait avoir été clair dans mon article. Dans cette affaire, écrivais-je, il serait inexact de voir le fanatisme musulman comme une simple contrepartie du fanatisme juif. Mais, en même temps, je ne pouvais pas conclure là-dessus : l’honnêteté commande de ne pas présenter le conflit du Proche-Orient comme un conflit manichéen opposant des bons et des méchants. Nous sommes là dans une tragédie historique, opposant deux légitimités : le point de vue israélien se défend ; le point de vue palestinien aussi. Quelles que soient les erreurs du passé faites par les uns et par les autres, il n’en demeure pas moins qu’ils devront, en définitive, parvenir à vivre ensemble et à surmonter leurs griefs. A ce stade du conflit, il me semble que compter les points a quelque chose d’un peu obscène, de même qu’il est vain de chercher à savoir qui a commencé le premier. Vous avez le droit d’estimer que mon paragraphe final introduit une symétrie factice ou une fausse neutralité. Reste que je ne vois pas comment on peut écrire un texte sur le Proche-Orient sans rappeler ces vérités premières.