Bonjour,
Vous dites : « Nous faisons tous ici un debriefing à chaud et il nous manque le recul pour discerner les vraies qualités des protagonistes. Quand vous repasserez le fil des évènements, votre sentiment initial changera sans doute un peu, nourri des conclusions définitives de cette campagne présidentielle. »
J’en suis tout à fait d’accord. Je n’ai livré qu’un sentiment à chaud, à la suite immédiate du débat. Un sentiment apparemment pas très partagé, la plupart des intervenants ici ayant été davantage conquis par Sarkozy. Comme une immense majorité de gens, je m’attendais à une grosse domination de Sarko dans le débat. Le tout début du débat m’a paru de très mauvaise augure pour Royal, et puis mon sentiment a changé au fur et à mesure que les minutes passaient : je trouvais Royal de plus en plus dominatrice. Comme je l’ai dit, je ne juge pas précisément le fond, et je n’exclus pas que Royal ait « bluffé » sur des sujets qu’elle ne maîtrisait peut-être pas bien. Mon impression se base donc plus sur la forme du débat que sur son fond (dont je ne maîtrisais pas moi-même tous les aspects, loin de là). Et il est clair que c’est le fond qui compte, et qu’une analyse à froid est nécessaire pour mieux l’appréhender. Bref, je ne vous ai livré que mon humble impression, absolument subjective (et qui ne remplace pas une plus sérieuse analyse).
Je n’ai pas trouvé Royal nerveuse, je trouve qu’on se focalise beaucoup sur sa « colère » et qu’on l’exagère, comme si elle avait pété les plombs... alors qu’il me semble que son emportement est resté assez maîtrisé. Je ne l’ai pas sentie prête à perdre son sang-froid ; mais Sarko a bien su exploiter cet incident en renversant complètement les rôles, en se faisant passer pour le calme (alors que ces derniers temps se sont accumulés les témoignages rapportant son agressivité). Comme on ne retient que peu de choses d’un débat de 2h40, c’est cet incident qui va sans doute rester et marquer les esprits (à l’avantage de la « victime » Sarkozy ou de la « révoltée » Royal ?).
Avec quelques heures de recul, je peux reconnaître que mon expression de victoire « par KO » est exagérée. Mais dans le coeur du débat, ce fut mon ressenti. J’ai senti à certains moments Sarkozy sonné, dans les cordes (comme un boxeur), nerveux et inquiet (malgré son calme de façade), allant chercher un appui chez PPDA, ne sachant pas comment résister aux attaques de son adversaire, qui montrait une audace incroyable (quitte, parfois, à asséner des erreurs avec la plus grande assurance, comme sur le nucléaire).
Enfin, Ségolène Royal n’est pas « ma candidate ». J’ai dit dans l’article à quel point j’avais eu du mal à m’intéresser à elle jusqu’à très récemment. J’ai seulement noté qu’elle a pris dans la toute dernière ligne droite une stature supérieure. Malgré cela, je crois qu’elle perdra dimanche.