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Commentaire de Y. DESGREES

sur De Bayrou à Sarkozy ou le choix de la raison


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Y. DESGREES 28 avril 2007 14:22

Lorsque l‘on est battu par près de 82 °/° des électeurs au premier tour d’une élection présidentielle qui a obtenu un nombre record de votants, qu’on ne puisse prétendre à la confrontation légitime du second tour constitutionnellement réservée aux deux premiers dont il n’est pas, il semblerait logique que François Bayrou prenne le soin d’éviter des comportements aussi surprenants, avec plus de modestie surtout après avoir crié sur les toits avant le 1er tour son refus de tractations et magouilles politiciennes.

Il se trouve que François Bayrou a choisi une autre stratégie, pleine d’embûches : pour être malgré le choix des électeurs présent au 2e tour, il s’est lancé mercredi dans une déclaration caricaturale dont le but était simplement de ne pas quitter la scène politique, malgré son échec personnel. Les mots étaient soigneusement préparés, les allusions se voulaient assassines, mais les électeurs en ont tellement entendu depuis quelques mois qu’ils se laissent moins prendre à ces petits jeux de basse politique, alors qu’il est bien placé pour connaître la plupart des points de convergence entre ce que préconise Nicolas Sarkozy et son propre programme. Pour F. Bayrou, le but à atteindre, ce n’est pas le second tour pour lequel il ne peut plus se faire d’illusions, mais un maximum de publicité pour le lancement d’un nouveau parti en vue des élections législatives de juin prochain. C’est la seule raison pour laquelle il fait du forcing pour imposer sa présence entre les deux tours, cela malgré le jeu des traditions électorales. Avec de telles méthodes, un tel respect de l’électorat en général et du sien en particulier, on peut se poser des questions sur la legétimité d’appellation de ce futur « parti démocrate » dont il prédit le lancement.

Après avoir tenté d’attirer l’attention des journalistes sur de prétendues propositions de Nicolas Sarkozy lors d’une conversation chez un des leurs il y a deux ans, il en a oublié les qualificatifs dont il traitait Jacques Chirac en 1995, et acculé à la stratégie du mauvais perdant, tente maintenant de faire courir de nouvelles rumeurs, comme ces prétendants prêts à tous les coups pour pallier leur absence d’idées nouvelles. Au lieu d’accepter démocratiquement son échec, il aura tout fait pour rester un « deuxième bis », ce qui semble contraire aux règles démocratiques les plus élémentaires, s’appropriant auprès des médias des droits qui lui ont été refusés par plus des quatre cinquièmes des électeurs dès le premier tour... Ces curieuses méthodes n’ayant que peu de suite comparé à ses espérances, il proteste alors contre des supposées intervention de Nicolas Sarkozy, d’ailleurs rapidement démenties par les responsables des chaines de radio et télévision, ainsi que la presse quotidienne régionale, supposant alors publiquement les journalistes concernés « aux ordres » d’un pouvoir encore en place. F. Bayrou aura ainsi réussi, par une ambition personnelle démesurée, à enterrer momentanément le vieux parti de la démocratie chrétienne, pourtant nécessaire à l’équilibre politique de la Nation. A ce sujet, n’est-il pas paradoxal tout de même de constater simultanément l’attachement de Nicolas Sarkozy aux valeurs judéo-chrétiennes de notre pays, pendant que F. Bayrou, trahissant les valeurs de son électorat pour en augmenter son potentiel, parlait plus volontiers de « pluralisme » où « d’élargissement vers la gauche » ? Il semble avoir oublié ses électeurs d’origine, dont on sait qu’ils sont pourtant particulièrement fidèles à certains principes. François Bayrou aura fait un pari politicien risqué, celui peut-être de perdre une partie de son electorat habituel, et d’enterrer avant sa naissance le contre-pouvoir qu’il souhaitait mettre en place... peut-être en vue de 2012.

Heureusement, l’ère nouvelle qui va être entamée permettra à une UDF fidèle de renaître dans la majorité présidentielle. Sans François Bayrou...

Yves Desgrées du Loû


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