"Alors même qu’il fait partie du gouvernement, le Hezbollah défie le pouvoir libanais et impose sa loi aux autres communautés, s’indigne L’Orient-Le Jour.
L’Etat, la démocratie, l’économie, la vie sont une nouvelle fois menacés au Liban. Le Hezbollah s’érige en justicier solitaire, et puis, en l’espace de quelques heures, les infrastructures vitales du pays se retrouvent réduites en cendres par Israël. Ce ne sont pas seulement deux soldats israéliens qui ont été pris en otages mais tout le Liban. Le problème ne réside pas uniquement dans la riposte militaire israélienne, quelle qu’en soit la terrifiante ampleur. Il est plus profond. Il touche à l’existence même d’un Etat libanais constamment défié, de l’intérieur comme de l’extérieur, dans ses prérogatives les plus fondamentales et sa souveraineté. Même si l’Etat hébreu avait décidé de ne pas riposter et de négocier pour récupérer ses soldats, cet aspect du problème serait resté entier pour le Liban. Le défi lancé est d’autant plus énorme que le Hezbollah siège au gouvernement et participe au “dialogue national” qui est engagé [depuis deux mois] entre les diverses composantes du Liban. Mais il se comporte comme si les autres participants étaient quantité négligeable. Ce dialogue, n’avait-il pas été lancé justement en raison des divergences interlibanaises, en particulier sur le statut et le comportement du Hezbollah ? La prise en otages des soldats israéliens enterre définitivement toute idée de dialogue. Ce qu’il perpétue, au contraire, c’est la logique du rapport de force brutal entre les communautés et les fractions politiques du pays, à l’ombre d’un gouvernement et d’un Etat totalement paralysés. Un scénario explosif archiconnu des Libanais que le dialogue était justement censé désamorcer. L’histoire la plus contemporaine montre bien que les frustrations et les colères contenues finissent toujours par exploser. Si rien n’est fait pour casser l’engrenage, le Hezbollah conduira inéluctablement le pays vers une nouvelle catastrophe. Car [le secrétaire général du Parti de Dieu] Hassan Nasrallah et ses partisans devraient savoir que leurs actes suscitent la colère et la frustration de nombreux Libanais. Combien de temps encore le premier “gouvernement d’indépendance” du Liban, après trente ans de tutelle syrienne, survivra-t-il à sa schizophrénie ? Comment désormais supporter l’idée qu’une formation tenant aussi peu compte de l’opinion de ses partenaires puisse continuer à siéger au sein du cabinet ? Comment tolérer le chantage au suicide ? Comment faire coexister une culture de vie et de paix avec un culte du sang et de la mort ? Sans doute est-il souhaitable de préserver un minimum d’unité nationale. Mais de quelle unité s’agit-il ? Est-ce celle qui cherche à trouver des dénominateurs communs à des opinions divergentes ou bien celle qui consiste à ce qu’une majorité de Libanais continue à se taire face aux initiatives d’un parti se comportant comme un Etat dans l’Etat ? Il faudra qu’un jour cette question soit définitivement tranchée. Mais pour cela, il faudra que la majorité au pouvoir se décide à agir en majorité."
Elie Fayad, L’Orient-Le Jour
« Bénéficiant de privilèges uniques, le Hezbollah règne sans partage sur le sud du Liban et sur la banlieue sud de Beyrouth. Le mouvement rend la justice, gère des écoles et des hôpitaux, et mène ses propres programmes d’aide sociale. Nasrallah est aussi un acteur régional de premier plan. Entretenant des relations personnelles avec le dictateur syrien Hafez el-Assad, puis avec son fils Bachar, comme avec le plus haut niveau des autorités iraniennes, le Hezbollah, souvent décrit comme « une arme forgée par l’Iran entre les mains syriennes », est un outil stratégique sur le dernier front ouvert entre le monde arabe et Israël.
»Un an après le retrait syrien du Liban, arraché par la communauté internationale après l’assassinat d’Hariri, Nasrallah vient de rouvrir les hostilités avec Israël, et menace de déclencher un conflit régional. « Pendant près de six ans, tout le monde s’est leurré au Liban en refusant de voir la logique sous-jacente de l’existence de cet État-Hezbollah à l’intérieur de l’État libanais », dit Waddah Charara. « On voit aujourd’hui ce que signifiait l’indépendance totale de ce parti, qui participe au gouvernement et, du jour au lendemain, met tout le monde devant le fait accompli en pratiquant une politique du chaos, telle qu’elle est pratiquée par le Baas syrien ou les Iraniens comme Ahmadinejad. »"
cela explique peut être la présence des quelques membres du hezbollah au gouvernement issus du vote « libre » des habitants du sud du Liban !