Forest Ent a écrit :
« cet ouvrage, « Effondrement », que j’ai lu avec grande attention, ne m’a semblé ni fumeux ni extrèmiste. »
Peut être n’ai-je pas été assez clair mais il n’était pas dans mon propos de qualifier
le livre de Diamond de fumeux, juste sa thèse sur la disparition des Pasquans.
« Il dit une chose simple : les ressources naturelles sont limitées, et pas toutes renouvelables. Certaines forêts naturelles ont été détruites et ne se sont jamais régénérées suite à érosion des sols. Savoir qui les a détruites devient en quelque sorte secondaire, la question est de ne pas recommencer. »
Les deux premières propositions sont plutôt banales aujourd’hui, ne trouvez-vous pas ? En tout cas, c’est quelque chose que j’ai lu sous la plume de Jean Dorst dans les années soixante-dix (dans
Avant que nature meure, initialement paru en... 1964 !)
La dernière quant à elle me paraît difficile à justifier : n’est-ce pas en cherchant à savoir de façon précise comment elles ont été détruites que cela permet éventuellement d’éviter la répétition des mêmes erreurs (si elles sont évitables) ? Et comment dans une telle recherche des causes faire la part de ce qui revient aux huamains sans se pencher sur les indidvidus, groupes, sociétés ou civilisations possiblement impliqués, en un mot sur le qui ?
« Par ailleurs, je ne pense pas que la déforestation actuelle ait surtout pour but de nourrir les populations. J’en prends à témoin le cas de l’Argentine, sur laquelle il y a eu plusieurs articles intéressants dans « Libération », et pour laquelle une simple recherche sur un moteur avec « +argentine +soja +ogm » suffit à retourner l’estomac. L’Argentine déforeste actuellement à tour de bras pour faire pousser du soja qui sera exporté comme alimentation pour le bétail européen. »
L’intéressant est que l’exemple que vous prenez illustre - pas parfaitement j’en conviens mais illustre quand même - mon propos : le bétail sert essentiellement à l’alimentation humaine, non ? Il s’agit donc bien de déforester pour en fin de compte nourrir des humains.
En ce qui concerne les forêts tropicales, qui sont celles où la déforestation est potentiellement la plus inquiétante, bien que des différences régionales sont observées entre Amérique latine, Asie et Afrique quant aux principaux agents de la déforestation, dans l’ensemble ce sont des agriculteurs et éleveurs qui en sont les premiers responsables (voir par exemple Regional differences in tropical deforestation, un article de Eric Lambin et Helmut Geist paru en 2003 dans la revue Environment). Que les produits de cette agriculture (élevage inclus) finissent directement ou indirectement (alimentation pour animaux d’élevage) dans l’estomac de surnourris du Premier Monde ou de sous-alimentés du Tiers Monde, dans tous les cas de figure il s’agit bien de « nourrir des populations ».