Ce n’est pas que le nucléaire ne soit pas dangereux, mais le travail de désinformation mené par des groupuscules envers les médias et l’opinion depuis plus de 30 ans a complètement distordu la perception des risques.
J’ai chez moi de quoi envoyer ad patres des milliers de personnes. Dans la commune, il y a de quoi tuer la France entière, et dans le Midi toute la population de la Terre, et ce de façon parfaitement naturelle : 1 à 2 feuilles de laurier-rose par personne suffit.
On se demande comment la vie peut exister avec la surabondance de poisons végétaux et autres en quantités capables de zigouiller tout ce qui a vécu, vit et vivra !
La réponse est simple : entre la cible et le poison, il faut un vecteur, et c’est là que les choses se compliquent.
Comment faire prendre à chaque victime potentielle la bonne dose de déchets nucléaires (p. ex.) ?
Autre distorsion, la focalisation sur certains risques (nucléaire, OGM) en en oubliant de bien plus considérables : après avoir accusé les faibles radioactivités d’être à l’origine d’une augmentation générale des cancers, on commence à s’apercevoir du rôle de la palanquée de produits chimiques balancés un peu partout à tort et à travers.
Côté déchets, je veux bien qu’on s’inquiète des déchets nucléaires, à condition de donner la priorité aux déchets des énergies fossiles que sont les gaz à effet de serre, 10000 fois plus dangereux à terme. Les uns sont localisés, rassemblés, sous forme solide, de faible volume, archi-surveillés et conservés hors d’état de nuire. Les autres, balancés sans vergogne dans l’atmosphère par milliards de tonnes, ont déjà fait largement plus de victimes de Tchernobyl à coup de catastrophes climatiques, sans qu’on voie beaucoup de défilés anti-carbonocrates.
Risque éventuel local d’un côté, risque global certain de l’autre. Comme il est prouvé que l’électronucléaire réduit les émissions de CO2 des pays qui l’utilisent, mon choix est vite fait. L’UE veut 20 % d’électricité d’origine renouvelable en 2020 : très bien, mais avec quoi fait-on les 80 autres % ? Avec du charbon, comme le Danemark ?
Les réacteurs à fission ne constituent évidemment pas une solution durable, bien qu’il y ait bien assez d’uranium pour passer le 21ème siècle (les réserves montent avec les prix), mais c’est une solution-relais indispensable (combinée avec les économies d’énergie et ce qu’on pourra de renouvelables) pour, à la fois, limiter la catastrophe climatique en cours et éviter une crise économique à côté de laquelle celle de 1929 laisserait un souvenir paradisiaque.
Seules les énergies géothermique (issue de la radioactivité tellurique pour les 2/3) et solaire « fraîche » (pas fossile) sous toutes ses formes (solaire thermique, photovoltaïque, hydroélectricité, éolien, énergies marines, biomasse...) peuvent être qualifiées de durables. Sauf miracle technologique, elles ne pourront remplacer fossiles et nucléaire dans les décennies critiques qui viennent.
L’incendie est en cours : il faut faire la part du feu pour sauver l’essentiel de la maison. Il n’y a plus de solution parfaite, il est trop tard pour acheter un extincteur qui « respecte la couche d’ozone ».