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Commentaire de Gérard Ayache

sur Corps augmenté : rêve bionique ou cauchemar prométhéen ?


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Gérard Ayache Gérard Ayache 20 juillet 2006 14:59

Votre rapprochement entre Golem et science est saisissant. cela me fait penser à ce que disait Gunther Anders.

Le philosophe Günther Anders, longtemps méconnu en France, fut disciple d’Heidegger, ami d’Hans Jonas et premier époux d’Hannah Arendt. Dès 1956 dans son livre L’obsolescence de l’homme puis, une vingtaine d’année plus tard dans Nous, fils d’Eichmann, il évoquait cette évolution implacable de la technosphère, cette ‘mégamachine’ dont la soif d’expansion est inextinguible :

« Comme la raison d’être des machines réside dans la performance, et même dans la performance maximale, elles ont besoin, toutes autant qu’elles sont, d’environnements qui garantissent ce maximum. Et ce dont elles ont besoin, elles le conquièrent. Toute machine est expansionniste, pour ne pas dire « impérialiste », chacune se crée son propre empire colonial de services. ... La machine originelle s’élargit donc, elle devient ‘mégamachine’ ; et cela non pas seulement par accident ni seulement de temps en temps ; inversement, si elle faiblissait à cet égard, elle cesserait de compter encore au royaume des machines. A cela vient s’ajouter le fait qu’aucune se saurait se rassasier définitivement en s’incorporant un domaine de services, nécessairement toujours limité, si grand soit-il. S’applique plutôt à la mégamachine ce qui s’était appliqué à la machine initiale : elle aussi nécessite un monde extérieur, une ‘empire colonial’ qui se soumet à elle et ‘fait son jeu’ de manière optimale, avec une précision égale à celle avec laquelle elle-même fait son travail : elle se crée cet ‘empire colonial’ et se l’assimile si bien que celui-ci à son tour devient machine - bref aucune limite ne s’impose à l’auto-expansion ; la soif des machines est inextinguible. »

Ces propos sonnent avec une étrange actualité aux temps de l’hypermondialisation et de l’ultra-libéralisme moderne.


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