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Commentaire de Laurent MINGUET

sur l'énergie verte, une chance


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Laurent MINGUET Laurent MINGUET 5 août 2006 19:06

Cher Axion,

Effectivement, cet article ne vise pas tant à bombarder le lecteur de chiffres qu’à lui apporter une vision plus positive des changements inéluctables d’un futur maintenant proche de nous.

Cela dit, je crois que le chiffre essentiel et pas toujours bien connu est que la planète reçoit, chaque année, sous forme de rayonnement solaire plus de 6.000 fois l’énergie que nous consommons. L’énergie éolienne en est dérivée comme la biomasse.

Il est évident que l’éolien seul n’est pas la panacée puisque l’offre qui dépend du vent ne satisfait pas, en général, la demande. Le stockage reste nécessaire. Il n’y a pas que les accumulateurs pour y pourvoir. En Belgique, nous utilisons depuis 30 ans, un barrage artificiel qui est rempli puis vidé pour stocker l’énergie d’une centrale nucléaire, la nuit quand elle est surabondante et la journée quand elle n’est pas suffisante. Rien n’empêcherait d’utiliser cette infrastructure pour l’éolien plutôt que le nucléaire...à part Suez.

Combien d’éoliennes pour fournir les besoins (électriques actuels) de la France de 482 TWh, je crois, en 2005 soit 482 millions de MWh ? En comptant qu’une éolienne de 2 MW fournit environ 5.000 MWh par an, 100.000 produiraient cette quantité. En les répartissant en ferme de 10 éoliennes, il faudrait 10.000 sites sur les 544.000 km2 du territoire soit un site pour 54 km2 ou un maillage de 7 km de côté environ. Rien de bien monstrueux mais cette solution est hypothétique. Je pense que l’électricité renouvelable sera constituée par un mix de solutions.

Le bilan énergétique des éoliennes est assurément positif comme celui des panneaux solaires photovoltaïques ou thermiques. Le retour sur investissement énergétique est compris entre 1 et 3 ans contre un fonctionnement de plus de 25 ans avec une maintenance appropriée. On confond souvent la longévité fonctionnelle et économique. Il est probable que dans dix ans, pas mal d’éoliennes soient remplacées par des modèles plus performants plutôt que de préempter l’espace d’un site de qualité et ce pour des raisons économiques et non fonctionnelles.

Quant au coût du démantèlement et de l’impact écologique, il me semble bien moindre que celui d’une centrale nucléaire, par exemple, dont je doute que le béton, les tuyaux et la cuve puissent être facilement recyclés contrairement à l’acier des éoliennes. Contrairement à la plupart des sites industriels, il n’est pas nécessaire de provisionner le démantèlement d’une éolienne car ce montant est très inférieur à la valeur que n’importe quel ferrailleur propose.

Quant aux problèmes des transports, supposons que la filière la plus intéressante soit de fabriquer du méthanol de synthèse à partir d’électricité renouvelable avec un rendement de 33%. Il faudrait donc 3 MWh électrique pour fabriquer 1 MWh chimique sous cette forme soit 217 l de méthanol environ (si mes calculs sont exacts). En supposant le prix des autres intrants négligeables (eau, biomasse, CO2...), le prix de revient serait 3 fois supérieur à celui de l’électricité soit 200 € par MWh ou bien encore environ 1 € par litre soit 2 € par litre équivalent pétrole. C’est évidemment nettement plus cher que le prix actuel de l’essence, 0,5 € hors taxe, mais cela ne ferait « que » doubler le prix à la pompe à taxe inchangée. Probablement fâcheux pour les transporteurs routiers mais le surcout pour un véhicule sobre (6l/100km) ne serait « que » de 0,09 € par km par rapport à un prix total actuel de 0,30 € par km. 30% d’augmentation (maximale) du prix du carburant à politique fiscale inchangée, c’est beaucoup mais pas suffisant pour condamner la voiture individuelle.

Effectivement, la vérité est dans le chiffre.


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