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Commentaire de

sur Derrière les apparences : motivations réelles du conflit libanais


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(---.---.166.28) 15 août 2006 11:43

Après sa résistance à l’armée israélienne Le Hezbollah peut-il inspirer des groupes islamistes ?

Par : Hafida Ameyar

L’agression israélienne au Liban a de nouveau mis le Hezbollah au premier plan, devenant par la force des choses l’un des mouvements de résistance les plus forts dans le pays du Cèdre. Le Hezbollah, littéralement “parti de Dieu”, créé au Liban en 1982 en pleine guerre civile, et son secrétaire général, Hassan Nasrallah, sont au centre de tous les commentaires, depuis plus d’un mois. Dans cette énième guerre israélo-libanaise, le chef du parti chiite apparaît nettement sous les traits d’un nationaliste, appelant à l’union des rangs des Libanais et à la libération de la patrie, croyant dur comme fer que “le Liban a besoin aujourd’hui d’une volonté nationale qui rassemble”. Des analystes estiment que la force du Hezbollah réside dans “l’opacité” qui structure ce parti politique, rappelant que ni les effectifs de sa branche militaire, ni son budget et encore moins le type d’armes dont il dispose ne sont vraiment connus. D’autres, en revanche, pensent que c’est au niveau militaire que Hassan Nasrallah a fait du Hezbollah ce qu’il est devenu aujourd’hui. Sous son impulsion, la stratégie militaire de “la guérilla” du Hezbollah est devenue plus efficace et mieux ciblée, enregistrant des “résultats spectaculaires”. Parmi ces résultats, figure le retrait en 2000 de l’armée israélienne du sud du Liban, sans accord préalable politique : cette victoire va consacrer Nasrallah héros national. Pour Georges Corm, ex-ministre libanais, le Hezbollah était au départ un mouvement sous influence iranienne, mais il a évolué, traversant ainsi “une mutation tout à fait positive” dans les années 90. Il estime que la tendance “libaniste” a fini par prendre le dessus sur la tendance pro-iranienne. Mais, ce que ne dit pas Georges Corm, c’est que le Hezbollah, intégré dans le système politique libanais, s’est aussi imposé dans le domaine social : plusieurs projets ont été développés par “le parti de Dieu”, grâce à des dons extérieurs, dont l’aide officielle de l’Iran, tant en matière de santé, d’éducation, d’action sociale et d’information (à travers sa chaîne satellitaire Al-Manar). Avec cette nouvelle guerre, le Hezbollah est devenu “un symbole de la résistance”. La démarche israélienne, qui avait durement frappé, lors des invasions précédentes, la résistance des partis laïques et de la gauche libanaise (emprisonnement des résistants libanais et déportation de plus d’un millier et demi d’entre eux vers Israël) est à présent payante. En plus clair, la politique belliciste et intransigeante d’Israël, associée à l’anti-américanisme, à l’absence de perspectives du mouvement nationaliste “classique” et au recul de la gauche, a engendré des mouvements islamistes au Liban et en Palestine, pressés de lui tenir tête, surtout de déchirer le voile de l’impuissance. Faut-il croire alors à l’extinction de l’islamisme ou bien au contraire à son expansion ? Des voix se demandent si la résistance portée par le parti chiite contre Israël ne va pas inspirer d’autres groupes islamistes dans le monde arabo-musulman. La question mérite d’être posée à l’ère de la géopolitique et du monopole des pôles énergétiques par les USA. La transformation du parti Hezbollah, auteur de prises d’otages et d’attentats-suicides, en mouvement islamo-nationaliste ne signifie pas pour autant que d’autres mouvements du genre puissent franchir les mêmes étapes et connaître une pareille mue. Hassan Nasrallah, cet homme de 46 ans, représente aujourd’hui le héros pour des millions d’Arabes et de musulmans, sunnites et chiites. Il incarne aussi “le contraire des rois et des chefs d’État qui ont baissé les bras devant Israël, sans avoir obtenu aucun de leurs droits”, comme l’explique le sociologue Eliane Nahas. Selon lui, les populations lésées et blessées “voient en lui le leader déterminé et crédible qu’elles auraient souhaité avoir”. C’est là une raison suffisante pour craindre un retour de radicalisation des groupes islamistes, frustrés par les politiques internes et les nouvelles invasions américano-israéliennes, sous le prétexte de la démocratie et les droits de l’Homme. Le débat est ouvert... H. A.


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