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Commentaire de claude

sur Viol : à quand un changement des mentalités ?


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claude (---.---.137.18) 28 juillet 2006 16:30

à lire puis à méditer

Terre Humaine : poche (606 pages)

Moeurs et Sexualité en Océanie ; les femmes dans le pacifique par Margaret Mead (1901-1978) anthropologue américaine

Ses enquêtes ethnographiques portèrent sur des sociétés des îles Samoa, de la Nouvelle Guinée, de Bali, etc. Influencée par la théorie psychanalytique, elle étudia les relations entre la structure familiale et la psychologie de l’enfant, le problème de l’intégration de l’individu dans la société et en particulier les rites initiatiques de passage à la fin de l’adolescence.

Mœurs et Sexualité en Océanie est le regroupement de deux ouvrages : Sex and Temperament in three Primitive Societies et Coming of Age in Samoa. L’ ouvrage est lui-même composé de deux livres ; le premier con-tient quatre sous parties : 1. Les montagnards Arapesh, 2. Les Mundugumor, 3. Les Chambulis, 4. La leçon des faits. suivies de la conclusion et de notes diverses. Le deuxième livre traite de L’ADOLESCENCE à Samoa. L’appendice final comporte des notes multiples ainsi que l’origine des sources et des précisions données sous forme de tableaux. Ce livre traite des Sciences Humaines, et sert de base à l’ethnosociologie ; il n’ en reste pas moins abordable car il est essentiellement composé de descriptions. Le vocabulaire utilisé est simple et compréhensible. S’il arrive que des termes soient d’un niveau supérieur, et que la compréhension en soit altérée, ce terme est traduit en fin de page. Cet ouvrage comprend un vocabulaire riche et varié, des termes issus de la langue de la tribu étudiée sont retranscris ainsi que leur signification . Les illustrations sont des dessins crées à partir de photographies. Un tableau situé à la fin de l’ ouvrage les répertorie. Cette multitude d’illustrations nous donne une véritable idée de ce qu’est la vie quotidienne en Océanie. La grande et profonde diversité de ces sociétés sont difficiles à appréhender pour les européens tant dans leur mode de vie, leurs valeurs morales que leurs mœurs.

LES ARAPESH

Les Arapesh occupent un territoire triangulaire, situé au nord de la Nouvelle Guinée. Ce territoire bordé par la mer est formé de montagnes et de plaines herbeuses. Les Arapesh sont d’un naturel calme et doux. Ce comportement trouve son explication dans l’éducation dispensée dès le plus jeune âge.

Le jeune enfant arapesh sujet d’attentions continuelles est choyé, peu séparé de sa mère. On retrouve cette marque de caractère dans la vie courante de cette tribu. Les agriculteurs qui cultivent les champs d’ignames ne le font pas pour leur propre compte. Ils donneront leur récolte à un voisin, et il lui sera donné une récolte provenant d’un autre champ.

Margaret Mead insiste beaucoup sur le fait, que chez les Arapesh la possession matérielle n’existe pas, tout est commun. Aucun bien personnel car tout est mis au service de tout le monde. Il en découle que la jalousie, le vol ne peuvent s’y développer.

