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Commentaire de Martin sur AgoraVox

sur Pertinence de l'argument de géographie physique sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne


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Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 28 avril 2007 21:13

Remarque suite au commentaire « par frédéric lyon (IP:xxx.x60.232.32) le 28 avril 2007 à 17H20 » :

« Je ne nie pas l’existence de la chaine ouralienne ! Je nie qu’on puisse la considérer comme une frontière naturelle entre l’Europe et l’Asie. Dans ce cas les russes de Vladivostok ne serait plus en Russie ! Les peuples n’ont jamais considéré l’Oural comme une frontière depuis l’antiquité, et il existait un peuple de race « européenne » et de langue indo-européenne (les Tokhariens) à proximité des chinois, dans le bassin du Tarim (actuelle province chinoise du Xinjiang) au début de l’ère chrétienne. L’océan pacifique est donc bien la frontière ultime de l’Europe politique. De même le Caucase na jamais été une frontière naturelle et les Géorgiens ...... »

Ma remarque :

Je rappelle d’abord que peu importent les théories, les observations pragmatiques et les discussions ici ou ailleurs. Chaque citoyen a son opinion. En démocratie ce n’est pas mon opinion qui décide, ni votre opinion qui décide, ce qui décide en démocratie c’est l’opinion majoritaire des citoyens.

Ce principe de démocratie est beaucoup trop étouffé.

Maintenant, dans le but éviter les confusions dans les questions sur l’Union européenne et sur l’expansion de l’Union européenne, je donne ci-dessous mon opinion. Mais je répète que les opinions contraires sont tout à fait admises : chaque citoyen est libre d’avoir des opinions quelles qu’elles soient.

Concernant les limites de l’Union européenne, il n’est pas question de « frontières naturelles ». Dans le commentaire précédent j’ai déjà donné ce qui selon moi devrait être la limite de l’expansion de l’Union européenne, et cette limite va au-delà du continent européen. Il s’agit simplement d’une part de la définition géographique du territoire auquel les géographes on donné le nom d’Europe et d’autre par de la détermination des zones géographiques sur lesquelles depuis les temps anciens habitent des populations des Européens d’origine ou qui sont historiquement d’ascendance ou de culture européenne.

La première question est de savoir que signifie « européenne » dans la dénomination « Union européenne ». J’y reviendrait plus loin, avec la question d’habitat historique, ou naturel, ou d’origine, des Européens d’origine. Mais d’abord considérons l’aspect géographique limité au continent européen.

Comme je l’ai déjà écrit dans un commentaire précédent, d’après les règlements actuels de l’Union européenne, l’une des conditions d’accessions à l’Union européenne, est que l’État candidat soit un État européen. La définition de ce que signifie « européen » n’est pas donnée dans les textes. C’est souvent le cas des textes législatifs : ils ont volontairement une part d’imprécisions afin que l’application puisse être modulée selon les forces socio-politiquent qui prévalent à un moment donné, en somme selon les lobbies qui influencent les cercles du pouvoir au mépris de la démocratie et de l’impartialité des lois.

La souveraineté d’un État s’étend sur les terres émergées et sur des terres immergées. En tenant compte des deux, la superficie sous la souveraineté de la France est plus faible en Europe - France métropolitaine - que hors d’Europe. La France couvre en Europe, sur terre et sur mer, environ 800 000 km2, alors qu’en Polynésie française, la superficie sous souveraineté française dépasse 5 000 000 km2. Pour comparaison : la superficie de l’Union européenne des 27, sur terre et sur mer, est d’environ 5 000 000 km2.

La France, la Grande Bretagne, l’Espagne et la Hollande ont une part de leur territoire sur d’autres continents. La France est-elle pour autant un État américain ou africain ou du Pacifique ? En vue de l’adhésion à l’Union européenne, la condition qui décide si un État est un État européen, serait donc que la capitale et la majorité de la population au moment de l’adhésion, soient sur le continent européen.

La Fédération de Russie, dont la capitale ainsi que la grande majorité de la population sont sur le continent européen (à l’ouest de l’Oural), est donc selon ces critères un État européen et pourrait donc rejoindre l’UE.

Par contre on pourrait aisément argumenter que la Turquie, selon les critères « capitale, majeure part de la population », n’est pas un État européen.

Ceci-dit « un État européen » pourrait aussi être entendu dans le sens historique, culturel, racial. Ces critères non-géographiques pourraient donner alors aux dirigeants de l’UE la justification à l’adhésion du Chypre.

Maintenant je reviens sur la questions « quelles sont les bornes de ce que qu’au maximum peut englober l’Union européenne » et c’est pour affirmer que les bornes sont au-delà du territoire auquel les géographes on donné le nom d’Europe.

Selon les époques et les endroits, les peuples n’ont pas considéré ni les montagnes, ni les fleuves, ni les mers comme des frontières. Ni l’Oural, ni le Caucase, ni les Alpes, ni le Rhin, ni La Manche, ni la Méditerranée ne sont des frontières « naturelles selon les époques et les organisations politiques en présence. Par exemple l’Empire romain n’a pas considéré la Méditerranée comme une frontière naturelle : il s’étendait sur l’ensemble du bassin méditerranéen et à une certaine époque il englobait une grande partie des îles britanniques, malgré la « frontière naturelle » que constitue La Manche. De même, l’Empire Russe ne considérait pas que le Détroit de Béring est un obstacle, une « frontière naturelle », et l’Empire Russe englobait l’Alaska jusqu’en 1867.

