Aïcha Bahriya (IP:xxx.x17.233.179) le 21 juillet 2006 à 20H35 — « Et que devrait-on dire des centaines de prisonniers palestiniens (dont mille femmes et enfants) jordaniens, egyptiens, libanais qui croupissent dans les geôles israéliennes sans procès équitable ? Pensez-vous que les Arabes sont des sous-hommes, nés pour mourir dans l’indifférence ? »
Bientôt sur vos écrans (de télévison bien sûr) « des soldats Syriens enlevés et des roquettes tirées sur la Syrie » par le hezbollah, ce grand mouvement humaniste de la fin du 20me siècle :
Droits de l’homme : le drame des Libanais détenus dans les geôles syriennes
Des familles brisées, éplorées, amputées d’un père, d’un époux, d’un fils ou d’un frère, détenus depuis de longues années dans les geôles syriennes. Des mères qui se battent corps et âme pour récupérer leurs fils et dont les yeux tristes n’en finissent pas de pleurer. Des pères rendus malades d’avoir refoulé leurs larmes et leur chagrin et qui n’ont pas survécu à cette cruelle épreuve. Des Libanais, de toutes confessions, de toutes régions, de toutes appartenances, emprisonnés arbitrairement, sans jugement équitable, isolés, affamés, torturés, humiliés, détruits. Un drame qui touche la nation entière et qui est devenu une véritable cause grâce à la mobilisation d’associations de soutien aux Libanais détenus arbitrairement en exil et à l’acharnement des proches, des familles, des amis. Mais deux gouvernements, l’un libanais, l’autre syrien, nient cette atroce vérité, Dieu seul sait pourquoi. Ils nient que des prisonniers libanais se trouvent encore dans les gêoles syriennes. Ils nient que ces prisonniers soient encore vivants et se dépêchent alors de faire signer à leurs familles des actes de décès, sans preuve, sans corps, sans mort. Ils nient la souffrance des familles meurtries, mutilées, abusées, fatiguées de quémander, d’être sans cesse refoulées, d’espérer sans rien avoir en retour, de pleurer toutes les larmes de leur corps. Jusqu’à quand ce drame s’éternisera-t-il ? [...] Combien de Libanais croupissent-ils encore et depuis des années dans les prisons syriennes, après avoir été arrêtés de manière arbitraire durant la guerre par des milices, par les services de renseignements ou même par l’armée syrienne, sous prétexte de collaboration avec l’ennemi israélien ou de complot contre la Syrie ? Des dizaines, des centaines ? Nul n’a jamais été capable de répondre à la question. Mais le fossé est immense entre les parents des personnes détenues dans les geôles syriennes et les autorités libanaises. Un fossé qui ne fait d’ailleurs que se creuser, à l’heure où les tabous concernant la présence armée syrienne au Liban et la forte influence de cette dernière sur la vie politique libanaise tombent l’un après l’autre.
[...]
Le retour de l’enfer
Sur ses jambes meurtries, les cicatrices ne se comptent plus. Son corps entier le fait souffrir d’avoir été si malmené. Des cauchemars hantent encore ses nuits agitées, cinq ans après sa libération, survenue en 2000. Ali Abou Dehn revient de l’enfer. Un enfer qu’il a vécu pendant 13 ans dans les prisons syriennes de Tadmor et Saydnaya. Un enfer qu’il dévoile, sans réserve, sans pudeur, alors que d’autres prisonniers relaxés se sont murés dans un silence absolu, tiraillés par la peur. Ali, originaire de la région de Hasbaya, de confession druze, parle sans tarir. Autrefois père de famille aisé, il doit se résoudre aujourd’hui à accepter l’aumône, lorsque ses fins de mois sont trop dures. Les économies familiales, le terrain et les bijoux de son épouse ont permis à sa famille de vivre, durant sa trop longue absence. Mais il a finalement réussi à se faire employer au salaire minimum, après des années de quête, de supplications.. Il est difficile pour un ancien détenu en Syrie de se refaire une place dans la société. Durant sa détention, les séances de torture ont rythmé le quotidien de Ali et de l’ensemble des prisonniers. « Mes gêoliers m’ont introduit des bouts de fer dans les jambes, ils m’ont pendu, les mains attachées en l’air, ils m’ont écartelé, à tel point que mon coude a été complètement déboîté. Ils m’ont tellement giflé qu’il m’ont crevé les tympans ». « La douleur de la torture ? Ce n’est pas le pire, poursuit-il, comparé aux humiliations que nous subissions, aux insultes qu’ils nous lançaient, ainsi qu’à nos familles. Des comportements qui dépassent tout ce que l’on peut imaginer. Ils m’ont surnommé Abou Sarsour (père cafard), car ils m’ont forcé à manger des cafards. Mon camarade de cellule, lui a été surnommé Abou Fara (père souris), car ils lui ont fait avaler une souris. Un autre a été surnommé Abou Kanniné (père bouteille), car il a été sodomisé avec une bouteille... Un jour, alors que j’attendais le repas, j’ai même surpris un de nos gêoliers uriner dans la marmite. Ce jour-là, on nous avait servi de la viande avec du riz, c’était exceptionnel. Je n’ai pas mangé, mais je ne l’ai pas dit à mes camarades d’infortune. Je les ai laissés profiter de leur repas. » Ali raconte aussi l’isolement total, la solitude. « Nous étions coupés du monde, nous ne savions rien de ce qui se passait en dehors des murs de la prison. Je l’ai réalisé en 1992, quand, transféré de Tadmor à Saydnaya, je suis tombé par hasard sur un journal qui relatait le démantèlement de l’URSS, la chute du mur de Berlin. Cela m’a fait mal. » Ali raconte aussi le dénuement total dans lequel il était, les treize années d’emprisonnement passées les pieds nus, alors que ses habits se déchiraient, l’un après l’autre. « Au bout de deux ans, mon slip était tellement élimé, que je l’ai déchiré pour en faire une serviette. J’en ai gardé un bout et j’ai donné les autres morceaux à mes camarades. » Aujourd’hui, après tant de souffrances, Ali, âgé de 53 ans, n’a toujours pas repris goût à la vie. « J’ai raté tellement de choses de la vie de mes filles. J’ai été enlevé alors qu’elles étaient toutes jeunes, et lorsque je suis revenu, l’une d’entre elles était déjà mariée. » Il déplore aussi que les détenus relaxés des prisons syriennes soient traités avec autant d’injustice et d’indifférence par les autorités libanaises, alors que les prisonniers libérés des geôles israéliennes reçoivent tous les honneurs et les égards. Mais il ne peut s’empêcher d’exprimer un souhait, « le seul qui me hante dit-il, que l’armée syrienne se retire du pays avant ma mort ».
