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Commentaire de Voltaire

sur Bayrou bientôt dans l'opposition ?


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Voltaire Voltaire 4 mai 2007 11:06

Quelque soit le vainqueur de dimanche (et tout indique que ce sera Nicolas Sarkozy), ce débat de mercredi a mis en lumière les sévères insuffisances et limites des deux candidats. C’est dans ce cadre que les futurs députés démocrates auront un rôle essentiel : garantir que le futur gouvernement oeuvre pour l’intérêt général, et non pour un clan, ou une partie de la population.

C’est un rôle ingrat, car il ne va pas dans le sens du prince, ni dans l’opposition systématique, tellement plus aisée, mais c’est une noble mission. Sans doute, en l’échange de garanties sur ces valeurs essentielles, le futur parti démocrate pourra t-il passer un accord de gouvernement avec l’un ou l’autre camp, de façon à aller de l’avant et à reconstruire ce pays blessé. Mais sur ces valeurs, il ne doit pas transiger.

Dans ce cadre, comment analyser la position de François Bayrou et des députés UDF ?

François Bayrou a besoin de députés pour donner une colonne vertébrale à son nouveau parti. Or, dans la plupart des circonscriptions de ses députés, Nicolas Sarkozy est arrivé très largement en tête. Si l’on ajoute à cela la prestation médiocre de Mme Royal sur le fond de son projet mercredi (je ne parle pas de la forme ici), et l’absence de remise en question de sa doctrine sur le rôle de l’Etat, leur prise de position en faveur de Mr Sarkozy n’est pas indéfendable.

Ce choix, François Bayrou ne pouvait l’effectuer. En tant que porte-drapeau d’une nouvelle politique, qui a réuni tant d’électeurs sur son projet, il se devait de demeurer en retrait. Sans doute les pressions actives de Nicolas Sarkozy et de l’UMP ont-elles été l’origine d’un mouvement d’humeur compréhensible, et de propos dûrs et sans doute justifiés. Et il faut reconnaitre le courage des élus UDF, comme Anne-Marie Comparini à Lyon, qui ont su résister à ces pressions et confirmer leur vote blanc.

Mais surtout, François Bayrou doit se porter vers l’avenir. Non pas son avenir, mais celui de la France et des français. Car s’il est persuadé de la justesse de son analyse, qui en a convaincu plus d’un, alors en toute logique se doit-il de poursuivre un combat constructif en faveur d’une société plus juste et plus efficace.

La recomposition du PS n’est pas pour tout de suite, elle se fera après les élections législatives, et en fonction de son score à ces élections. En ce sens, je partage largement votre analyse. Le premier et principal obstacle pour François Bayrou est cette élection législative. Faute d’élus, il sera bien en peine de poursuivre son combat. Et ce combat, selon toutes probabilités, il devra le mener seul.

Là où je diverge, c’est sur l’opportunité d’une alliance avec le PS, à l’heure actuelle. Faute de recomposition rapide de celui-ci, et en raison des menances d’un UMP surpuissant et des UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, sa meilleure option est sans doute un accord avec l’UMP entre les deux tours de ces législatives. En l’échange de garanties sur l’impartialité de l’Etat, sur l’absence de politiques ultra-libérales, il pourrait ainsi faire taire ses détracteurs internes, consolider son nouveau parti, et préparer avec sérénité les élections municipales. Car pour exister, un parti a aussi et surtout besoins d’un réseau d’élus locaux.

Plus tard, une fois la recomposition du PS terminée, et en fonction de la tenue des promesses de l’UMP, un renversement d’alliances pourra s’effectuer. Car même si garanties il y a, j’ai des doutes sur la tenues des promesses d’un gouvernement Sarkozy tout puissant, qui désirera assoir son pouvoir et imposer son idée de société à l’anglo-saxone.

Alors, François Bayrou pourra légitimement se retourner vers les électeurs et leur dire « J’ai essayé, j’ai été constructif, pour l’intérêt général, mais il est des choses innacceptables, une ligne jaune a été franchie ».

Et là, en effet, François Bayrou deviendra le recours légitime de l’opposition.


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