Je répète encore une fois que les Européens d’origine appartiennent à une branche de l’humanité qui s’est donc développée sur l’aire géographique qui va de Lisbonne, sur les bords de l’Océan Atlantique, à travers l’ensemble du continent européen, et qui en passant au nord de la Mer noire et de la Mer Caspienne, s’étend jusqu’à Vladivostok, sur les bords de l’océan Pacifique. Vous constatez que ce territoire n’est pas limité au continent européen.

Le territoire qui constitue l’habitat naturel (l’habitat historique) des Européens d’origine était encore plus étendu.

Il n’est pas surprenant que les Géorgiens ou les Arméniens, et d’autres, soient des peuples d’origine européenne mais situés en Asie. De nombreuses régions d’Asie étaient d’origine peuplés d’ethnies appartenant au groupe racial européen. C’était notamment le cas en Asie mineure avant l’arrivé des Turcs.

La poussée migratoire des autres branches de l’humanité a réduit l’habitat naturel des Européens d’origine, de sorte que le territoire actuellement sauvegardé inclut l’Europe plus la Sibérie, plus l’extrême orient russe, plus quelques territoires adjacents. Par exemple le Chypre et le Caucase, y compris dans sa partie asiatique, appartiennent à cet ensemble où vivent actuellement sur leur territoires historiques, des populations d’origine européenne.

Notons que cette aire géographique devrait être la possible limite finale de l’expansion de l’Union européenne. Aller au delà, ce serait ne pas tenir compte du caractère « européen » de l’Union européenne.

Car l’adhésion du Chypre a montré que la condition d’accessions à l’Union européenne, qui dans les règlements actuels de l’Union européenne précise que l’État candidat doit être un État européen , signifie que « un État européen » peut aussi être entendu dans le sens historique, culturel, racial.

Cependant constatons que même si le critère n’est pas purement géographique, mais s’il est historique ou culturel ou racial, dans tous les cas la Turque n’entre pas dans ces critères qui pourraient définir « un État européen ».

Peut-on alors envisager l’élargissement de l’Europe au Canada, à la Nouvelle-Zélande ou à l’Australie ? Ce ne sont pas d’anciennes terres européennes, c’est-à-dire elles ne constituent pas l’habitat ancestral des Européens. Mais encore une fois : toutes les opinions sont possibles.

Enfin, et c’est le plus important :

Chacun est libre de voir le monde comme il lui convient.

L’important c’est qu’en démocratie, toutes les décisions qui concernent la société soient prises en conformité avec ce que veut la majorité des citoyens qui souhaitent exprimer leur volonté.

En démocratie véritable le peuple est souverain, il choisit les critères de décision puis il décide selon le principe de la majorité des voix des citoyens qui souhaitent s’exprimer. En démocratie, concernant l’adhésion des États à l’UE, chaque citoyen doit être libre de décider selon ce qui lui semple important - les critères de décision peuvent être la religion, l’ethnie, la culture, la géographie etc.

Je répète : si jusqu’à présent les politiques se sont permis d’agir de façon antidémocratique, cela ne signifie pas que ce déni de démocratie doit perdurer pour toujours. Il faut généraliser les référendums sur le modèle du système politique mis en place en Suisse.

Il est temps de changer les procédures antidémocratiques, pas uniquement concernant l’adhésion des États ou la Constitution européenne, mais en général : il faut introduire la démocratie véritable dans toutes les procédures politiques.

Je l’ai déjà écrit dans un commentaire précédent : quel que soit l’État dont on envisagerait l’entrée dans l’Union européenne, il faudrait AVANT de commencer la procédure d’adhésion (et pas seulement à la fin de la procédure !) demander à l’ensemble des Européens, d’exprimer leur accord ou désaccord.

La procédure d’adhésion dure des années et coûte de l’argent aux contribuables européens, par conséquent il ne faut démarrer la procédure d’adhésion que si les Européens ont démocratiquement exprimé leur accord. Lorsque à la fin de la procédure, qui peut durer des années, le pays candidat semble avoir rempli les conditions économiques et législatives (c’est l’objectif de la procédure d’adhésion) il faut un deuxième référendum pour confirmer que les Européens n’ont pas changé d’avis et qu’ils sont d’accord avec les politiques qui prétendent que le pays candidat a rempli les conditions.

Tant que le système anti-démocratique actuel n’est pas changé, discuter sur cette question d’adhésion des États à l’UE est en fait une perte de temps, parce que les citoyens européens n’ont pas le droit de décider quels pays pourraient être invités à rejoindre l’UE.

Sur le thème de l’adhésion des États à l’UE, vous pouvez lire les articles, dont j’ai repris ci-dessus la plupart de mes arguments :

« Turquie et 20 questions sur l’élargissement », lien :

http://blog.france2.fr/democratie-et-europe/index.php/2007/03/06/48557-turquie-et-20-questions-sur-lelargissement

« Critères d’élargissement de l’Union européenne et qui doit décider », lien :

http://blog.france2.fr/democratie-et-europe/index.php/2007/04/15/51026-criteres-delargissement-de-lunion-europeenne-et-qui-doit-decider


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