@ Machinchose : vous êtes vous demandé un instant comment les sympathisants du centre actuels répartiraient leurs voix au 2nd tour en cas de match Royal-Sarkozy ?
Interrogez, si vous en avez l’occasion, un acteur de l’UDF, il vous répondra 2 choses :
1) que le mouvement actuel autour de Bayrou est composé avant tout de sympathisants qui souhaitent la fin du clivage gauche-droite et une sortie du système mis en place par De Gaulle et ’prorogé’ par Mitterand (qui l’avait copieusement critiqué dans "le coup d’Etat permanent). Bayrou propose tout simplement de faire aujourd’hui ce que Mitterand n’a pas voulu faire en 1981.
2) si jamais ca ne passait pas le 22 avril, une partie de l’électorat de Bayrou se disperserait vers le candidat de droite si l’un des 2 derniers invités est Sarkozy, vers le candidat de gauche si Mme Royal est au 2nd tour, voire gonflerait singulièrement le poids des abstentions, malheureusement non prises en compte.
MAIS, et l’astuce est là : si nous prenons l’hypothèse que le report des voix Bayrou se faisait à 50% pour l’un et l’autre des 2 candidats du 2nd tour, la droite pèserait + lourd que la gauche, car elle est majoritaire actuellement dans notre pays. Autrement dit, et pour faire simple : électorat 1/2 Bayrou + 1 Sarkozy + 1 Le Pen et divers droite > 1 Royal + 1/2 Bayrou + divers gauche.
Imaginez un instant cette configuration ci-dessus et vous comprendrez que si Bayrou est au 2nd tour, le centre est l’espace politique où le rassemblement de l’électorat de gauche et des centristes est possible et peut ainsi peser + lourd que le rassemblement des forces de droite. N’en déplaise aux sympathisants socialistes et de gauche, et compte tenu du clivage des tendances actuelles en France, c’est la configuration la plus plausible pour les forces modérées d’envisager une victoire au soir du 6 mai.
Le comportement de l’électorat de gauche est, depuis 1981, la clef du résultat du scrutin. C’est encore le cas cette année. A l’instar du mode de scrutin, au 2nd tour, le choix est simple : le rassemblement de gauche n’étant pas suffisant pour peser + lourd que celui de droite, l’alliance au centre est le seul moyen pour barrer la route à cette droite là. Puisque la candidate socialiste ne peut pas envisager l’alliance, pour des raisons de verrouillage partisan (elle montre ici les limites de sa prétendue « liberté » à l’égard du PS), la balle est dans le camp des électeurs sympathisants de gauche. A eux de voir s’ils sont prêts à sacrifier l’idéologie, inopérante et obsolète, pour y préférer le pragmatisme et la raison en acceptant de regarder en face la réalité des clivages sur le terrain des électeurs.