Simples remarques.
Vous avez parfaitement raison de vous féliciter de la croissance démographique française et notamment de la forte fécondité, qui est un atout plus qu’essentiel pour notre avenir. On devrait s’en féliciter tous les jours bien plus que nous ne le faisons... C’est beaucoup plus important que d’être mal jugés dans un sondage sur notre accueil des touristes étrangers...
Mais :
1) si l’immigration joue évidemment un rôle dans la fécondité forte, elle ne saurait, contrairement à ce que vous dites, être l’élément décisif. La part des « immigrés » (je ne parle pas de la population « issue » de l’immigration, mais jusqu’à combien de générations faudrait-il compter, et que faire des familles mixtes ?)dans la population française n’est pas si élevée pour avoir un impact qui explique que la fécondité française soit 50% plus forte qu’en Italie ou en Espagne, et soit remontée nettement dans les années 90. Mieux vaut en rester au fait essentiel qui est la politique nataliste française, la possibilité admise socialement en France pourles femmes de travailler tout en étant mères, etc. Et c’est très bien comme ça.
Par ailleurs, une grande partie des immigrés en France viennent de pays où la fécondité n’est plus si élevée (Europe, et désormais Maghreb)... Quant au regroupement familial, il ne joue pas nécessairement mécaniquement dans le sens d’une poussée de la fécondité française, puisque les enfants nés ailleurs ne comptent pas dans le calcul de la fécondité... Quant à la « seconde génération », les femmes y ont des taux de fécondité qui se rapprochent très sensiblement du reste de la population française (avec des nuances bien entendu). L’intégration, ça existe.
2) Attention au vocabulaire. Quand vous dites que l’Italie « naturalise » en ce moment, c’est faux. Elle « régularise ». Nuance (mais elle « envisage » de changer aussi son droit de la nationalité, je vous le concède). De même, il n’est pas contradictoire d’avoir « 7,5 millions d’étrangers » en Allemagne et 19% de personnes issues de l’immigration. Ce n’est pas la même chose. Un immigré n’est pas forcément étranger, d’une part ; d’autre part, « issue de l’immigration » est une notion assez floue, mais qui implique en général un phénomène sur plusieurs générations. Ce qui, d’ailleurs, pose d’autres questions, comme je l’indiquais plus tôt : après combien de générations est-on encore considéré comme « issu de l’immigration » (2, 3, 4, 18 ???) ? Combien faut-il d’ascendants immigrés (en valeur absolue, en proportion, selon les générations ?) pour être « issu de l’immigration » ou non ? (on en arrive à des débats qui rappellent curieusement et furieusement les problèmes de quartiers de noblesse de l’Ancien Régime....) Peut-on à la fois e^tre et ne pas être « issu de l’immigration » ? etc...
3) L’Allemagne est à 19 % de personnes issues de l’immigration (dîtes vous), mais il y a 15 ans, en remontant aux grands-parents (si je ne m’abuse), la France avait déjà un tiers d’habitants issus de l’immigration (ce qui ne veut pas dire qu’ils se définissaient eux-mêmes comme tels...). De manière générale, citer l’Allemagne comme un pays modèle en termes d’intégration, ça laisse assez rêveur... Il était temps que ce pays découvre qu’il avait une immigration définitive ! Ne sombrez pas dans cette auto-flagellation très française que vous dénoncez par ailleurs.
4) les données de l’INSEE que vous dites « ridicules » sont des « projections », faites en fonction de scénarios. Ensuite, on en choisit un comme le plus probable... mais bien évidemment, comme toujours depuis que les projections existent, le scénario probable à l’instant t ne se produit pas. C’est toujours comme ça, et, côté erreur de diagnostic, il y en a eu de plus graves il y a quelques décennies (par exemple dans les années 30 quand le baby boom n’a pas été prévu). Un rectificatif de 6 million sd’habitants pour une projection en 2050, franchement, ce n’est pas très scandaleux !!! D’autant que, pour un cinquième, ca correspond à un rectificatif des données du liés au dernier recensement sur la population actuelle.
Je ne travaille ni à l’INSEE, ni à l’INED, mais croyez-bien que les résultats des instituts de recherche démographique français ne sont jamais « ridicules » à l’étranger où ils font vraiment référence...
Cela dit, merci pour votre article très intéressant.
V.