« Rendez-moi mon fils »
Quinze ans déjà que Jihad Eid a été arrêté, le 13 octobre 1990, le jour de l’entrée des troupes syriennes dans les régions chrétiennes du pays. Il avait 20 ans, était étudiant en informatique de gestion et caporal dans l’armée libanaise. « C’est à Hadeth qu’il a été pris par le Hezbollah », indique sa mère, Sonia Eid, se basant sur les propos des habitants de la région. La présidente de l’association des parents de détenus en Syrie indique que son fils a été remis par la suite par le Hezbollah aux services de renseignements syriens au Beau Rivage, avant son transfert à Anjar. Et puis un jour, à l’occasion de la libération d’un prisonnier proche d’Élie Hobeika, la famille apprend que Jihad est détenu en Syrie, à Mazzé, à la section Palestine, où il est interrogé.. « C’était notre seule certitude », indique sa mère, qui se démêne depuis, pour obtenir sa libération, malgré les menaces voilées des services de renseignements. « À chaque démarche, on nous téléphonait, dit-elle, nous conseillant de ne rien faire, nous disant qu’on voulait nous aider. » Les parents de Jihad ont finalement obtenu un droit de visite, mais un responsable syrien de la prison de Mazzé, alerté, a catégoriquement nié que des soldats libanais soient détenus là-bas. Ce n’est qu’après avoir bénéficié d’un piston qu’ils ont pu le voir, à travers une vitre, en septième position dans une file d’une vingtaine de prisonniers, marchant à la queue leu leu, pieds et poings liés, torse nu, les yeux bandés. « C’était en 1991, se souvient Mme Eid. Ils étaient maltraités ; on leur donnait des coups de pieds. À la vue de ce spectacle, je me suis évanouie. » Sonia Eid n’a pas pour autant arrêté ses recherches, visitant les prisonniers relaxés, récoltant la moindre information pouvant lui servir d’indice. « Je me suis rendue chez le président Lahoud, je suis allée en Syrie avec les familles des détenus, j’ai même naïvement été escroquée par un homme qui m’avait promis de m’emmener voir mon fils. Les seules informations que j’ai obtenues depuis étaient en 1996 par le biais d’un prisonnier relaxé, qui a affirmé avoir été détenu durant deux ans dans la même cellule que mon fils. » Aujourd’hui, Sonia Eid, comme toutes les mères, réclame la libération de son fils et garde espoir de le revoir un jour. Mais dans les larmes de cette mère, toute la détresse du monde de ne pouvoir connaître la vérité : « Rendez-moi mon fils », crie-t-elle aux autorités, de toute sa douleur.
J’ai vu mon fils de mes propres yeux
« On n’en peut plus de rouvrir nos blessures. On n’en peut plus de réclamer nos enfants, sans que personne nous écoute. On n’en peut plus d’être sollicités pour déclarer nos enfants morts. Alors que nous savons pertinemment bien qu’ils sont dans les geôles syriennes et que nous avons même des preuves de leur présence là-bas ». Le cri de cette mère, Violette Nassif, est celui de toutes les mères de détenus en Syrie. Elle résume l’acharnement, la douleur, mais surtout la colère des parents de prisonniers, toutes confessions confondues, envers les autorités libanaises et syriennes. C’est à 16 ans, le 13 octobre 1990, que son fils Johnny a été enlevé, à Dahr el-Wahch, par les Syriens. Il était dans l’armée libanaise. « Nous avions trafiqué sa date de naissance pour qu’il puisse être enrôlé. » Comme tous les parents de prisonniers, Violette fait des contacts à tous les niveaux pour avoir l’autorisation de voir son fils. « Pour obtenir un droit de visite, j’ai payé 5 000 dollars », dit-elle. « C’était en 1991. Ils me l’ont placé bien en face de moi m’interdisant de lui parler. J’ai juste prononcé deux mots et j’ai pleuré. Ils ne l’ont même pas laissé dire un mot. Et puis ils l’ont repris. Aujourd’hui, je prie pour son retour, car je refuse de le déclarer mort. Je ne veux pas de leur argent. Je veux juste mon fils.
Dossier réalisé par Anne-Marie EL-HAGE, Ecrit par laurencia, le Dimanche 2 Avril 2006, 20:49 dans « DROITS DE L HOMME ».
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01/08 19:42 - contre-sion
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31/07 11:38 - Fouad
Pauvre cons Mais personne na parle de la bombe Nucléaire, alors que bush et compagnie (...)
30/07 20:35 - keiser
Allez , allons y , a l’attaque . IL doit bien rester quelques enfants par là (...)
30/07 12:36 - galilée
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