Le Liban me laisse une impression bizarre.
Le Liban, j’y suis allé, en tant que militaire.
En 1982, le pays est à feu et à sang. Nous devons aller récupérer des ressortissants français sur une plage, à Jounié.
Nous arrivons dans nos embarcations, armés et nerveux, nous nous attendons à trouver des gens désespérés, qui nous attendent impatiemment à côté de leurs valises.
Nous apercevons des hôtels de luxe, des planches à voile, et des français bronzés, et optimistes, sur leurs serviettes de plage.
« Nous sommes à l’hôtel, tout va bien, mais si nous avons besoin de vous, nous vous appellerons. »
Nous retournons à notre bateau.
Plus tard, en mission à Beyrouth, j’interroge un de mes accompagnateurs : « pourquoi certains immeubles sont-ils intacts alors que d’autres à proximité sont criblés d’impacts ou détruits ? »
Un sourire gêné et il me répond : "l’immeuble intact que vous voyez là appartient à une banque, qui donne des bakchichs aux combattants des deux bords, et comme çà, pas de dégâts.
Il y a quelques semaines, un français expatrié au Liban, qui est le frère d’un de mes voisins, arrive en France avec sa femme et ses 3 enfants. Quand je lui demande comment il a pu s’enfuir et prendre l’avion, il me répond : « pas de problème, 1000 dollars à un taxi, et nous sommes allés prendre l’avion à Damas ».
Le soir même, il y a un reportage au journal télévisé : des ressortissantes des Philippines se sont réfugiées à leur ambassade à Beyrouth. Elles ont profité du désordre ambiant pour échapper à leur patronne. Privées de leur passeport qui leur a été confisqué à leur arrivée, elles souhaitent leur rapatriement. Aux grilles de l’ambassade, une libanaise hurle : « je l’ai achetée, je veux la récupérer !! ».
Je vous laisse tirer la conclusion de tout celà. Je n’ai aucun argument, je ne relate que des faits.