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Commentaire de Jacques Frot

sur Le syndrome Tchernobyl à l'épreuve de l'enjeu énergétique et climatique


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Jacques Frot (---.---.75.10) 14 avril 2007 16:20

Réaction au commentaire de Stéphae Lhomme.

Sur un sujet aussi sérieux que le nucléaire -sérieux car il s’agit à la fois de l’avenir énergétique du monde et de l’avenir climatique- il est regrettable de trouver sur ce site un commentaire aussi doctrinal, voire religieux du genre « il s’agit de nucléaire donc c’est mauvais, la messe est dite ».

Les choses ne sont pas si simples et je m’en suis rendu compte par mes expériences personnelles : ingénieur pétrolier, j’ai commencé, dès 1974, par me battre contre le nucléaire lorsque les gouvernants de l’époque venaient de lancer le grand programme nucléaire français dont la réalisation allait prendre 1/4 de siècle. Ma formation scientifique m’a conduit a aborder le problème (lutter contre l’énergie nucléaire) de façon objective : pour mieux combattre l’adversaire je me suis efforcé de le connaître. Je l’ai donc étudié. Au fil des années j’ai découvert ses vertus et ses défauts. Je les ai comparés aux vertus et défauts des autres sources d’énergie.

Petit à petit j’ai compris que l’énergie nucléaire était une voie d’avenir, que mon combat contre elle était un mauvais combat et que la meilleure chose à faire était d’oeuvrer pour une énergie nucléaire encore plus propre, encore plus sûre, en un mot une source d’énergie durable. Se battre contre l’énergie nucléaire est devenu un combat d’arrière-garde.

Le problème de la protection du climat, associé à celui du développement des pays non-OCDE (80% de la population mondiale dont la moitié de ces 80% rien que pour la Chine et l’Inde)fait que l’humanité a maintenant un formidable besoin d’énergies non carbonées...alors même que les énergies carbonées (pétrole, gaz et charbon) représentent en 2004 (selon le document Key world energy statistics de l’AIE, édition 2006)80,3% du bilan mondial énergie primaire. Les hommes vont donc devoir modérer considérablement leur soif de pétrole, gaz et charbon et s’attacher à les remplacer par du nucléaire, du vent, du soleil, de l’eau, de la géothermie, de la biomasse et, plus que tout, des économies c’est à dire de l’efficacité énergétique.

Prétendre que le monde peut se passer de nucléaire c’est faire peu de cas de l’intelligence, des compétences et du sérieux des Russes, Chinois, Indiens, Coréens et maintenant des Africains, bref de la plupart des pays non-OCDE qui lancent des projets de constructions de réacteurs ou s’y préparent. C’est ignorer également que les américains s’apprêtent à délivrer de nouvelles autorisations de construire et, dans l’immédiat, ont engagé un processus de prolongation de 20 ans des autorisations d’exploiter de leurs réacteurs existants.

Ce panorama n’a rien à voir avec une sortie mondiale du nucléaire.

Je ne connais pas Monsieur Lhomme, mais la lecture de son commentaire me laisse penser que ou bien il ne connaît pas le sujet ou bien il s’intéresse avant tout à se créer un pouvoir médiatique en se faisant marchand de peur auprès de gens mal informés.

Celui qui fait fi du bon sens de ceux auxquels il s’adresse finit toujours au mieux par s’en mordre les doigts, au pire par sombrer dans le ridicule.

Jacques Frot


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