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Commentaire de la fourmi

sur Un bien portant est un malade qui s'ignore


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la fourmi (---.---.128.227) 27 juillet 2006 10:15

Quand les médecins font fonctionner leur cervelle (bien faite et bien remplie) pour exercer leur art et prennent un peu de temps (et nous savons combien il est précieux) pour expliquer au plus grand nombre l’évolution de la médecine, et quand de surcroît ils écrivent de façon didactique, quel régal !!!

Merci de cette clarification sur l’évolution de la normalité statistique en médecine.

La question que je me pose en vous lisant c’est qu’elle est la raison fondamentale qui a amené à changer la norme. La médecine basée sur les preuves est sous-tendue par un (ou plusieurs) choix. J’y vois pour ma part un effet d’une prise de conscience qu’il faut augmenter les actes préventifs (c’est un euphémisme : rapport de 1 pour 140 au curatif) pour des raisons économiques évidentes. Il y a très certainement d’autres raisons financières (à commencer par l’explosion du marché des seniors et de la longévité). Il y a aussi l’apparition d’études portant sur des cohortes de plus en plus grandes tant il est vrai que le risque de se tromper diminue avec le nombre. Mais ces études extrêmement coûteuses doivent bien être financées par quelqu’un... qui en attend quoi ?

Quand vous parlez des statines et de la protection cardio-vasculaire nous sommes - pour moi - dans la prévention secondaire, même si le Pr Joël Menard préconise, après avoir pesé le pour et le contre dans son rapport, la vente libre de ces médicaments dans les pharmacies. (Extrait du rapport sur les statines).

Je m’explique : même si cette prévention peut s’adresser à des personnes bien portantes à risque, il n’en demeure pas moins que ce qui est proposé est un substitut chimique pour pallier au manque d’hygiène de vie (manger des aliments riches en omega 3 - beaucoup plus efficaces que les statines si on en croit le Pr Renaud et le Dr Michel de Lorgeril, à ce sujet voir cette étude suisse récente sur lanutrition.fr - augmenter son activité physique, équilibrer son alimentation, arrêter de fumer et toutes les conduites addictives), je n’appelle pas cela de la prévention primaire. Il y a déja dans cette façon de penser un glissement vers la facilité par pragmatisme.

Pour moi dans ce cas prévention primaire signifie avant tout modification de comportement individuel, responsabilisation(1).

De plus, les outils statistiques par définition ne s’intéressent pas aux indvidus mais aux populations, c’est pourquoi le raisonnement médical peut-être parfois biaisé par cette approche qui convient certes à la santé publique mais n’aide pas forcément à convaincre un patient.

Il manque à mon sens, mais cela ne devrait pas tarder à se développer, une spécialité médicale d’éducation pour la santé, laquelle nécessite une formation spécifique.

Je suis néammoins conscient que ce point de vue ne s’applique, aujourd’hui, qu’à une minorité et que pour le plus grand nombre (au sens Gaussien du terme) il faudra bien proposer ce substitut chimique pour le substituer à une faiblesse toute humaine.

Poursuivez, s’il vous plait dès que vous le pourrez sur l’approche des laboratoires pharmaceutiques.

1. Au titre des coûts, les statines (anticholestérols) demeurent la classe thérapeutique la plus coûteuse, avec plus de 1 milliard d’euros remboursés en 2005, selon un récent rapport de la CNAMTS.


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