Le natrionalisme laïc de Mustafa Kemal est l’héritier du nationalisme, en particulier français, du XIXème. Chaque état cultive ses mythes nationaux pour y puiser une légitimité « unifiante ».
Face à la montée de la crise de l’état-nation providentiel, nous sommes aujourd’hui nous-mêmes confrontés à des réactions nationalistes reposant sur le mythe de la république (ou empire) morale perdue apportant la civilisation au monde (prétendus aspects positifs du colonialisme) et la nostalgie de ses grands hommes, Napoléon et De Gaulle compris (or selon moi en accord avec Tocqueville la démocratie individualiste, lorsqu’elle est bien installée, renonce nécessairement à l’héroïsme politique et ce renoncement est la condition de sa robustesse ; cf la Suisse)
La Turquie ne fait pas exeption à le règle qui veut qu’une population ne peut se reconnaître un destin commun que si elle se sent valorisée à travers des héros plus ou moins mythiques qui incarnent sa supposée grandeur.
Cette tendance peut devenir extrèmement, dangereuse à l’intérieur (dictature) et à l’extérieur (impérialisme) surtout lorsqu’elle interdit toute évolution vers la démocratie pluraliste et libérale (ce qui va nécessairement ensemble), dans une situation de crise provoquée par l’ouverture des échanges, non seulement économiques, mais culturels.
Cependant il n’y a pas plus de raisons de supposer que cette tendance soit plus irresistible en Turquie que chez nous dès lors que l’on donne à ce pays l’espoir de faire partie danbs un futur négocié et négociable du concert des états de droit, à commencer par l’UE qui n"impose pas seulement des règles du marché mais aussi des règles de droit homogènes.
Ce qui est par contre favorable au développement de la tendance nationale antidémocratique en Turquie c’est de lui fermer a priori la porte de l’Europe alors même qu’elle y est déjà intégrée économiquement (et même militairement).
Cela veut dire ceci : la question n’est pas de savoir si la Turquie est mûre pour faire partie de l’Europe, mais si l’on peut faire et quoi pour qu’elle mûrisse dès lors qu’elle souhaite y adhérer à nos conditions. Si non c’est son problème mais aussi le nôtre car cela voudrait dire qu’elle mûrit dans un sens dangereux pour notre sécurité
Dire non à la Turquie c’est nous trahir