Le sujet est polémique, et les réactions aussi. La plus caricaturale est celle de Schroen. Violent, raciste, demandant à l’auteur (un Français, né à Charleville-Mézières) de ne pas se mêler des affaires de la France, il représente bien le courant de ceux qui pensent que l’Afrique s’autodétruirait sans l’Occident, qui ne « s’occupe » d’elle que par grandeur d’âme. Pauvre fille qu’on doit protéger d’elle-même, elle doit se taire et ne pas revendiquer la Vérité et la Réconciliation. Schroen est un partisan de la guerre civile en France, d’une guerre civile idéologique du moins. Combien sont-ils, à être pareils que lui ?
A Tristan Valmour. Il n’est pas question de stigmatiser la France. La Vérité que produira la Commission sera peut-être plus nuancée que les vérités que j’émets. Il est question d’ouvrir les archives, de regarder le passé, et d’ériger des tabous pour l’avenir. La démarche n’est pas agressive, même si nos coeurs sont pleins de ressentiment en raison de la néantisation dont les nôtres ont souffert.
Nous sommes dans l’édifice national. Au moment où le suffrage universel existait dans notre pays, et la liberté d’expression était acquise, mes parents étaient des sujets d’un Empire capable de pogroms, comme à Sétif. Reconnaître le passé n’enlève rien. C’est une marque de grandeur. Cette démarche dérange les néo suprémacistes Blancs qui veulent seulement apparaître comme des « sauveurs » quand ils sont en Afrique. C’est pour cela que tout le monde est « chaud » pour condamner le régime raciste soudanais avec
BHL et que personne ne veut parler du régime également raciste et criminel du Tchad, pour qui l’armée française fait directement la guerre.
Le devoir d’un citoyen français, c’est de demander à ses dirigeants de se conformer aux valeurs qu’ils professent ; et non de les excuser quand ils se comportent en barbares dans un pays où il se trouve que les dirigeants eux mêmes sont des barbares, imposés par l’Empire ou non...