Voici le texte complet du communiqué de la CGT du 15 juin 2005, juste après le rejet du Traité Constitutionnel Européen. C’est curieux que par la suite il n’y ait pas eu d’autres communiqués de la CGT sur Eurotunnel.
CGT
Déclaration du 15 Juin 2005
Eurotunnel : ce qui doit primer, c’est l’intérêt des usagers et des salariés
La Cgt demande une intervention des pouvoirs publics pour que le pillage organisé autour de ce grand équipement public cesse. Si l’on n’arrête pas cette curée financière, ce sont plusieurs milliers d’emplois qui sont menacés.
Créanciers et actionnaires s’affairent à la veille de l’Assemblée générale de la société Eurotunnel. Ce sont les salariés et les usagers qui risquent de faire les frais de cet affrontement. La Cgt demande une intervention des pouvoirs publics pour que le pillage organisé autour de ce grand équipement public cesse.
Tout pour les financiers
Il y a sans doute des comptes à demander aux directions successives de la société. Mais l’essentiel du scandale est ailleurs. Les frais financiers inhérents au montage du chantier ont dépassé le coût total de la construction du tunnel, soit plus de 9 milliards d’euros. C’est l’argent des actionnaires initiaux mais aussi le produit du travail des salariés d’Eurotunnel qui ont été détournés.
Le scandale continue. Les ressources dégagées de l’activité Eurotunnel servent avant tout à rembourser les intérêts de la dette. Ce qui interdit tout développement de la société et maintient la charge de la dette à un niveau insupportable. Cette situation peut conduire à la faillite de l’entreprise dans un horizon proche.
Mais, quel que soit le cas de figure, les créanciers détenteurs de la dette principale ont garanti leurs intérêts. Grâce à une disposition juridique, les fonds spéculatifs américains et les réassureurs qui détiennent désormais la dette peuvent exercer un « droit de substitution ». Cela consiste à s’attribuer la totalité des flux de trésorerie de l’entreprise jusqu’à complet remboursement de la dette. Eurotunnel et ses recettes futures sont dans la main des créanciers.
Une menace pour l’emploi
Si l’on n’arrête pas cette curée financière, ce sont plusieurs milliers d’emplois qui sont menacés. Plusieurs centaines directement à Eurotunnel ; plus de 2 500 si l’on ajoute les dégâts en cascade dans les entreprises sous-traitantes ou prestataires. La Cgt s’oppose fermement à ces coupes sombres dans les effectifs.
Pour la Cgt, il est inacceptable que les salariés fassent les frais d’appétits financiers. Il faut donc mettre un terme à cette situation. D’autres perspectives afin de développer autrement Eurotunnel, l’emploi dans une région très durement touchée par le chômage, peuvent être avancées.
En effet, les perspectives d’évolution des trafics passagers et marchandises sur la façade maritime du Nord-Pas-de-Calais, sont en hausse constante. Pour peu qu’on ne réduise pas ses capacités, le tunnel peut tirer son épingle du jeu, en complémentarité avec les autres modes de transport.
Pour une intervention des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics ne peuvent rester passifs face à la situation d’Eurotunnel. Laisser faire, c’est se montrer complices de l’une des plus grosses anarques du siècle. Le tunnel sous la Manche est un équipement qui exerce dans les faits une mission de service public. Cela regarde donc les pouvoirs publics français et britanniques.
Il ne s’agit pas d’apporter de l’argent public pour continuer à rémunérer des créanciers insatiables. Mais, au contraire, de peser pour un effacement significatif de la dette, une relance de l’activité et un développement de l’emploi et des services.