Comme dans toutes sociétés les jeunes Arapesh suivent un long processus de formation qui leur est inculqué dès l’enfance. Lorsqu’une petite fille est destinée à un garçon, elle est choisie en fonction de ses aptitudes à tenir une maison, à faire la cuisine. La petite fille va vivre dans sa belle-famille dès son enfance. Elle aidera sa belle-mère. Une fille est prête pour le mariage lors de l’arrivée de ses premières menstruations. Suit alors pour elle un grand cérémonial auquel participera toute la famille. Ces rituels sont censés rendre la fille robuste et apte à faire des enfants. Les rapports entre futures époux sont innocents. Ils se côtoient tous les jours, et peuvent avoir des relations sexuelles avant le mariage. Les relations sexuelles, chez les Arapesh ne se conçoivent pas en dehors du mariage. Les époux observent des rituels pour se libérer des possibles impulsions sexuelles. Chez les Arapesh, la prohibition de l’inceste n’existe pas. Cela ne veut pas dire pour autant que les membres d’une même famille entretiennent des rapports incestueux. Cela ne leur vient même pas à l’idée. C’est apparemment contre leur nature. Car pour eux, la belle-famille constitue des amis avec qui ils peuvent aller chasser, à qui ils peuvent aller rendre visite. S’il se marient entre frères et sœurs, la capacité à agrandir la famille est elle-même réduite : « Quoi donc ? Tu voudrais épouser ta sœur ? Mais qu’est ce qui te prend ? Ne veux-tu pas avoir de beaux-frères ? Ne comprends-tu donc pas que si tu épouses la sœur d’un autre homme et qu’un autre homme épouse ta sœur, tu auras au moins deux beaux-frères ». Telle est la réponse qui a été faite à Margaret Mead lorsqu’elle aborda le sujet. La réponse est l’issue d’une réflexion pratique, et non pas morale. L’inceste n’est pas considéré comme une pratique déshonorante, ni comme un acte horrible. Il n’est pas possible, pas envisageable. La famille nombreuse est tellement importante, que personne ne voudrait voir le nombre de membre être restreint par une alliance inter familiale. Les Arapesh n’ont pas défini de règle de vie, de loi condamnant les individus non-conformes à l’idéal reçu. Ils sont d’une nature douce et non-violente et ce caractère est conforme à tous les membres.

LES MUNDUGUMOR

La deuxième partie du premier livre est une étude d’ une peuplade : Les Mundugumor. Ils se situent à environ deux cents kilomètres du lieu où vivent les Arapesh. Ils vivent dans des sortes de plaines marécageuses, aux abords du Sépik. Les Mundugumor ont une réelle phobie de l’eau et de la noyade, phénomène étrange pour des individus aussi sauvages, que rien n’effraie. Les Mundugumor sont de fervents adeptes du cannibalisme. Les ancêtres des Mundugumor étaient, eux, totalement exocannibales.c’ est à dire qu’ils ne mangeaient uniquement des individus qui ne parlaient pas leur langue. Mais l’ endocannibalisme est devenu une habitude dans cette tribu. Les Mundugumor sont des personnages violents, sans scrupules ni pitié. La haine, la mort fait partie des rites d’apprentissage. Un jeune garçon doit avoir exécuter un homme. Soit un ennemi, soit un membre d’une tribu voisine capturé pour l’accomplissement de ce rite, qui à pour but d’augmenter l’individualisme des enfants Mundugumor. Des mutilations physiques, telles que la scarification, accompagnée de coups et de jurons lors de cette cérémonie d’initiation sont imposées aux jeunes garçons. Cette partie de l’éducation qualifiée par Margaret Mead de « spartiate » tend à inhiber chez les enfants tous sentiments de compassion. Elle renforce la dureté et accélère le processus de maturité tel que l’a déjà fait l’éducation familiale. En effet le manque de tendresse, de liens familiaux poussent les Mundugumor à ne pouvoir compter que sur eux très vite. L’agressivité est donc développée très tôt. Et cette spécificité touche tout les domaines : Les rapports inter humains, les liens familiaux, la sexualité. Ce caractère affecte aussi bien les hommes que les femmes. « Chez les hommes comme chez les femmes, la norme est la violence, une sexualité agressive, la jalousie, la susceptibilité à l’insulte et la hâte à se venger, l’ostentation, l’énergie, la lutte. ( l. 254) Les Mundugumor vivent dans un climat de haine, et de compétition entre frères, entre hommes, entre femmes, entre enfants. Comme si la survie de chacun en dépendait. Ainsi, ils adaptent la violence à tous les domaines. La femme Mundugumor n’a apparemment aucun instinct maternel envers son nouveau-né. Elle l’obligera à réclamer longtemps quand il a besoin de quoi que ce soit. La société Mundugumor n’est pas organisée en clans, comme chez les Arapesh. Ils vivent en petits groupes éparses les uns des autres. Ils se seront organisés en »corde". La corde suit un court peu commun. La hutte du père abrite ses filles, les fils de ses filles, les filles de ses fils, etc. Il n’existe pas de liens directes entre père et fils. Le système patrilinéaire, ou matrilinéaire n’est pas usagé. Une rivalité certaine est quotidienne. La polygamie relance la compétition entre les femmes. Les frères germains n’ont aucun intérêt à se parler, cela se terminerait en combat singulier, opposant les membres des deux parties d’une corde. Les Mundugumor célèbrent le culte du tamberan. Il y a plusieurs cultes : Le culte des flûtes des esprits de la brousse, culte des différents masques, considérés comme objets surnaturels. Chaque individu vénère le tabou totémique de son choix. Les Mundugumor sont donc totalement différents des Arapesh. Leur éducation les rend violents, individualistes. Le cannibalisme n’est pas considéré comme un rituel religieux, ni comme l’appropriation de la force de l’ennemi, en le dévorant. Ils se mangent les uns les autres, sans distinction, comme du vulgaire gibier. Aujourd’hui, l’administration contrôle totalement cette tribu, depuis environ 1929. La chasse aux têtes est désormais interdite, la guerre et le cannibalisme furent proscrits. L’interdiction gouvernementale a mis donc fin à ces pratiques culturelles.

