Je dirais plutôt que l’origine des habitants n’a pas d’importance, c’est leur adhésion à des valeurs communes et, plus encore à un « esprit de groupe » comme l’écrivait l’historien Ibn Khaldoun. Philippe a raison : un pays sûr de lui et de ses valeurs n’a aucun mal a assimiler, et j’ajouterai, dès lors que le système éducatif fait son travail. Or on constate que celui-ci est grippé, que ce soit le contenu de l’enseignement, la manière dont on enseigne (érosion de l’autorité), et la concurrence d’une sous-culture de m..., véhiculée par tous les médias, qui valorise les comportements asociaux. Il est quasi-impossible de scolariser des jeunes dont le modèle de comportement, pour les garçons, est le souteneur ou Joey Starr, ou pour les filles, une chanteuse de la Star’Ac.
J’ai lu becp de posts très angélistes ici (la-meilleure-amie-de-ma-fille-est-africaine, donc les Africains sont sympas) ou extrémistes (bouter les immigrés dehors pour sauver la France...). Pour ma part, habitant un HLM parisien, je constate :
Qu’il y a des modes de vie incompatibles : les jeunes désoeuvrés qui trainent sur le trottoir, sous les fenêtres sont invariablement masculins, africains ou arabes. C’est une constante culturelle qui dérange dans un pays où le bruit est censé s’arrêter vers 22hres. Alors quand il s’agit de gentils jeunes gens qui ne font rien de mal, il suffit de leur demander de parler moins fort ; quand il s’agit de dealers, c’est plus délicat. J’ai connu les deux cas de figure.
Le hasard fait que j’ai dans mon immeuble les deux cas extrêmes : la famille polygame avec le père éboueur, cassant et volontiers violent, deux fils aînés dealers (et en taule maintenant), les plus jeunes bruyants et insolents. Un comportement de véritable envahisseur.
Et puis, une Mère Courage malienne, 2ème épouse élevant seule ses six enfants, tous agréables, polis, avec qui on a de vraies relations de voisinage. Des gens qu’on a envie d’aider, de soutenir si jamais ils étaient menacés d’expulsion.
Par contre, une constante : les enfants de telle ou telle origine ont tendance à rester entre eux (cas le plus flagrant, des Tunsiens tout à fait modernes, métier médical, mais dont les deux fils ne fréquentent que des garçons de même origine, et la fille reste à la maison. Et surtout, chaque famille a tendance à faire bloc quand un voisin fait une réflexion ou se plaint. Et ça vaut pour les « français de souche ». La clé du problème est située là, sans doute : l’extrême atomisation de notre société, le repli sur l’« entre-soi ».
Alors vous voyez, deux cas de figure opposés pour montrer que la réalité humaine est toujours complexe.