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Commentaire de Marsupilami

sur Déroute sur Beyrouth, déroute sur le monde : nous sommes tous les otages de Tsahal


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Marsupilami (---.---.184.123) 20 juillet 2006 16:27

@ Françoise

Tu justifies l’injustifiable. Que les israëliens détruisent les infrastructures du Hezbollah et exterminent un maximum de cette vermine terroriste fanatique, OK. Qu’ils détruisent toutes les routes d’accès à la Syrie et tous les camions qui roulent dessus, OK. Que ça fasse plein de victimes civiles innocentes, c’est affreux mais c’est la guerre.

Pour le reste, ils n’avaient pas besoin de détruire les infrastructures industrielles et routières dans les zones libanaises où il n’y a pas de chiites. Ils n’avaient pas besoin de bombarder le port de Beyrouth : suffisait de faire un blocus incapable pour empêcher toute entrée de containers syriens ou iraniens bourrés d’arme. Ils n’avaient pas besoin de bombarder le quartier chrétien de Beyrouth où les gens n’ont aucune complicité avec le Hezbollah. Bref ils n’avaient pas besoin de détruire le Liban et de bombarder ses habitants non-chiites.

C’est disproportionné, criminel et inutile.

Mais bon, comme je l’écrivais dans un autre post, il ne fait aucun doute qu’après la guerre, si Tsahal parvient à exterminer la vermine du Hezbollah, les Libanais seront secrètement satisfaits d’en être débarrassés.

Ça commence même déjà, à lire le journal libanais L’Orient-le Jour :

Un “Etat voyou” dans l’Etat

L’Etat, la démocratie, l’économie, la vie sont une nouvelle fois menacés au Liban. Le Hezbollah s’érige en justicier solitaire, et puis, en l’espace de quelques heures, les infrastructures vitales du pays se retrouvent réduites en cendres par Israël. Ce ne sont pas seulement deux soldats israéliens qui ont été pris en otages mais tout le Liban. Le problème ne réside pas uniquement dans la riposte militaire israélienne, quelle qu’en soit la terrifiante ampleur. Il est plus profond. Il touche à l’existence même d’un Etat libanais constamment défié, de l’intérieur comme de l’extérieur, dans ses prérogatives les plus fondamentales et sa souveraineté. Même si l’Etat hébreu avait décidé de ne pas riposter et de négocier pour récupérer ses soldats, cet aspect du problème serait resté entier pour le Liban.

Le défi lancé est d’autant plus énorme que le Hezbollah siège au gouvernement et participe au “dialogue national” qui est engagé [depuis deux mois] entre les diverses composantes du Liban. Mais il se comporte comme si les autres participants étaient quantité négligeable. Ce dialogue, n’avait-il pas été lancé justement en raison des divergences interlibanaises, en particulier sur le statut et le comportement du Hezbollah ?

La prise en otages des soldats israéliens enterre définitivement toute idée de dialogue. Ce qu’il perpétue, au contraire, c’est la logique du rapport de force brutal entre les communautés et les fractions politiques du pays, à l’ombre d’un gouvernement et d’un Etat totalement paralysés. Un scénario explosif archiconnu des Libanais que le dialogue était justement censé désamorcer.

L’histoire la plus contemporaine montre bien que les frustrations et les colères contenues finissent toujours par exploser. Si rien n’est fait pour casser l’engrenage, le Hezbollah conduira inéluctablement le pays vers une nouvelle catastrophe. Car [le secrétaire général du Parti de Dieu] Hassan Nasrallah et ses partisans devraient savoir que leurs actes suscitent la colère et la frustration de nombreux Libanais.

Combien de temps encore le premier “gouvernement d’indépendance” du Liban, après trente ans de tutelle syrienne, survivra-t-il à sa schizophrénie ? Comment désormais supporter l’idée qu’une formation tenant aussi peu compte de l’opinion de ses partenaires puisse continuer à siéger au sein du cabinet ? Comment tolérer le chantage au suicide ? Comment faire coexister une culture de vie et de paix avec un culte du sang et de la mort ? Sans doute est-il souhaitable de préserver un minimum d’unité nationale. Mais de quelle unité s’agit-il ? Est-ce celle qui cherche à trouver des dénominateurs communs à des opinions divergentes ou bien celle qui consiste à ce qu’une majorité de Libanais continue à se taire face aux initiatives d’un parti se comportant comme un Etat dans l’Etat ? Il faudra qu’un jour cette question soit définitivement tranchée. Mais pour cela, il faudra que la majorité au pouvoir se décide à agir en majorité.

Elie Fayad- L’Orient-Le Jour


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