Non, on ne peut pas à la fois arrêter très rapidement le nucléaire et ne pas se priver : il faudrait ajouter un gros paquet de centrales thermiques. Comme dit Jancovici, la calculette est le pire ennemi de l’utopie. Cf http://www.manicore.com/documentation/centrale_serre.html.
En fait, pour éviter de rôtir sur place ou d’émigrer très au Nord, il va falloir à la fois accroître le nucléaire ET se priver (avec l’aide d’une solide taxe sur les émissions de GES).
Sur le site www.sauvonsleclimat.org, à la rubrique « Documents SLC », thème « Consommation et économies d’énergies », lire le scénario « Négatep » proposé pour tenir l’objectif « facteur 4 » et la comparaison des scénarios Négatep et Négawatt (celui des antinucléaires). Bien sûr, il s’agit du cas français.
En résumé, les scénarios qui ne calculent qu’en kWh annuels sans s’occuper des pointes de demande et sans voir les usages de l’électricité qui vont exploser (climatisation, véhicules électriques, pompes à chaleur) sont parfaitement irréalistes dans l’état actuel des ressources renouvelables récupérables.
Pour être clair, je n’en ai rien à faire du nucléaire et tirerai volontiers un trait dessus dès qu’il y aura suffisamment de substituts qui, à la fois, préservent le climat et évitent une crise économique mondiale majeure.
Mais il n’y a pas assez d’argent pour, à la fois, isoler en 20 ans tout le bâti existant, sachant qu’une maison passive coûte le double du standard français actuel, mettre des millions d’éoliennes le long des côtes avec des STEP en pagaille pour passer les anticyclones, multiplier par 5 les km de voie ferrée pour mettre les camions sur des trains etc...
Ne négligez pas l’économie et l’organisation des périodes de transition ! Les politiques français n’ont pas la tache facile, le pays n’est jamais très loin d’une guerre civile, et les réactions psychologiques ont un effet amplificateur redoutable, qui explique probablement les réticences à annoncer clairement les adaptations que le changement climatique va imposer (p. ex. les prix du foncier et de l’immobilier le long de toutes les côtes basses vont s’effondrer au premier signe tangible d’envahissement par la mer, avec répercussions en cascade).