LES CHAMBOULIS

La tribu des Chambuli vit sur le lac Aibom relié par deux canaux au Sepik, à trois cents kilomètres de son embouchure. Cette région est très marécageuse et l’eau du lac, riche en limon, lui donne une couleur sombre aux reflets fumés. Ils ont la particularité d’être une tribu lacustre, mais aussi des artistes exemplaires. Les membres de la tribu des Chambuli sont peu nombreux. A peine cinq cents personnes qui usent du même langage. Les Chambuli ne se sentent pas tributaires du sol. Ainsi pratiquent-ils très peu l’agriculture. Ils préfèrent cueillir les fruits, ramasser les ignames à même le sol. La végétation est tellement abondante, qu’il suffit de se baisser pour se nourrir. Les ressources en protéines des Chambulis proviennent de la pèche mais aussi d’achats de viande de sagou aux tribus voisines. Les Chambulis sont aussi de fervents adeptes de la chasse aux têtes. La coutume veut que les criminels soient égorgés par la main droite d’un enfant. Une autre coutume estime qu’il est nécessaire pour un jeune garçon de savoir tuer. Alors, on achetait des jeunes enfants, ou parfois même des bébés dans ce but. Une des manifestations d’art favorite des Chambulis est d’orner la case cérémonielle de massacres de têtes humaines, recouvertes d’argile peinte. Les Chambulis sont habiles de leurs mains. Ils ont un véritable don pour tresser des nattes anti-moustiques, pour creuser des pirogues, indispensables dans ces marécages. Chaque homme s’occupe à sculpter, tresser, décorer, ciseler, c’est une véritable passion. Cette société est organisée de façon patrilinéaire. L’ensemble des individus, de même sexe, portant le même nom, et qui ont en eux les mêmes origines, forment un clan. Les Chambuli sont polygames et achètent leurs femmes. Pourtant dans cette société, ce sont les femmes qui possèdent la vraie puissance sociale. Elles se consacrent à tout ce qui touche l’économie : Les échanges commerciaux, les achats et les ventes. La sexualité chez les Chambulis, se résume pour les hommes à obtenir les faveurs des femmes. On peut alors remarquer que chez les Chambuli, contrairement aux Arapesh et aux Mundugumor, la distinction entre les sexes a été faite. L’éducation sociale a donc été adaptée en fonction du sexe de l’enfant. Les rôles paraissent avoir été inversés : les hommes se consacrent à l’art et les femmes à la pêche et au troc. Conclusion Margaret Mead après l’étude de ces trois tribus en vient à la conclusion que malgré qu’ils aient totalement été abrités des civilisations occidentales, ces trois peuples ont édifié des civilisations complètes. Dans toute société, les individus attribuent à chaque sexe des caractères et des tempéraments qui leur sont spécifiques. Et Margaret Mead en vient à cette conclusion, que dans les sociétés où l’autorité féminine n’était pas reconnue, c’est toute la population qui en souffre. Si les individus quels qu’ils soient, pouvaient laisser libre court à leurs facultés, sans tenir compte des normes, s’ils pouvaient aussi sortir du moule auquel ils s’identifient depuis le début de leur vie, ou plutôt auquel leur société les oblige à ressembler, alors on pourrait accéder, tous, à une civilisation riche, variée, sans tenir compte de la conformité.

comme quoi la société dans laquelle nous vivons contribue largement à façonner les individus

comme quoi nos instances dirigeantes sont largement responsables du « tout est permis au niveau des institutions »

ce « tout est permis » qui permet les dérapages des esprits fragiles


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